1Dans la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, le terme d’« accompagnement » ou ses dérivés – « accompagner », « accompagnateur », « accompagnant » – est employé une bonne quarantaine de fois. C’est dire si cette notion est centrale, font observer Henri-Jacques Stiker, directeur de recherches à l’Université Paris VII, José Puig, directeur de l’association de formation I=MC2, et Olivier Huet, directeur adjoint de l’Institut régional de travail social de Montrouge/Neuilly-sur-Marne, qui ont effectué ce décompte [*]. Mais, qu’est-ce qu’un « bon » accompagnement ?
2Cette loi de 2005 ne fournit pas de réponse à cette question : le mot « accompagnement » y est employé dans les sens les plus fluctuants. Les attentes des personnes handicapées sont, elles aussi, fluctuantes, pour ne pas dire paradoxales, ajoutent Henri-Jacques Stiker, José Puig et Olivier Huet. En substance, les intéressés veulent être autonomes, mais ils demandent à être accompagnés pour que cette autonomie soit possible et qu’ils puissent y accéder à moindre risque. Entre exigences de technicité et d’affectivité, de professionnalisme et de malléabilité, les multiples qualités que les personnes handicapées souhaitent trouver chez leur accompagnant peuvent également être contradictoires. S’attachant à analyser les différentes facettes de l’accompagnement, les trois spécialistes aboutissent à l’ébauche d’un « art d’accompagner ». Entendu comme « pratique éclairée et exercice professionnel négocié avec son bénéficiaire », ce dernier relève d’un savoir-faire complexe qui devrait être transmis entre pairs, estiment-ils.
3Ni métier, ni méthode, ni simple posture, l’art d’accompagner se joue à deux : c’est une coproduction de leur relation par les protagonistes, chacun étant amené à revoir quelque peu sa partition de départ pour que la collaboration soit harmonieuse. Selon les auteurs, l’accompagnateur doit « accepter de franchir les frontières et les repères de son rôle professionnel tout en évitant d’entrer dans une relation où s’exposerait trop sa subjectivité ». Quant à la personne handicapée, il lui faut « sans cesse s’efforcer d’objectiver ses attentes et ses demandes » jusqu’à devenir, d’une certaine façon, « un véritable “professionnel” de sa propre situation », à même d’orchestrer les contenus, rythmes et durées d’intervention de ses différents accompagnants.
Notes
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[*]
Stiker H.-J., Puig J. et Huet O., 2009, Handicap et accompagnement. Nouvelles attentes, nouvelles pratiques, Paris, Dunod.