1Le nombre des citoyens français officiellement recensés comme résidents permanents à l’étranger s’élevait, en 2015, à environ 1,7 million, en progression par rapport à l’année précédente de 2 %, soit environ 80 000 personnes. Mais l’immatriculation sur les listes consulaires n’étant pas obligatoire, on peut sans doute estimer avec la rédaction du « Petit Journal », le quotidien de référence des Français de l’étranger, leur effectif réel à près de 2,5 millions. Selon la Maison des Français à l’étranger [1], cette communauté connaît une augmentation très importante depuis une vingtaine d’années, période au cours de laquelle elle a doublé.
2Le phénomène est assez récent. Si les Français ont de longue date pratiqué le tourisme à l’occasion de vacances ou pour des périodes de vagabondage le plus souvent culturel, le retour vers la mère patrie chanté par du Bellay scellait plus ou moins rapidement la fin du voyage. Dans les représentations collectives, l’émigré a longtemps été celui de 1789 fuyant l’idéal révolutionnaire pour aller le combattre aux côtés des ennemis de la Nation.
3Les cinq premières destinations choisies par les candidats à l’expatriation sont, dans l’ordre, la Suisse, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Belgique et l’Allemagne, destinations proches par la géographie et la culture. Ces pays accueillent chacun une communauté française supérieure à 110 000 personnes et représentent à eux seuls 40 % de cette « diaspora ». Dans les cinq pays suivants, l’Espagne, le Canada, Israël, le Maroc et l’Italie, elle s’élève à un peu moins de 50 000 personnes en moyenne. En attendant de disposer des chiffres concernant le Portugal, dont l’attrait climatique et fiscal sur les retraités semble avoir suscité récemment beaucoup d’intérêt, deux destinations moins attendues se distinguent, le Mali et l’Algérie.
4Une étude réalisée par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Paris [*] s’est attachée à identifier les caractéristiques distinctives de cette population française émigrée. Sans grande surprise, elle met en lumière une certaine surreprésentation des classes d’âge en mesure de travailler (les 20-60 ans) et surtout des titulaires d’un diplôme de niveau master ou doctorat, ceux-ci facilitant évidemment l’insertion professionnelle, en particulier au sein de l’Union européenne en raison de l’équivalence des diplômes.
5S’agissant des motivations exprimées par les expatriés, l’étude de la CCI souligne bien évidemment la recherche d’opportunités professionnelles plus ouvertes qu’en France mais aussi l’existence de carrières plus valorisantes en termes de promotion et de rémunération. Stimulée par des expériences du type Erasmus pour les étudiants et par une plus grande ouverture au monde que par le passé, la recherche d’une intégration dans un milieu socioculturel un peu différent est aussi souvent exprimée, un grand nombre des plus jeunes revendiquant leur entrée de plain-pied dans la citoyenneté européenne.