CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Les politiques du sport ont évolué en France par mutations successives, en fonction des contextes nationaux – ainsi avec le Front populaire ou à la Libération. Ces différentes politiques ont oeuvré à renforcer, élargir et diversifier chaque fois plus le soutien étatique au sport, en s’appuyant, non sans tensions, sur le mouvement sportif réuni au sein du Comité national olympique et sportif français et un développement massif de la pratique sportive porté par les associations et les collectivités territoriales.

2En France, la mise en place progressive des politiques sportives, au fil des décennies, a constitué un modèle singulier qui suppose un ajustement cognitif entre les parties prenantes et des convictions partagées mêlant philosophie politique, héritage historique et expérience culturelle. Cette trajectoire générale est scandée par des temps forts de changement, des ruptures parfois, qui sont comme autant de métamorphoses des politiques du sport. Cet article présente les principales séquences du développement des politiques du sport en France, en faisant l’hypothèse que des métamorphoses plus ou moins spectaculaires éclairent le passage de l’une de ses séquences à la suivante en s’appuyant sur des facteurs comme l’impératif de démocratisation de la culture sportive, le renouvellement du personnel politique, l’entrée en vigueur d’un nouvel outillage législatif, l’innovation dans les biens d’équipement sportif, etc.

Un cadrage sociohistorique

3La spécificité de la France tient à la fois à une forte présence de l’État, ancienne, et au fait que celle-ci s’exprime à partir d’un centre : Paris. Le fait sportif n’échappe pas à ce constat. Le modèle français est souvent opposé au modèle britannique, où la puissance publique est plus en retrait et où une large part de l’initiative est laissée à la société civile. En France, l’intervention de l’État dans le sport ne s’exerce pas de façon unilatérale. L’accompagnent, d’une part, l’essor du mouvement associatif et des clubs et, d’autre part, l’engagement des municipalités dans, par exemple, l’édification d’équipements sportifs et d’éducation physique.

4Cependant, la puissance publique, tant celle exprimée par l’État que celle manifestée ou relayée par les collectivités territoriales, par-delà les sensibilités idéologiques de droite ou de gauche, produit un discours « rationalisateur », parfois contrarié, qui peut être déchiffré comme « une institutionnalisation du social » (Rosanvallon, 1990). Au nom de l’intérêt général, les pouvoirs publics interviennent dans un domaine jugé crucial. La préparation physique des soldats pour la défense du territoire national, le prestige de la France renforcé par les succès sportifs internationaux, l’éducation physique et sportive proposée dans le cadre du système scolaire, l’encouragement à l’activité physique chez l’adulte, l’animation sportive dans les quartiers dits « sensibles », le lien entre la santé et l’exercice physique, le développement durable et la protection des sites de nature, etc., sont autant de thèmes du répertoire de l’action publique, illustrant son extension et sa diversification au cours du temps.

5L’action de l’État en faveur du développement du sport ne se limite pas au rôle du ministère des Sports, quelle que soit son appellation, voire sa tutelle précise lorsqu’il s’agit d’un secrétariat d’État. Elle suppose une dynamique de coopération et de contractualisation avec le mouvement sportif et ses instances nationales : le Comité national olympique et sportif français qui regroupe les fédérations sportives agréées. Ainsi, à la Libération, le mouvement sportif a reçu de l’État, de façon explicite, la « délégation d’une mission de service public ». L’idée était en gestation depuis les années du Front populaire. Le principe, nécessairement réaffirmé après les années du régime de Vichy, s’est diffusé à l’échelon local. Ce maillage territorial, dont la configuration initiale concerne d’abord les communes urbaines et les clubs, s’est densifié par la suite avec le rôle joué par les départements et les régions, les comités et les ligues. Il a bénéficié du soutien et de l’expertise des services déconcentrés du ministère des Sports.

Critères d’identification des politiques sportives

6Un ensemble de critères permettent de distinguer une politique sportive de simples mesures engagées épisodiquement ou sans vue d’ensemble. Ainsi, selon Yves Mény et Jean-Claude Thoenig (1989), l’examen d’une politique publique doit permettre d’identifier : 1) un cadre général d’action ; 2) la définition explicite de buts ou d’objectifs à atteindre en fonction de normes et de valeurs ; 3) un ensemble de mesures concrètes formant la substance et le support de cette politique ; 4) l’identification de publics à atteindre ; 5) un dispositif décisionnel d’allocation de ressources et/ou de prescriptions réglementaires incluant des modalités coercitives.

