1Les réseaux sociaux ont toujours existé « dans la vraie vie ». Avec la révolution numérique, ils se sont transposés dans l’espace virtuel à une telle échelle que le terme ne désigne plus aujourd’hui que les services de communication en ligne. Twitter, Instagram, LinkedIn, Google+ et les autres séduisent plus de 2 milliards de Terriens, Facebook caracolant en tête avec 1,5 milliard de membres.
2En France, près d’une personne sur deux – 48 % – était membre d’au moins un réseau social en 2014 contre 33 % en 2009, soit 26 millions de personnes, selon l’étude du Crédoc « Veux-tu être mon ami ? » [*].
3Les réseaux sociaux sont, tout d’abord, un nouveau territoire pour les relations existantes, en offrant de nouvelles façons d’être en lien avec ses proches. Selon l’étude, 91 % de leurs membres les utilisent pour des échanges avec le cercle d’amis de toujours et 90 % avec les membres de la famille. Un premier groupe d’utilisateurs (36 %, en majorité des femmes) s’en tient à cet usage, excluant généralement les inconnus et publiant peu de contributions. Les membres de réseaux sont aussi 80 % à réactiver des liens avec des connaissances perdues de vue mais qui « ont compté ».
4La vraie nouveauté de ces services est la possibilité qu’ils donnent d’entrer en relation avec des personnes jamais rencontrées : 47 % des membres de réseaux y ont noué des liens nouveaux et 18 % des liens amoureux. Ces usages grimpent respectivement à 88 % et 40 % dans le deuxième groupe d’utilisateurs (33 %, en majorité des hommes), qui sélectionnent les contacts parmi leurs proches et voient le réseau social comme un espace intime.
5Au contraire, dans le troisième groupe (17 % des utilisateurs), on ne cache rien ! L’objectif étant d’afficher le maximum de contacts, on intègre famille, proches, anciennes connaissances, personnes inconnues…, et on le fait savoir. Les moins de 25 ans y sont surreprésentés (33 % contre 21 % en moyenne). Enfin, le dernier groupe (15 %) est composé de membres « dormants ».
6Si les réseaux sociaux furent à leur apparition l’apanage des jeunes (toujours très présents) et des catégories aisées et diplômées, des évolutions sont déjà perceptibles dans leurs publics. L’étude note en 2014 une augmentation de la fréquentation des jeunes seniors (25 % des 60-69 ans) et surtout des catégories sociales modestes, à commencer par les employés dont 62 % sont connectés. Celles-ci publient plus de contenus et se lient plus facilement à des inconnu-e-s, qu’elles intègrent dans leurs contacts. Les auteurs de l’étude y voient le désir de rendre visibles des liens sociaux dans une société où « l’exposition de soi est la principale technique de communication » et « le capital social valorisé ».
Notes
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[*]
Bigot R., Croutte P., Hoibian S. et Muller J., 2014, Veux-tu être mon ami ? L’évolution du lien social à l’heure numérique, Crédoc, Cahier de recherche n° 312, www.credoc.fr/pdf/Rech/C312.pdf