1La solidarité familiale intergénérationnelle est bien vivace en Europe, ce que confirment les résultats des vagues successives de l’enquête Share. La variation de ses formes d’un pays à l’autre ne peut se résumer à l’opposition entre un Nord « individualiste » et un Sud « familialiste », et ne correspond pas nécessairement aux types d’Etat-Providence. Dans tous les pays, le soutien financier va des plus âgés vers les plus jeunes, à l’inverse de l’aide en temps, majoritairement dispensée par les femmes de la famille. L’aide institutionnelle a tendance à venir compléter l’aide informelle plutôt qu’à s’y substituer, mais cette hypothèse reste à étayer.
2Les profondes mutations qui ont bouleversé la structure et le fonctionnement des familles modernes n’ont pas entraîné le déclin des solidarités familiales. De nombreuses études l’ont montré en France et au niveau international, surtout depuis le début des années 1990. Elles témoignent de la vivacité des échanges qui s’établissent entre le groupe domestique et la parenté proche, sous plusieurs formes – dons ponctuels, donations, échanges de services variés, aides au logement ou corésidence. Si elles sont toujours actives, ces solidarités se transforment toutefois sous l’effet de grandes tendances communes à toute l’Europe : vieillissement démographique, évolution des systèmes de protection sociale, diversification des constellations familiales, mutation des valeurs.
3Les comparaisons européennes permettent d’évaluer les convergences et les différences entre pays et d’en analyser les facteurs. On peut en particulier se demander quels sont les effets des formes de protection sociale et des cultures familiales sur le volume et la nature des échanges intrafamiliaux. Il a été montré que les échanges au sein de la parenté circulent principalement selon l’axe de la filiation, entre parents, enfants, grands-parents et petits-enfants (Coenen-Huther, 1994). Aussi les échanges intergénérationnels donnent-ils une bonne mesure de la solidarité intrafamiliale. Les nombreuses exploitations de l’enquête Share, en particulier, ont porté sur de multiples aspects du vieillissement et contribuent à l’évaluation des effets du vieillissement de la population en Europe (voir encadré méthodologique). Cet article présente, à partir des analyses des données les plus récentes collectées par l’enquête Share, quelques résultats centrés sur l’entraide intergénérationnelle, les aides à la vie quotidienne, les soins et les dons financiers.
L’enquête longitudinale européenne Share
L’intérêt et l’originalité de Share est qu’elle est réalisée à partir de questionnaires identiques et selon des méthodes harmonisées entre les différents pays. Elle fournit donc des données comparables [*] sur les questions relatives à la santé, la famille, le travail et la retraite et en particulier, pour ce qui nous intéresse dans cet article, sur la composition de la parentèle, les relations familiales, les échanges d’argent et de services entre les individus et leur entourage ainsi que d’autres formes d’aide, dont la corésidence.
http://www.share-project.org
Distance géographique et contacts entre générations
4La proximité géographique entre les parents âgés et leurs enfants adultes est un facteur essentiel pour l’occurrence d’échanges de services informels et de soins entre ces générations. Aussi est-il important d’évaluer la distance qui les sépare et la fréquence de leurs contacts. La grande majorité des personnes âgées de plus de 50 ans habitent à une faible distance de l’enfant le plus proche (moins de 30 minutes). La proximité géographique entre ces générations est généralisée en Europe, y compris dans des pays comme la Suède ou le Danemark, considérés comme plus « individualistes » (cf. graphique 1).
Distance de l’enfant le plus proche parmi les plus de 50 ans (données pondérées) en 2010 (en %)

Distance de l’enfant le plus proche parmi les plus de 50 ans (données pondérées) en 2010 (en %)
5Cette proximité est le signe d’un lien étroit entre parents et enfants, ce que confirme la fréquence de leurs contacts : la grande majorité d’entre eux se rencontrent plusieurs fois par semaine, la moyenne se situant entre 70 % environ (en Suisse, Danemark, France et Estonie) et 90 % (en Italie, Espagne et Pologne) (voir graphique 2).
