CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1D’abord contenue dans un rôle d’outil comptable des populations, la démographie a progressivement acquis le statut de démarche scientifique à part entière : elle s’est dotée de concepts et de méthodes statistiques spécifiques à son objet, elle a développé ses propres problématiques et elle s’est portée sur des questions déterminantes pour l’action publique, telles que la structure de la population par âge et par sexe, sa répartition spatiale, son niveau de scolarité, la composition des familles et des ménages, l’emploi et le revenu... Ces connaissances contribuent à définir l’ampleur des besoins sociaux et, par conséquent, les objectifs à atteindre ainsi que les moyens de mesurer les résultats obtenus. La démographie occupe désormais, au même titre que l’économie ou la sociologie, une place essentielle parmi les disciplines et les connaissances nécessaires à la gestion des populations (par exemple pour la limitation des naissances dans des pays comme la Chine) et à la définition des politiques d’immigration et des politiques sociales.

2Ce constat ne vaut pas seulement pour les nations industrialisées qui se sont dotées d’une administration efficiente ; il concerne également les situations observées dans beaucoup de pays en développement, où les travaux des démographes permettent d’identifier et d’analyser les enjeux politiques contemporains dans ces secteurs clés que sont le logement, le travail, la santé ou encore la famille. Le XVIIe Colloque de l’Association internationale des démographes de langue française (Aidelf) [*], qui s’est tenu à Ouagadougou (Burkina Faso) en novembre 2012, s’était donné pour thème « Démographie et politiques sociales ». Il proposait de réfléchir aux relations entre les deux objets de son intitulé à travers deux questions centrales : le rôle que joue la démographie dans l’élaboration des politiques, d’une part et, d’une autre, la manière dont les politiques sociales parviennent à faire face aux grands enjeux sociodémographiques au nord comme au Sud. Les débats, qui faisaient une large place aux comparaisons internationales afin de mieux comprendre les différences de comportements entre les pays, ont reposé sur un dialogue entre enseignants, chercheurs et experts du développement venus d’horizons culturels et institutionnels variés autour du défi commun à tous les pays consistant à apporter une réponse à la demande sociale. Ils ont été alimentés par les apports de 90 communications et par les observations issues de deux tables rondes, l’une traitant de l’offre de formation en démographie dans le monde francophone et la seconde, du rôle des institutions de production de données démographiques dans les politiques sociales, en apportant un éclairage historique sur l’apparition des institutions et des outils de planification dans divers pays.

3Malgré les témoignages de la grande diversité des situations observées dans la plupart des pays représentés et l’encouragement qui fut prodigué aux jeunes chercheurs auteurs d’études de terrain concrètes, une recommandation de portée générale a été exprimée en conclusion de ces journées, conseillant d’éviter des approches trop sectorielles dans l’approche de problèmes qui sont complexes et imbriqués.

Notes

  • [*]
    Créée en 1977, l’Aidelf rassemble aujourd’hui près de cinq cents membres francophones répartis dans une soixantaine de pays.
Mis en ligne sur Cairn.info le 22/08/2014
https://doi.org/10.3917/inso.183.0125
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