Émergence d’un mouvement sportif au tournant du XXe siècle

7Ces critères facilitent aussi le travail de bornage chronologique. Certes, tout au long du XIXe siècle et jusqu’à la guerre de 1914-1918 incluse, des initiatives institutionnelles ont permis le développement de l’exercice physique. L’armée, avec sa fameuse École de Joinville, entend former des soldats en bonne condition physique, aptes au combat ainsi qu’à l’effort soutenu et sachant nager… Pour sa part, le ministère de l’Instruction publique va rendre la pratique de la gymnastique obligatoire dans les établissements scolaires. Si l’on ajoute que les sociétés scolaires de tir sont également encouragées, on comprend que ce modèle reste d’inspiration « militaire ». Au lendemain de la Grande Guerre, le prestige de l’École de Joinville et l’efficacité des centres régionaux qui accueillent les nouveaux appelés ne peuvent empêcher d’autres sensibilités institutionnelles de s’exprimer. Des médecins hygiénistes et, plus discrètement, des représentants de l’institution scolaire prônent une éducation physique raisonnée, adaptée aux garçons et aux filles. Le modèle sportif mis en avant par le très anglophile Pierre de Coubertin doit composer avec cette concurrence.

8En 1924, les jeux Olympiques accueillis à Paris et à Chamonix, bien couverts par la presse, vont imposer durablement la culture sportive en France. Désormais, au plan national, les lignes de tension recouvrent des enjeux corporatifs mettant aux prises militaires, médecins et, plus en retrait, le corps enseignant. La cause du sport, aux côtés de l’éducation physique, est portée par certaines municipalités progressistes de grandes agglomérations urbaines : Paris, Lyon, Bordeaux… L’ébauche d’un choix raisonné d’équipements sportifs se fait jour : stades, gymnases, salles d’éducation physique, piscine sont édifiés.

L’aspiration aux loisirs sportifs pour tous : la métamorphose de « 36 »

9La courte période qui va de l’avènement d’un gouvernement de Front populaire, en mai 1936, à la déclaration de guerre, en septembre 1939, correspond à la première grande métamorphose des politiques sportives qui transforme des agrégats d’action collective en un modèle cohérent. Cependant, il serait injuste de considérer que ce modèle surgit ex nihilo. Le rôle de Henry Paté, longtemps en charge de « l’Éducation physique » au gouvernement au cours des années 1920, doit être rappelé. Il prépare cette mutation et la vision unifiée de ce que doit devenir un vaste domaine dessinant déjà les contours des attributions d’un ministère des Sports spécifique.

10Au sein du gouvernement de Front populaire, Léo Lagrange est nommé sous-secrétaire d’État à l’organisation des Loisirs et Sports. Un an plus tard, suite à un remaniement ministériel, il se trouve en charge du sous-secrétariat d’État aux Sports, Loisirs et à l’Éducation physique. Il lance un recensement des équipements sportifs à l’échelle du territoire national. Il met en place un Brevet sportif populaire, qui peut être délivré dans le cadre de l’école, du mouvement sportif civil, de l’armée ou des clubs d’entreprises. La pratique des activités de pleine nature (mer, montagne, campagne) est promue via des structures d’hébergement, les auberges de jeunesse, et un accès facilité aux transports en commun (réductions pour les déplacements collectifs en train).

L’effervescence de la Libération

11La période du gouvernement de Vichy (1940-1944) a été particulièrement liberticide pour le sport. Le commissaire à l’Éducation générale et aux Sports, Jean Borotra, applique dans un premier temps les impératifs technocratiques et autoritaires du régime et lance une « modernisation » des structures sportives. Avec force propagande, son successeur Jep Pascot étend l’autorité du militaire aux championnats nationaux. Adossée aux « vertus » de la Collaboration, cette politique a sous-estimé les capacités de résistance (et d’engagement dans la Résistance !) du mouvement sportif. À la Libération, une fois les institutions réinstallées dans la légalité républicaine, la loi de 1901 sur les associations est rétablie. Tous les responsables du sport civil ou scolaire que Vichy avait écartés pour des motifs de militantisme ou de religion sont rappelés.

12L’esprit du Front populaire renaît, après une éclipse de quatre années d’humiliations et de privations. Le développement des colonies de vacances, des camps de jeunes, l’essor des sports et de la pratique féminine, les activités sportives, de loisir et de tourisme dans les entreprises témoignent d’une effervescence retrouvée. Les documents pédagogiques insistent sur la liberté d’initiative des éducateurs, le respect à l’endroit des jeunes accueillis, la modération dans l’effort physique pour toute une jeunesse, urbaine en particulier, qui a eu à souffrir d’une alimentation réduite et déséquilibrée.