Fréquence de contacts avec l’enfant le plus souvent en contact, parmi les plus de 50 ans (données pondérées) en 2010 (en %)

Fréquence de contacts avec l’enfant le plus souvent en contact, parmi les plus de 50 ans (données pondérées) en 2010 (en %)
Principales tendances dans les échanges entre générations en Europe
6Deux formes d’aide ont été distinguées dans l’enquête. D’une part, les transferts financiers, qui incluent les aides monétaires irrégulières ou régulières et les donations (lesquelles interviennent « entre vifs » et se distinguent des héritages légués à la disparition des détenteurs de patrimoine). D’autre part, les échanges d’aides regroupés sous la notion de « transferts en temps », qui englobent des aides très variées, les soins personnels [1] (aide à la toilette, aux repas, au lever et au coucher…), les aides matérielles concernant le foyer (entretien, bricolage, jardinage, transports, courses…) et enfin les aides d’ordre administratif (gestion des papiers relatifs aux impôts, aux taxes diverses et à toute démarche administrative). En outre, une question était posée aux grands-parents sur la garde des petits-enfants (en dehors de la présence des parents), sa fréquence et le nombre d’heures qui lui a été consacré au cours des douze derniers mois.
7Les informations recueillies portent sur les types de soutien donné et reçu, la fréquence et le nombre d’heures qui leur ont été consacrés au cours des douze derniers mois ainsi que sur les personnes impliquées (celles qui reçoivent et celles qui donnent l’aide), ce qui fournit des informations sur les réseaux de solidarité. La direction des transferts financiers est principalement descendante (des plus âgés vers les plus jeunes) tandis que les aides en temps circulent principalement dans le sens inverse, des plus jeunes aux plus âgés (Attias-Donfut et al., 2005). Cependant, la prise en compte simultanée des deux formes d’aide montre que les plus âgés sont des « nets donateurs » jusqu’à 80 ans ; ce n’est qu’après cet âge que cet équilibre change, les plus âgés recevant plus (en valeur) que ce qu’ils donnent (Litwin et al., 2008).
Les transferts financiers
8Il y a de fortes variations entre les pays de la fréquence des transferts financiers, lesquels affichent une certaine régularité d’une vague à l’autre. Les données obtenues en 2010 confirment celles recueillies de 2004 à 2008. Elles montrent une plus forte fréquence d’aide financière en Suède, au Danemark et dans certains pays continentaux, comme l’Allemagne, peu de différence entre d’autres pays continentaux, dont la France et des pays de l’Est, et un taux d’aide plus réduit en Espagne et au Portugal.
9Dans tous les cas, les aides des plus âgés aux plus jeunes dominent très largement sur les aides en direction inverse, des enfants aux parents (voir graphique 3). Ainsi les variations entre pays ne remettent pas en cause la tendance dominante, qui est celle d’une protection sociale assurée par des transferts financiers principalement descendants. Le schéma est différent parmi les immigrés vivant en France et originaires de pays où la protection sociale est peu développée : leurs dons financiers sont plus souvent destinés aux parents qu’aux enfants, nécessités par l’absence ou l’insuffisance des pensions de retraite (Attias-Donfut et al., 2006).
Fréquence des transferts financiers aux enfants en 2010 (données pondérées) (en %)

Fréquence des transferts financiers aux enfants en 2010 (données pondérées) (en %)
L’impact de l’État-providence sur les formes d’entraide intrafamiliale
10S’il paraît évident que l’instauration de la protection sociale a bouleversé les formes familiales et les modes de relations et d’entraide au sein de la parentèle, on peut s’interroger, comme l’ont fait de nombreux analystes, sur les différences entre les types d’État-providence dans les déterminations de modèles de solidarité familiale (voir notamment Masson, 2009). La classification des États-providence par Esping-Andersen (1990 ; 1999) fournit la principale référence en la matière. Rappelons les trois types d’État-providence qu’il a dégagés en fonction du degré d’universalité des droits sociaux et de leur lien à l’emploi (et donc à la stratification sociale) : le régime libéral du monde anglo-saxon, le régime conservateur (ou corporatiste) de l’Europe continentale et le régime social-démocrate des pays nordiques.
