1L’évolution de la démographie et la dégradation des conditions de vie dans un contexte de crise économique générale ont modifié en profondeur les conditions d’exercice du travail social.
2Une population de plus en plus importante de personnes âgées, souvent rendues dépendantes par le vieillissement, de personnes plus jeunes souffrant d’un handicap physique, mental ou social, ainsi que d’adultes victimes «?d’accidents de la vie?», subissant le chômage ou le surendettement, compose ce qu’on appelle la clientèle de l’action sociale. Le malheur est de tous les temps, mais les formes qu’il revêt se renouvellent et se multiplient, conduisant les pouvoirs publics à rechercher des modes d’intervention répondant aux besoins spécifiques qui apparaissent et à créer les moyens de leur mise en œuvre.
3Du côté des moyens, l’initiative privée, également désignée sous le nom d’action caritative, a souvent eu ce que l’on pourrait appeler l’avantage du calendrier pour créer des emplois nouveaux dans un cadre de moindre contrainte administrative. Elle a été rapidement relayée dans ce rôle par des collectivités territoriales (mairies, conseils généraux) auxquelles une compétence a été attribuée en ce domaine. Ces emplois contractuels ont pu être accusés «?d’introduire le loup de l’incompétence dans la bergerie de la professionnalité?», même s’ils se révélaient «?construits sur de réels besoins et assis sur l’immobilisme des professionnels?» [1].
4S’interrogeant sur les propriétés de la formation aux fonctions éducatives, Marcel Jaeger observait en 2009 [2] que ces nouveaux métiers, bien qu’ils soient stabilisés quant à leur contenu et solidement ancrés dans le dispositif d’action sociale, lui-même radicalement réorganisé, semblent dérouter les professionnels, dont ils modifient les repères, et paraissent moins attractifs aux yeux des étudiants – leur nombre a connu une nette diminution à l’entrée des instituts de formation.
5Cette nécessité de penser de nouvelles qualifications et de nouvelles compétences, indique Catherine Tourrolier [3], implique d’affiner les moyens pour lutter contre la marginalisation et l’isolement des personnes en difficulté. Les politiques d’action sociale, en créant de nouveaux moyens de lutte contre l’exclusion, contre la précarité et les situations de ruptures, impulsent également une réflexion sur les pratiques d’accompagnement, ainsi que des formations répondant aux réalités du travail social. L’utile recensement entrepris par l’auteur des formations et des nouvelles compétences met en lumière le rôle joué par la formation continue et par la validation des acquis professionnels dans l’accès à des carrières, qui s’inscrivent de plus en plus souvent dans le cadre d’un partenariat avec les professionnels de terrain et les instituts de formation du secteur sanitaire et social, souligne-t-elle.
Notes
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[1]
François Chobeaux, 2001, «?De “nouveaux métiers” qui dérangent?», Centre de ressources ville-école-intégration, VEI Enjeux, n° 124, mars, p. 161-165.
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[2]
Marcel Jaeger, 2009, «?La formation des travailleurs sociaux?: nouvelles configurations, nouveaux questionnements?», Informations sociales, n° 152, mars-avril, p. 74-82. En ligne
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[3]
Catherine Tourrolier, 2009, Panorama du travail social?: nouveaux métiers, nouvelles missions, Nîmes, Champ Social Éditions, coll. «?Métiers et formations?». En ligne