13Les équipements sportifs des communes ne sont pas au mieux. Ils restent rares, dégradés parfois par l’occupant qui les avait réquisitionnés, et inégalement répartis sur le territoire. Mais l’urgence est de relancer d’abord la machine économique, de restaurer les grandes infrastructures de liaison, de reconvertir en industrie de paix l’industrie de guerre. À plusieurs reprises, des mesures en faveur de l’activité sportive vont être formulées mais renvoyées à des temps plus propices. Par ailleurs, les conflits coloniaux et la guerre d’Algérie affectent une jeunesse aux aspirations plus pacifiques.

L’élan modernisateur impulsé par Maurice Herzog

14L’avènement de la Ve République, en 1958, s’accompagne d’une nouvelle métamorphose des politiques sportives. En effet, le changement politique qui marque le retour du général de Gaulle au pouvoir suscite un regain d’intérêt pour le sport, grâce à l’efficacité de Maurice Herzog, haut-commissaire à la Jeunesse et aux Sports, qui jouit de son aura de vainqueur du premier sommet de plus de 8 000 m, l’Annapurna, conquis en 1950. L’administration du sport est étoffée. Trois autres facteurs sont à souligner. La débâcle de la délégation française aux jeux Olympiques de Rome, en 1960, conduit à une restructuration organisationnelle du sport de haut niveau. On retrouve ici l’importance accordée aux jeux Olympiques comme moyen d’affirmation du prestige national. La réussite des Jeux d’hiver de Grenoble, en 1968, est pour l’essentiel le résultat positif de cette mobilisation engagée sur le moyen terme. Par ailleurs, Maurice Herzog lance des lois-programmes d’équipement sportif et socio-éducatif, dès la période 1961-1965, destinées à combler le retard accumulé dans ce domaine. L’urgence est d’autant plus flagrante que le baby-boom de l’après-guerre amplifie les difficultés de la jeunesse scolarisée qui souhaite s’adonner au sport dans de bonnes conditions.

15En outre, à partir de ces mêmes années 1960, les municipalités sont appelées à intervenir davantage dans le domaine de l’équipement sportif et culturel communal. Cette intervention est spectaculaire dans les villes de banlieue dont la population augmente dans des proportions considérables. Par la suite, les communes rurales et les communes périurbaines vont s’efforcer de satisfaire la demande sportive. Ce modèle coopératif de l’action sportive locale est comme une réplique, au plan de la proximité, de ce qui a été instauré au plan national. L’échelon municipal apporte deux ressources spécifiques : des installations et des subventions. Pour leur part, les clubs mobilisent deux autres leviers : leurs nombreux bénévoles et la transmission de la culture sportive (apprentissages techniques, valeurs, compétition). Cette configuration fait « système » avec des composantes institutionnelles qui coopèrent, dotées de ressources à la fois spécifiques et interdépendantes.

De la déconcentration des services de l’État à la décentralisation

16S’agissant du sport, le processus de déconcentration administrative en vue d’assouplir la centralisation étatique n’a pas posé de difficultés majeures. La mise en œuvre de la décentralisation, en 1983 et 1984, lorsque les départements et les régions entrent en scène en qualité de collectivités territoriales de plein exercice, correspond à une métamorphose spectaculaire des politiques sportives : en 1984, le pays se dote d’une nouvelle loi sur le sport, dite « Loi Avice », du nom de la ministre de la Jeunesse et des Sports de l’époque. La puissance publique appréhende désormais un vaste domaine, celui du sport, même si ce terme ne rend pas toujours bien compte de la réalité composite des façons de pratiquer l’activité sportive, du loisir de vacances ou de l’entretien physique jusqu’au sport de haut niveau… Pour autant, le centre de gravité de la culture sportive n’est plus focalisé sur le seul sport de compétition envisagé au plus haut niveau d’excellence possible. Certaines organisations, jusqu’alors marginalisées au sein du mouvement sportif, et d’autres plus extérieures (les centres d’animation des jeunes, les centres sociaux, les associations de quartier…) s’interrogent sur l’« unité » du sport en France. Des actions interministérielles sont proposées, au titre de ce qui deviendra bientôt la « politique de la Ville », ciblée sur les quartiers sensibles, qui vont révéler des modalités innovantes d’engagement associatif et d’une grande qualité humaine en faveur de la cohésion sociale.