11Dans une formulation ultérieure (1999), en réponse aux critiques lui reprochant d’avoir négligé l’apport des femmes au sein de la famille, Esping-Andersen redéfinit les trois régimes en réintroduisant la famille aux côtés de l’État et du marché dans les modèles d’allocation des formes de protection. Sur cette base, un quatrième régime a émergé, celui des pays d’Europe du Sud, caractérisé par de faibles aides publiques et une charge élevée laissée aux familles (c’est-à-dire essentiellement aux femmes, voir infra), pour lequel le terme de « familialiste » semble le plus approprié. L’introduction de ce quatrième modèle fait cependant débat. Kohli en est un défenseur et va même plus loin : il établit une passerelle entre les systèmes de protection sociale et le fonctionnement familial en parlant de « family regimes » (Kohli et Albertini, 2006), que l’on pourrait traduire par « régimes de protection socio-familiale » pour les distinguer des régimes de protection sociale (« welfare regimes »).
12Ces formes d’État-providence, qui se sont élaborées dans des contextes historiques et institutionnels qui les ont façonnées, contribueraient en retour à produire des formes spécifiques de solidarité familiale. À ce titre, la comparaison européenne des niveaux d’entraide familiale selon le degré de générosité de l’État-providence, si elle ne confirme pas la correspondance entre les types ainsi définis des régimes de protection sociale et les formes de solidarité familiale, permettrait de mettre en évidence l’interaction de cette aide familiale avec les aides publiques et de répondre à la question, toujours ouverte, de la complémentarité versus la substitution entre les deux formes d’aides.
13Ce modèle théorique idéal-typique soulève plusieurs difficultés. La diversité des régions d’Europe et les évolutions différentes de leurs systèmes de protection sociale au cours de ces vingt dernières années sont difficilement réductibles à cette typologie. De plus, il faut s’interroger sur la pertinence de l’État-Nation comme unité de comparaison. L’exemple le plus frappant d’hétérogénéité nationale est l’Italie, dont le nord et sud sont particulièrement inégaux en termes de développement, de modes de vie et de normes culturelles. Certes, les lois et réglementations sociales s’appliquent en principe de la même façon au sein d’un État-Nation, mais il existe aussi de nombreuses sources d’aides collectives, privées et publiques, à l’échelon local. Rares sont les pays qui présentent une unification territoriale des politiques publiques. Ainsi, il existe en France de fortes disparités régionales en termes d’aides collectives. Les différences peuvent aussi être plus importantes entre les territoires ruraux et urbains d’un même pays qu’entre deux pays de même niveau d’urbanisation. Enfin, les formes et normes familiales de minorités ethniques peuvent être très différentes de la moyenne nationale.
14Les moyennes par pays, que les études comparatives internationales donnent à interpréter, masquent toutes ces différences. Celles-ci devraient pouvoir néanmoins être prises en compte pour une plus juste estimation des phénomènes à comparer.
Les aides en temps
15Il est couramment admis que les aides informelles (entre membres de la famille et personnes de l’entourage) seraient moins répandues dans les pays scandinaves bénéficiant de régimes sociaux-démocrates plus généreux que dans les régimes « corporatistes » des pays d’Europe de l’Ouest, surtout les régimes libéraux anglo-saxons. Mais d’après les données de l’enquête Share, les aides informelles ne sont pas plus fréquentes dans certains pays du Sud, comme l’Espagne et le Portugal, tandis que la corésidence intergénérationnelle y est plus répandue (Ogg et Renaut, 2006). Au Portugal en particulier, la probabilité à la fois d’aide financière et d’aide informelle en soins et services entre générations est particulièrement faible, tandis que la co-résidence y est la plus répandue, comparée aux autres pays européens (Barbosa et Delerue Matos, 2014). Les pays continentaux se situent, de ce point de vue, en position intermédiaire entre les pays du Nord et ceux du Sud, auxquels se rapprochent davantage les pays de l’Est (Deindl et Brandt, 2011).
