CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Issu d’une traduction paresseuse de l’expression américaine social network, le terme de « réseau social » s’est imposé dans le vocabulaire français du XXIe siècle. Malgré sa tournure nettement tautologique et son imprécision, ou peut-être grâce à elles, le vocable se retrouve désormais dans de nombreux discours et remporte des succès de curiosité et de popularité.

2Pour le citoyen ordinaire, les réseaux sociaux, quelle que soit leur fonction principale, semblent répondre à des attentes assez vagues. La plupart se contentent de proposer des prestations qu’on pourrait qualifier d’assez futiles, quelques-uns seulement s’inscrivant dans des registres de services plus sérieux.

3Compte tenu de la capacité des réseaux numériques d’échanges à réunir et à informer, qui peut se révéler très utile aux travailleurs sociaux en leur permettant de réduire les situations d’isolement et d’ignorance des droits et des voies d’accès à ceux-ci, on peut se demander si leur prolifération d’échanges a trouvé dans le domaine de l’action sociale un terrain privilégié.

4La situation française semble apporter une réponse plutôt négative à cette question. S’il existe, certes, des sites d’information et de documentation spécialisés, les ressources propres à la structure «?réseau social?» restent encore peu employées. En Belgique, un numéro de La Lettre Emerit[1], publiée à Namur depuis une vingtaine d’années par la Fondation Travail-Université (FTU), commente un certain nombre des observations faites lors d’une conférence qui s’était tenue à Louvain en septembre 2010 [2]. Une étude menée par la FTU souligne que les jeunes défavorisés, même s’ils se trouvent en situation de décrochage scolaire ou connaissent des difficultés d’ordre familial ou psychologique, sont souvent familiarisés d’une manière ou d’une autre avec Internet. Toutefois, ils sont rarement capables d’en faire un usage régulier ou de franchir le fossé qui sépare l’usage ludique de la pratique finalisée sur la recherche de solutions à leurs problèmes. L’Union européenne est consciente du problème : son programme ICT d’appui stratégique en matière de TIC accueille, par exemple, le projet Incluso, qui vise à tester l’utilisation d’un logiciel facilitant le dialogue entre les travailleurs sociaux et les jeunes en difficulté. Le programme soutient également d’autres projets, comme ComeIN, dont l’objectif est de transférer sur des téléphones mobiles le principe des communautés en ligne d’Internet, ou Hands, qui est destiné à aider de jeunes autistes à affronter les situations de la vie quotidienne en utilisant des environnements virtuels au sein desquels ils acquerront des repères.

5Sont aussi cités le projet Replay, qui s’adresse à des jeunes marginalisés en raison de leurs comportements antisociaux, et le projet Umsic, dont le but est de contribuer à l’enrichissement de la communication d’enfants de 3 à 12 ans victimes de troubles du langage, de l’apprentissage ou de l’émotion. Tous ces outils se distinguent des logiciels de pédagogie assistée, non seulement parce qu’ils visent des publics spécifiques, mais aussi parce qu’ils exploitent les outils interactifs du Web 2.0 pour développer des liens entre ces publics et les ressources, personnes ou informations susceptibles de leur apporter une aide.

Notes

  • [1]
    La Lettre Emerit (Expériences de médiation et d’évaluation dans la recherche et l’innovation technologique), Fondation Travail-Université (FTU), n° 63, septembre 2010.
  • [2]
    Conférence internationale sur « eInclusion de la jeunesse à risques?», organisée par le projet Incluso les 13 et 14 septembre 2010, International Conference on eInclusion of Youth at Risk, disponible sur http://www.incluso.org/conference
Mis en ligne sur Cairn.info le 19/01/2012
https://doi.org/10.3917/inso.167.0023
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