CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Eu égard à l’offre d’accueil régulier qui leur est faite – soit au moins un jour par semaine à l’année –, les moins de 3 ans vivant à Nantes (Loire-Atlantique) sont-ils mal lotis ? La ville ne le pensait pas. Mais comment expliquer, alors, les tensions récurrentes dans la population ? Pour le savoir, Nantes a initié en 2009, avec le conseil général et la caisse d’Allocations familiales de Loire-Atlantique, une large réflexion sur l’adéquation entre l’offre et les besoins en matière d’accueil de la petite enfance. La ville dispose de 64 établissements d’accueil collectifs qui gèrent 2 153 places, précise Audrey Daniel, responsable d’études à la Mission d’évaluation des politiques publiques de la ville de Nantes [1]. De plus, une partie de l’offre occasionnelle des multiaccueils municipaux, évaluée à 144 places, constitue en fait une modalité de garde régulière pour les parents ayant des emplois à horaires décalés ou des contrats précaires. De leur côté, les assistantes maternelles agréées en 2009 pouvaient accueillir environ 2 300 enfants et les possibilités de la garde à domicile s’élevaient, fin 2009, à 311 enfants. « La synthèse de l’ensemble de ces volets de l’offre a permis d’aboutir à l’estimation d’un potentiel d’accueil régulier (...) de l’ordre de 5 000 enfants », récapitule Audrey Daniel. Parallèlement, une évaluation des besoins potentiels des familles a été réalisée par le cabinet TMO Régions.

2À l’appui de l’exploitation d’un volume conséquent d’enquêtes, cet institut d’études estime que le besoin de prise en charge régulier par un mode d’accueil formel est d’au moins un jour par semaine pour près de la moitié des moins de 3 ans, en moyenne. En appliquant ce ratio à la population cible du territoire nantais, le besoin potentiel d’accueil régulier de la petite enfance a été chiffré à 4 600 enfants en 2009. Soit une excellente adéquation entre l’offre et les besoins.

3En théorie, car ce premier diagnostic a suscité beaucoup d’émoi dans les services municipaux, interpellés en permanence par des familles en quête d’une place, commente Audrey Daniel. Les investigations ont donc été poursuivies et un scénario prenant en compte la présence d’enfants de plus de 3 ans dans les modes d’accueil a été envisagé. En effet, seuls les enfants de 2 ans révolus peuvent – éventuellement – entrer à l’école en septembre. Les autres doivent attendre la rentrée suivante et occupent jusque-là les places d’accueil de la petite enfance. « Or, ces dernières années, l’Éducation nationale diminue fortement la scolarisation des 2 à 3 ans (de 786 entrées en 2006 à 488 en 2010) », fait observer Audrey Daniel. Les efforts faits simultanément pour accroître l’offre – 180 places d’accueil collectif ont été créées entre 2006 et 2010 – se trouvent ainsi mis à mal.

Notes

  • [1]
    « Accueil de la petite enfance : une approche territoriale pour évaluer la couverture des besoins », article publié dans la Revue française des affaires sociales, 2011/4, La Documentation française.
Caroline Helfter
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 10/02/2014
https://doi.org/10.3917/inso.179.0119
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