16La corésidence, examinée du point de vue des personnes de 50 ans et plus, confirme l’axe Nord-Sud : le taux de corésidence (dans le même logement ou dans le même immeuble) est particulièrement élevé en Italie, en Grèce et en Espagne (près de 60 %). Il faut cependant relativiser l’ampleur de ce phénomène dans les pays du Sud. Elle concerne surtout les jeunes de moins de 30 ans et leurs parents. Il n’y a qu’un faible taux de corésidence des plus de 50 ans avec leurs parents (atteignant un maximum de 4 % des personnes ayant encore un parent en vie en Espagne, 3,5 % en Italie, 2 % en Grèce, et moins de 1,5 % ailleurs). De même, la fréquence de la corésidence avec les enfants de plus de 30 ans reste faible, bien que toujours un peu plus élevée en Espagne (10 %) et en Italie (près de 5 %) qu’en Suisse (3 %), en Grèce (2 %) ou ailleurs (moins de 1 %). (Attias-Donfut et Ogg, 2009).
17Si les générations partagent rarement le même logement dans les pays à forte tradition individualiste, comme le Danemark ou la Suède, la proximité géographique avec l’enfant le plus proche reste forte : elle est de moins de 25 km dans près de 80 % des cas (chiffres de 2004). On constate globalement que plus le taux de transferts financiers est élevé, plus celui des transferts en temps est faible, et inversement.
Les réseaux d’aide informelle et le genre
18L’étendue et la nature des soins informels ne dépendent pas que des aménagements institutionnels ou des valeurs et engagements familiaux, ils tiennent aussi à l’identité des aidants. Le genre en est un facteur clé (Ogg et Renaut, 2006). Les données de l’enquête Share confirment clairement ce que de nombreuses études ont établi, à savoir que ce sont les femmes – épouses, filles ou belles-filles – qui assurent la plus grande part de ce travail. Ces différences de genre sont renforcées par les normes sociales et par les institutions. L’inégalité dans les tâches d’aidant selon le genre est plus importante dans les pays dans lesquels, entre autres facteurs, les normes d’obligation familiale sont plus prégnantes, la division sexuelle du travail plus prononcée et la possibilité de disposer de services professionnels plus réduite (Haberkern et al., 2015). Si en la matière le taux d’emploi des femmes ne semble pas avoir en soi d’incidence significative, son effet varie selon les cultures. Par exemple, dans les pays combinant un taux élevé d’emploi féminin et une forte tendance au recours privilégié à l’aide informelle, comme en Espagne et en République tchèque, le taux de femmes aidantes et travaillant à plein temps est plus élevé qu’en Suède ou aux Pays-Bas.
19La place de l’aidant-e dans la configuration familiale détermine également de façon importante la nature et l’étendue de l’aide. À cet égard, les données montrent que les filles répondent plus que les fils aux besoins de leurs parents (Haberkern et al., 2015). Les femmes sont de façon générale plus actives que les hommes dans la gestion des relations sociales, surtout au sein de la famille. Au-delà de ces différences, ce sont les enfants adultes qui apportent le plus d’aide et de soins aux parents isolés, surtout aux veufs et veuves. Les autres aidants, bien que moins présents, dispensent néanmoins près de 30 % de l’ensemble des heures d’aide informelle à domicile (Kalwij et al., 2014).
20Par ailleurs, une récente analyse des données de l’enquête Share remet en question la dichotomie supposée entre le Nord « individualiste » et le Sud « familialiste » et suggère de reconsidérer la solidarité intergénérationnelle selon quatre types familiaux : le familialisme descendant (des parents aux enfants adultes), le familialisme ascendant (des enfants adultes aux parents), l’aide à distance (principalement monétaire des parents aux enfants) et le modèle d’autonomie (avec peu d’échanges) (Dykstra et Fokkema, 2011). Selon ces auteurs, ces quatre types existent partout, leur distribution différant selon les pays. Ils concluent que caractériser un pays comme familialiste ou non paraît quelque peu réducteur. La question centrale de l’interaction entre les services formels et informels n’en reste pas moins toujours actuelle.
Aide formelle, aide informelle : complémentarité ou substitution ?
