1Contrairement à l’enquête Pisa sur les résultats scolaires, menée par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), le programme pour l’évaluation internationale des adultes (Piaac) qui porte sur les compétences et leur utilisation dans le cadre professionnel reste confidentiel. Menée auprès d’adultes âgés de 16 à 65 ans dans les 24 pays de l’OCDE, cette enquête évalue les compétences dans le domaine de l’écrit (littératie) et des chiffres (numératie) ainsi que la capacité à résoudre des problèmes dans des environnements technologiques. Des points sont attribués en fonction des résultats obtenus à une batterie de tests.
2La discrétion qui entoure le programme Piaac est-elle due au fait que la France y est encore plus mal classée que dans Pisa ? Les chiffres de l’édition 2012 sont implacables : le pays se situe en 21e position, affichant des taux élevés d’adultes qui ont un faible niveau de compétences : 22 % en littératie et 28 % en numératie (contre respectivement 16 % et 19 % pour la moyenne des pays). En outre, les Français qui ont un niveau élevé de compétences globales ne sont que 8 % contre 12 % en moyenne.
3Toutefois, les 16-44 ans obtenant des scores plus proches de la moyenne, « c’est le signe qu’il y a eu un « rattrapage » de compétences en France au cours des dernières décennies », estime Éric Charbonneau, expert en éducation auprès de l’OCDE [*]. Ainsi, les 16-24 ans occupent la 19e place en littératie et la 16e en numératie, tandis que les 25-34 ans sont moins nombreux dans les groupes de compétences les plus faibles.
4Comme Pisa, le programme Piaac met en évidence des inégalités plus marquées dans la société française que dans les autres pays « entre les jeunes et les seniors, entre les immigrés et les autochtones, entre ceux qui ont des diplômes et ceux qui n’en ont pas et, enfin, entre ceux dont les parents sont éduqués et ceux qui ne le sont pas », souligne l’auteur.
5Si un taux élevé de compétences augmente les opportunités professionnelles, le niveau de diplôme étant sans surprise le facteur le plus discriminant, Éric Charbonneau décèle en outre une sous-utilisation des compétences des salariés : « Il convient d’aider les entreprises, et plus particulièrement les PME, à former les travailleurs et à développer l’utilisation de certaines compétences dans le cadre professionnel ». Pourtant, aujourd’hui, la formation professionnelle reste essentiellement accessible aux plus jeunes et aux plus diplômés tandis que ceux qui en ont le plus besoin – les moins diplômés, les plus âgés et les minorités – en bénéficient le moins.
Notes
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[*]
Éric Charbonneau, L’enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes (Piaac) : Décryptage des résultats de la France, L’Éducation déchiffrée, blog sur le site Internet du journal Le Monde, tenu par Éric Charbonneau. Billet paru le 15/10/203.
http://educationdechiffree.blog.lemonde.fr/2013/10/15/lenquete-de-locde-sur-les-competences-des-adultes-piaac-decryptage-des-resultats-de-la-france/