1Si elle n’est devenue un pays d’accueil qu’à partir du milieu du XIXe siècle, la France a de longue date été une terre d’immigration. Les premiers peuples à s’installer sur ce qui est devenu aujourd’hui son territoire, des Celtes et des Germains, devancent de quelques siècles les Bretons et Anglo-Scandinaves envahisseurs de nos côtes entre le Ve et le Xe siècles.
2Au Moyen Âge, l’immigration organisée prend une tournure plus utilitaire, les frontières du pays, d’ailleurs assez instables, s’ouvrant de façon sélective à des marchands originaires d’Italie, d’Allemagne ou des Flandres, à des mercenaires souvent venus de l’Est et à des artistes, peintres, musiciens et comédiens qui s’illustrent en particulier à la Renaissance et au XVIIe siècle.
3Sous l’Ancien Régime, ceux qui arrivent pacifiquement sur le territoire, appelés « aubains », sont libres de s’installer où bon leur semble. Ils ne deviennent cependant « régnicoles », c’est-à-dire sujets du roi, qu’après que le souverain, seul dépositaire de ce droit, leur a délivré une lettre de naturalité.
4En imaginant une nouvelle conception de la nation et de la citoyenneté, la Révolution modifie la question en profondeur. Sont désormais Français et titulaires de tous les droits et devoirs attachés à cette qualité non seulement ceux qui sont nés en France mais également les étrangers qui rendent service à la République, sous condition qu’ils résident sur son territoire et qu’ils prêtent serment. Dans un esprit un peu moins généreux que celui des conventionnels de 1793 – qui ouvrait très largement l’accès des étrangers à la nationalité française – mais plus ordonné, le Consulat atténue en 1799 le droit du sang afin d’écarter de la nation les enfants nés dans les familles qui avaient émigré pour fuir la Révolution. Dès 1804 toutefois, le Code civil revient sur ces dispositions pour permettre aux émigrés et à leurs enfants de revenir en France et institue la possibilité pour tout étranger sur le territoire d’acquérir la nationalité française à sa majorité, alors fixée à l’âge de 21 ans.
5Les exigences de l’industrialisation et les besoins de main-d’œuvre qu’elle crée sont à l’origine de l’apparition, à partir de 1850, d’un intérêt officiel pour l’immigration, dont la première expression est une loi de 1889 fixant le principe du droit du sol et accordant la nationalité française aux enfants nés en France de parents étrangers. Ce n’est pourtant qu’à partir de la fin de la Première Guerre mondiale qu’une véritable politique d’immigration est imaginée à l’intention de ceux qui ont été appelés à remplacer les trop nombreuses victimes du conflit. Le souci de sélectionner les migrants complète alors celui de les recruter avant de s’accompagner de celui de favoriser leur intégration. Une ère nouvelle s’ouvre, caractérisée par une production législative et réglementaire [*] extrêmement abondante à défaut d’être cohérente, qui traduit la diversité et souvent l’ambivalence des attitudes publiques vis-à-vis de la question de l’accueil des étrangers.
Notes
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[*]
Chronologie : histoire de l’immigration en date, Site Vie publique. Au cœur du débat public, consulté le 24/10/2014, http://www.vie-publique.fr/politiques-publiques/politique-immigration/chronologie-immigration/