1En 2009, le président de la République déclarait que les missions locales étaient le pivot de l’insertion des jeunes, ce qui devait se manifester par la création ou le développement de deux dispositifs : le Revenu de solidarité active (RSA) jeunes et le Contrat d’insertion dans la vie sociale (Civis). À la fin de 2010, le bilan du RSA jeunes est d’environ 8 000 jeunes pris en charge, contre un objectif initial de 160 000 jeunes ; quant au Civis, pour environ 213 000 jeunes entrés dans le dispositif en 2010, 184 000 en sont sortis, dont 50 000 en emploi durable, 14 000 en emploi non durable et 14 000 en formation. Par-delà les résultats des dispositifs, on peut noter que le terme d’accompagnement fait partie des mots clés de l’insertion des jeunes et que le Conseil national des missions locales (CNML) évoque même l’existence d’un droit à l’accompagnement [1].
2Ce Conseil, présidé par Bernard Perrut, député-maire de Villefranche-sur-Saône, est l’instance officielle qui coordonne les relations entre l’État et les collectivités locales en matière d’insertion professionnelle et sociale des jeunes. Sa mission vise un double objectif : socialiser la question de l’insertion des jeunes et promouvoir les initiatives des acteurs de ce champ, d’une part ; animer le réseau des missions locales et capitaliser et valoriser les expériences locales, d’autre part. Le réseau est actuellement composé de 471 missions locales et permanences d’accueil et d’orientation, qui accueillent environ un million de jeunes chaque année. Les missions locales (ML) accueillent les jeunes en vue de la recherche d’un emploi, mais aussi, plus largement, aident à leur insertion sur un plan global : formation, logement, santé, droits, citoyenneté. L’approche des ML peut aller de la simple information jusqu’à « l’accompagnement pas à pas ».
3Même si la politique d’insertion a beaucoup évolué depuis sa création au début des années 1980 par Bertrand Schwartz [2], il semble que certaines caractéristiques soient toujours d’actualité, montrant la constance de la politique d’accompagnement des jeunes. L’évolution économique des dernières décennies a eu pour effet de rendre très incertains les destins des jeunes et de rendre l’accès à l’emploi particulièrement difficile. Les politiques d’insertion ont visé la coconstruction des parcours afin de toujours se situer dans une démarche volontariste. Ainsi, l’insertion ne se résume pas à l’accès à un dispositif institutionnel ; c’est aussi l’ensemble des dispositions prises par chaque jeune pour tenter de mettre fin à la précarité de sa situation. On peut donc, comme le proposent Laurence Roulleau-Berger et Chantal Nicole-Drancourt [3], analyser l’insertion comme un processus global de construction identitaire et de socialisation, non réductible à la seule mesure du positionnement sur le marché du travail.
Notes
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[1]
Conseil national des missions locales : www.cnml.gouv.fr
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[2]
Auteur d’un rapport sur l’insertion professionnelle et sociale des jeunes en 1981, puis délégué interministériel à l’insertion professionnelle et sociale des jeunes en difficulté.
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[3]
Nicole-Drancourt C. et Roulleau-Berger L., 2006, L’insertion des jeunes en France, Paris, Presses universitaires de France (Puf), coll. « Que sais-je ? ».