1Il est des professions où les femmes peinent à faire leur place. D’autres, en revanche, sont fortement féminisées. Toutefois, cette présence importante des femmes ne se traduit pas forcément au sommet de la hiérarchie. Il en est ainsi dans le secteur de l’intervention sociale. Les femmes représentent 95 % des personnes qui exercent dans les métiers de l’aide sociale – où les assistant-e-s de service social constituent l’essentiel des troupes. Elles sont également 71 % des professionnels de l’animation, et 63 % de ceux de l’éducation spécialisée [1]. Au vu de la proportion de femmes dans les formations initiales préparant à ces professions – tous cursus confondus, 84 % des étudiants, en 2004, étaient des étudiantes –, cette « hégémonie » féminine n’est pas près de s’amenuiser. Dans le domaine de la formation continue, la répartition hommes-femmes chez les stagiaires – 30 % d’hommes et 70 % de femmes – est conforme à la répartition des effectifs salariés, fait observer le sociologue Patrick Dubéchot, formateur à l’École supérieure de travail social de Paris [2]. « L’accès à une action de formation n’est donc pas lié au critère de genre », commente-t-il, mais pour immédiatement moduler ce propos. En effet, la part des femmes diminue lorsque le niveau de qualification de ces formations continues augmente. Ainsi, les femmes ne constituent que 50 % du public des stages de niveau I et II, précise le sociologue. En termes d’encadrement, la division sexuée est sans doute moins nette dans le social qu’elle peut l’être ailleurs. Cependant, le taux des femmes directrices ou chefs de service ne reflète pas leur prépondérance globale – ni le fait que les femmes sont aussi souvent que les hommes titulaires d’un diplôme universitaire de niveau I ou II. « Comme dans bien d’autres secteurs d’activité, les hommes travailleurs sociaux ont plus souvent et plus rapidement accès aux postes hiérarchiques », note Patrick Dubéchot, soulignant que, tous champs confondus, les deux tiers des postes de direction sont occupés par des hommes. Seule exception : les établissements de la petite enfance, où le taux de directrices (97 %) correspond à celui des effectifs féminins. En revanche, ces derniers sont de 86 % dans les établissements qui accueillent des personnes âgées, de 72 % dans ceux qui sont dédiés à l’enfance handicapée, et de 65 % dans les établissements de la protection de l’enfance ; or, on ne retrouve respectivement que 35, 24 et 22 % de femmes au plus haut niveau dans ces trois domaines. S’agissant des chefs de service, la situation n’est pas très différente de celle des directeurs : leur population est à 61 % composée d’hommes.
Article
Auteur
Caroline Helfter
Cité par
- Mis en ligne sur Cairn.info le 19/01/2012
- https://doi.org/10.3917/inso.167.0095
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