Années 2000 : réaffirmer une vision d’ensemble du sport

17En 2000, la loi portée par Marie-George Buffet, ministre des Sports au sein du gouvernement de Lionel Jospin (1997-2002), cherche à réaffirmer une vision cohérente de la politique de l’État. De nombreux chantiers sont lancés : protection des sportifs et sportives de haut niveau contre le dopage, taxe sur les retransmissions télévisées, soutien accordé à la pratique sportive du plus grand nombre, mesures en faveur de l’implication des femmes dans les responsabilités associatives du sport, soutien au handisport, valorisation du sport en tant qu’outil pédagogique de l’Éducation populaire ou, encore, lutte contre les pratiques déviantes chez les jeunes (alcoolisme, drogue, violence, délinquance, discriminations). Cette période est également marquée par la relance du sport en entreprise où des visions divergentes se sont parfois développées entre, d’une part, les œuvres sociales impliquant les syndicats de salariés et les représentants du comité d’entreprise et, d’autre part, certaines directions cherchant à asseoir leur politique de communication en soutenant des sportifs de haut niveau. Jean-François Lamour, ministre en charge des Sports lors du quinquennat de Jacques Chirac (2002-2007), a poursuivi une politique de continuité notamment dans la lutte contre le dopage. Avec le recul, Marie-George Buffet et Jean-François Lamour, de tendances politiques opposées, ont tous deux été à la tête d’un « grand » ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative.

Aujourd’hui : le temps des incertitudes et un modèle sportif sous tension

18La période actuelle est marquée par des incertitudes concernant les objectifs et les moyens de la politique sportive, sur fond de crise économique accrue, perceptible à la fin de l’année 2008. Après l’élection de François Hollande en 2012, la nouvelle ministre des Sports, Valérie Fourneyron, a souhaité recentrer les ressources du Centre national pour le développement du sport (CNDS) sur « la réduction des inégalités d’accès à la pratique sportive ». Créé en 2006, le CNDS avait déjà pour missions de contribuer à l’aménagement du territoire en développant les infrastructures et, peut-être de façon plus discutable, de soutenir les grands événements sportifs internationaux se déroulant en France. Le sport de haut niveau français, quasi professionnel, obtient de très bons résultats dans les compétitions internationales en athlétisme, natation, handball, basket-ball, judo, épreuves combinées en ski, mais il s’agit là d’un sous-ensemble du système sportif. Les structures récemment modernisées de l’Institut national du sport et de l’éducation physique, devenu Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep) et les pôles en régions, installés au cœur d’un nombre désormais réduit de centres régionaux d’éducation populaire et de sport (Creps) [1], accompagnent les meilleurs sportifs en privilégiant la logique du « double projet », réussite sportive et réussite scolaire devant aller de pair. La préoccupation du sport de haut niveau porté par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) ne doit pas faire oublier les millions de pratiquants sportifs qui appartiennent à quelque 170 000 clubs et autres associations, ou encore ceux qui utilisent directement des installations sportives (parcs aménagés, piscines, patinoires…). Par ailleurs, l’activité physique est de plus en plus promue par les pouvoirs publics contre les méfaits de la sédentarité, l’obésité, le vieillissement, etc., qui viennent souvent redoubler l’épreuve douloureuse du chômage et de la paupérisation dans certains ménages. Ce rapprochement entre la santé et les sports a été institutionnalisé dans l’intitulé du ministère confié à Roselyne Bachelot entre 2007 et 2010. La mise en œuvre de cette nouvelle approche suppose des actions de sensibilisation élaborées dans une concertation de proximité. Les services déconcentrés de l’État, en liaison avec les municipalités et les conseils généraux et parfois l’aide de fonds européens, soutiennent des opérations de développement sportif associatif devenues indispensables pour l’enrichissement du cadre de vie et pour le lien social.

Trois interrogations dans un contexte incertain

19La politique sportive est confrontée aujourd’hui à un triple questionnement en matière de financement, de gouvernance et de démocratisation par la mise en œuvre de la réforme des rythmes éducatifs.

20La diminution des ressources budgétaires, humaines et territoriales de l’État pose la question de la diversification des financements. Il conviendrait sans doute de développer des partenariats avec le monde de l’entreprise. Or le régime fiscal d’un pays à État fort et interventionniste n’est pas nécessairement incitatif et attractif pour l’entreprise.

21La recomposition territoriale annoncée depuis quelque temps déjà risque de modifier sensiblement la régulation croisée qui caractérise le soutien des pouvoirs publics au sport. La réduction du périmètre des départements, souvent annoncée, se ferait au bénéfice des régions, des intercommunalités et des métropoles… La réforme en cours risque à l’évidence de fragiliser l’espace rural et sa population, l’équité spatiale, le soutien aux associations et la politique d’équipement sportif de base. En effet, la gouvernance impulsée par les départements a permis de trouver un équilibre entre le maintien des populations locales et l’ouverture du tourisme par les activités de pleine nature, tout en renforçant la dynamique économique.

