1Que la conjoncture économique soit favorable ou que la crise sévisse, les inégalités entre les hommes et les femmes demeurent, au détriment de ces dernières. Deux études récemment publiées sous le même titre, Femmes et précarité, éclairent utilement sur les manifestations concrètes de la plus grande vulnérabilité des femmes aux difficultés économiques et sur les mécanismes qui génèrent celle-ci.
2Réalisés selon des méthodologies différentes, ces travaux convergent sur au moins deux points : la spécificité des situations des femmes à l’égard de la pauvreté et le bien-fondé d’une approche dite « genrée » des politiques publiques entreprises en la matière.
3Issu d’un cycle de qualification organisé par l’association Profession Banlieue en 2011, le Cahier [*] proposé par ce centre de ressources se présente comme une compilation d’interventions de chercheuses, de consultantes et de professionnelles. Elles se sont attachées à identifier les secteurs de la vie quotidienne où les inégalités entre les femmes et les hommes sont le plus prégnantes, les raisons pour lesquelles ces inégalités entretiennent une plus grande précarité chez les femmes et, en dehors des aides ponctuelles qui sont apportées à ces dernières, les moyens mis en œuvre pour leur permettre de sortir des situations de précarité qu’entraînent la solitude, des statuts professionnels instables, des revenus trop faibles ou des responsabilités de chef de foyer monoparental. Déjà créatrices de précarité en soi, de telles situations – qui, soulignent les contributeurs, n’ont pas qu’un caractère économique – apparaissent à la fois comme la résultante d’états d’inégalité endémique reposant sur un cumul de difficultés professionnelles et sociales et comme génératrices des conditions qui vont renforcer celles-ci. Ce cercle vicieux justifie un appel pour imaginer des réponses sociétales ciblées sur cette population au sein de laquelle cinq groupes ont été identifiés. En s’appuyant sur l’audition de plusieurs experts, le rapport présenté par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) [**], pour sa part, analyse le contexte socio-économique de la plus grande exposition des femmes à la précarité que démontrent les chiffres. Il met en évidence les spécificités féminines potentiellement vectrices de précarité en matière d’emploi. Ainsi, malgré un contexte d’augmentation de l’activité professionnelle et une hétérogénéité des situations des femmes concernées, celles-ci sont exposées à une précarité grandissante. Leur poids au sein des emplois non qualifiés atteint aujourd’hui 62 % contre 56 % en 1990 et elles sont de surcroît plus nombreuses que les hommes à n’exercer que des activités à temps partiel, de moins de 78 heures par mois. Les caractéristiques de ces emplois confrontent souvent les personnes qui les exercent à des conditions de travail préjudiciables à leur santé (pénibilité, horaires atypiques…) et à leurs vies personnelle et familiale, lesquelles, s’ajoutant à de faibles rémunérations, balisent une voie presque directe vers la paupérisation. Face à cette féminisation inquiétante de la précarité, la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité du CESE formule, pour lutter contre la précarité et favoriser une insertion sociale et professionnelle durable, des recommandations fondées sur une lutte précoce contre les inégalités entre garçons et filles et préconisant l’ouverture de perspectives d’insertion sociale et professionnelle qui garantiraient des conditions de vie dignes aux femmes concernées.