1L’éducation physique et sportive (EPS) est, depuis ses origines aux XVIII^e et XIX^e siècles, prise entre deux pôles de référence : d’une part, celui du vital avec une certaine médicalisation et, d’autre part, celui du social avec l’intervention éducative [*]. Chacun de ces pôles est adossé à un champ scientifique spécifique : la biologie et la médecine pour le vital ; les sciences humaines et sociales pour le social. Lorsque l’EPS est devenue une discipline universitaire sous le nom de Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps), son cadre de références s’est complexifié en intégrant notamment des dimensions institutionnelles.

2L’universitarisation de l’EPS a commencé en 1969 avec la transformation des instituts de recherche (Ireps) en unités d’enseignement et de recherche (Uereps), à la suite de la loi Faure. Les diplômes de Staps sont créés progressivement : le Deug en 1975, la licence en 1977, puis le Capeps pour qualifier les enseignants en 1979. En 1982, les Staps deviennent la 74^e section du Conseil supérieur des universités, ce qui ouvre la voie au troisième cycle universitaire et à un corps spécifique d’enseignants-chercheurs. Des conventions entre le centre de formation des enseignants en EPS (Ensep) et des universités (Paris VII, Orsay, Tours), permettent à des étudiants de préparer un mémoire Ensep ouvrant directement sur une thèse.

3Les « sciences » des Staps ne sont pas unifiées dans un champ disciplinaire ni dans un mode de production des connaissances. On peut discerner deux grands domaines de recherche sur l’éducation physique et sportive. Les références du premier sont soit les sciences de la nature, soit les sciences sociales. Dans le premier cas, ce qui sera primordial, ce sera la possibilité de mener à bien des expérimentations scientifiques au sein d’un laboratoire. Ces expérimentations partiront d’hypothèses à confirmer ou à infirmer par la mise en jeu de variables. Dans le deuxième cas, le questionnement concernera un terrain où il faut résoudre un problème professionnel. Le second domaine de recherche porte sur les savoirs liés à la didactique et les savoirs qui ne s’inscrivent pas dans ce lien. En tout état de cause, c’est le lien entre ces recherches et la formation des enseignants qui reste une préoccupation majeure des Staps.