22Enfin, la réforme des rythmes scolaires, difficile à mettre en place de manière homogène sur le territoire national, a conduit le monde scolaire à questionner le profil des éducateurs issus du monde sportif venant opérer dans le domaine périscolaire. Le rôle traditionnellement dévolu à l’Union sportive de l’enseignement du premier degré (Usep) semble remis en cause [2]. Pour le syndicat national de l’enseignement physique (Snep-FSU), majoritaire au sein des enseignants d’éducation physique et sportive, une telle réforme risque d’affaiblir les associations sportives d’établissements scolaires, les « AS », animées par les enseignants d’EPS, dont le rôle est essentiel dans les territoires ruraux ou d’habitat collectif compact où vivent des populations à faible niveau économique.

23* * *

24L’histoire des politiques sportives est jalonnée de métamorphoses qui débutent avec le Front populaire. Chacune d’elles résulte d’une combinaison de facteurs politiques (influencés par le contexte international), culturels, structurels et économiques portés par des personnalités singulières et des groupes. Aujourd’hui, les résultats sportifs obtenus par la France au plan international sont de haut niveau. Les taux de pratique sportive enregistrés par les enquêtes nationales successives montrent que les politiques sportives agissent favorablement. La puissance publique, à ses différents niveaux, du national au local, a réussi à préserver un modèle associatif sans qu’il ne cède le pas à un modèle du marché. Le modèle français n’a donc pas à rougir si l’on retient les critères de démocratisation du sport, d’excellence sportive et de sécurité des personnes dans la pratique des activités physiques et sportives.

Notes

  • [1]
    Créés par l’État français de Vichy, en partie pour contourner la formation délivrée à l’Université, les Centres régionaux d’éducation générale et sportive (Cregs) ont été remplacés par les Centres régionaux d’éducation populaire et de sport (Creps) à la Libération.
  • [2]
    L’Union sportive de l’enseignement du premier degré (Usep) est la fédération de sport scolaire de l’école primaire française. Elle est placée sous la tutelle du ministre chargé de l’Éducation. L’USEP participe à une mission de service public qui vise l’éducation par le sport et la formation d’un citoyen sportif éclairé.
Français

L’article propose une analyse sociohistorique des politiques du sport en France et de leurs métamorphoses successives. Après avoir précisé les critères requis pour identifier une politique sportive, l’auteur dégage plusieurs séquences historiques, se distinguant par autant de métamorphoses décisives, de 1936 à aujourd’hui. La complexité croissante des politiques sportives et les logiques de coopération qu’elles impliquent semblent aujourd’hui mettre le modèle sportif français sous tension.

Bibliographie

  • Callède J.-P., 2000, Les politiques sportives en France, Paris, Economica.
  • Chifflet P., 2005, Idéologie sportive et service public en France. Mythe d’un système unifié, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble (Pug).
  • Honta M., 2010, Gouverner le sport. Action publique et territoires, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble (Pug).
  • Loret A., 2008, Le sport de la République. La France face au défi olympique, Nantes, Éditions du temps.
  • Mény Y. et Thoenig J.-C., 1989, Politiques publiques, Paris, Presses universitaires de France (Puf).
  • Rosanvallon P., 1990, L’État en France de 1789 à nos jours, Paris, Le Seuil, coll. « L’Univers historique ».
  • Tétart P. (dir.), 2007, Histoire du sport en France, Paris, Vuibert, 2 tomes.
  • Union nationale des clubs sportifs universitaires (UNCU) et Union des journalistes de sport en France (UJSF), 2014, « Le sport dans la France d’aujourd’hui. Qui gouverne ? », Les Cahiers de l’Université sportive d’été, n° 26, Maison des sciences de l’Homme d’Aquitaine (MSHA), Pessac, Éditions de la MSHA.
Jean-Paul Callède
Sociologue
Chargé de recherche au CNRS au sein du laboratoire Groupe d’études des méthodes de l’analyse sociologique de la Sorbonne (Gemass) à Paris, il s’intéresse depuis plusieurs années à la sociologie du sport et de la culture. En 2014, il a publié Sport, nature et développement durable. Une question de génération ? (Éditions de la MSHA – Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine), les actes d’un colloque tenu sur ce thème à Bordeaux en 2011, ainsi qu’une contribution, « Les trois âges de l’innovation sportive », à l’ouvrage dirigé par Christophe Bouneau et Yannick Lung, Les trajectoires de l’innovation (Bruxelles, Peter Lang).
Mis en ligne sur Cairn.info le 15/06/2015
https://doi.org/10.3917/inso.187.0014
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour Caisse nationale d'allocations familiales © Caisse nationale d'allocations familiales. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
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