1L’accompagnement n’est pas une pratique nouvelle, mais c’est à partir des années 1990 que le mot est devenu le signifié (signifiant ?) d’un référent inévitable pour caractériser l’action de professionnels de domaines aussi différents que le sport, le tourisme, la santé, le social, l’éducatif et l’insertion. On doit à Maela Paul d’avoir effectué une ample réflexion sur cette forme émergente [1].

2Le registre musical offre un premier éclairage intéressant en situant l’accompagnement comme un soutien qui s’adjoint à la partie principale. Ainsi, le champ musical permet d’identifier deux dimensions importantes de l’accompagnement : la réciprocité et l’influence. L’étymologie renvoie au « compagnon », celui qui partage son pain (cum panis). Dans ce cas, il s’agit d’un compagnon de guerre et de route qui est à la fois un allié et un nourrisseur.

3Selon M. Paul, accompagner relève de trois « régions sémantiques » que traduisent les verbes conduire, guider et escorter. Le premier exprime les idées d’influence et de mise en mouvement. Le second renvoie à la notion d’anticipation et à la fonction d’éclaireur. Le troisième terme permet de penser le soutien et la réparation.

4À la base de l’accompagnement se trouve une dimension relationnelle duelle qu’il faut cependant penser dans un cadre collectif. Autrement dit, il y a bien un centrage sur l’individu « accroché » à des problématiques sociales. Cette relation redéfinit les places dans ses différents espaces d’intervention. L’accompagnateur n’est plus en position surplombante et normative a priori, mais plutôt dans une position parallèle et de coconstruction du parcours. Ce que l’on peut résumer en affirmant qu’accompagner c’est « aller avec et aller vers ». L’accompagnement se fonde sur un contrat d’association où l’accompagné est censé disposer d’une relative autonomie pour définir le but de son parcours, tandis que l’accompagnateur s’engage à construire le dispositif temporaire qui permettra d’atteindre l’objectif.

5L’accompagnement fait partie d’une nébuleuse où figurent d’autres formes duelles d’interventions comme le conseil, le tutorat, le parrainage, le coaching, le sponsoring, le mentoring, etc., qu’il est parfois difficile de distinguer les unes des autres. Le fil conducteur a sans doute été trouvé par Isabelle Astier avec sa formule du « travail avec autrui » [2].

6Ce terme, qu’elle applique à différents dispositifs d’insertion comme le Revenu minimum d’insertion (RMI) ou le Plan d’aide au retour à l’emploi (Pare), identifie des dimensions structurantes de l’accompagnement comme la subjectivité, la réflexivité, le projet et le pilotage par l’aval.