21Les pays scandinaves offrent la gamme la plus importante de services formels (de la part des institutions et des professionnels), pour la garde des enfants ou le soutien aux personnes âgées. À l’inverse, les pays méditerranéens accusent un déficit important de services professionnels et institutionnels dans tous les domaines, notamment pour les enfants ou pour les personnes âgées handicapées. Quels en sont les effets sur l’aide informelle ? Observe-t-on une complémentarité ou une substitution entre ces deux formes d’aide ?
22Cette importante question fait l’objet de débats et d’interprétations diverses. D’un côté, certaines analyses de données semblent conforter, du moins partiellement, la thèse de la substitution, suggérant que l’introduction de professionnels dans un système d’aide informelle aurait tendance à évincer les aidants informels (Bolin et al., 2008 ; Gannon et Davin, 2010). Une telle dynamique, observée à divers degrés, est ainsi décrite par l’expression anglaise « crowding out » (Brandt et al., 2009).
23À l’inverse, d’autres travaux renforcent la thèse opposée de la complémentarité, selon laquelle les aides formelle et informelle auraient tendance à se renforcer mutuellement, selon des processus à la fois effectifs et efficients (Litwin et Attias-Donfut, 2009 ; Geerts et Van den Bosch, 2012). Selon certaines études, une telle complémentarité refléterait en fait des pratiques visant à instaurer une spécialisation, instituant une division du travail entre la famille et l’État (Brandt et Deindl, 2013 ; Igel et al., 2009). Certaines analyses vont même au-delà de la thèse de la seule complémentarité, déclarant que l’interface entre les soins formels et informels ont pour conséquence, grâce à la disponibilité d’une aide professionnelle, une expansion de l’assistance informelle apportée par la famille : soit son renforcement et sa consolidation, ou « crowding in » (Brandt, 2013), soit la création d’une véritable synergie entre ces deux formes d’aide (Attias-Donfut et Ogg, 2009). Autrement dit, la thèse du « crowding in » soutient l’idée que plus une personne reçoit de l’aide de l’État, plus ses proches lui en dispensent à leur tour, sous forme de dons d’argent et de temps. À l’évidence, ce débat n’est pas clos. Même si nos propres travaux nous conduisent à adhérer à la thèse de la complémentarité, voire à celle du renforcement mutuel entre ces deux types d’aide (crowding in), des incertitudes subsistent, notamment sur le contexte et les conditions de cette complémentarité. Il est certain que l’exploitation des données de Share dans une perspective longitudinale, en suivant les évolutions conjointes de ces deux formes d’aide sur une plus longue période, apporterait la clarification nécessaire.
24***
25La comparaison européenne révèle des convergences plus fortes entre les pays que celles qu’auraient laissé prévoir les représentations habituelles des différences de traditions familiales du nord au sud du continent. Tout d’abord, l’évidence d’une proximité de relations entre les ménages des parents âgés et ceux de leurs enfants adultes se vérifie dans toute l’Europe. Ensuite, la direction presque exclusivement descendante des transferts financiers entre générations se retrouve dans tous les pays, quels que soient leurs types de protection sociale et leur degré de générosité.
26Parmi les différences les plus manifestes, on relève la plus grande fréquence de corésidence des parents et de leurs enfants de moins de 30 ans dans les pays méditerranéens ainsi que la grande inégalité des montants moyens des dons monétaires entre générations. On observe également des différences paradoxales dans les services échangés entre membres de la famille, qui contredisent la vision familialiste généralement associée aux pays du Sud.
27Ces convergences et divergences ne recoupent pas les lignes de séparation entre les types d’États-providence définis par Esping-Andersen. Les comparaisons réalisées dessinent une tendance à la complémentarité entre l’entraide familiale et la protection sociale publique ; toutefois, ce résultat nécessite, pour être conforté et affiné, des exploitations supplémentaires, bénéficiant du recul temporel de la décennie d’enquêtes que les données longitudinales de l’enquête Share devront bientôt permettre.
Note
-
[1]
Tout type d’aide personnelle a été comptabilisé, qu’il intervienne dans ou hors le ménage, y compris entre conjoints.