1Même si l’on admet avec Pierre Bourdieu que « la jeunesse n’est qu’un mot » parce que la diversité des conditionnements auxquels les jeunes sont soumis ne permet pas de considérer cette classe d’âge comme sociologiquement cohérente, il n’est pourtant pas interdit de C s’interroger sur l’impact que les facteurs culturels exercent sur les représentations que les jeunes ont de l’avenir et, plus généralement, sur leur satisfaction à vivre la vie qui est la leur.
2C’est à cette tâche que l’institut de sondage suédois Kairos Future-Fondation s’est livré à l’automne 2006 en interrogeant par voie télématique dans 17 pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique un échantillon de 22 000 personnes composé pour les trois quarts de 16-29 ans, et pour 25 % de 30-50 ans. L’objectif assigné à l’entreprise était de tenter de mesurer la perception que les 16-29 ans ont de l’avenir, leur état d’esprit face à la mondialisation, leur attitude vis-à-vis du travail, de l’argent, de la famille, des institutions, ou encore des générations qui les précèdent. Sortis de l’ordinateur courant 2007, les résultats ont été analysés et commentés en 2008 par une équipe de sociologues [1] pour le compte de la Fondation pour l’innovation politique.
3Le rapport se divise en deux parties centrées respectivement sur des thématiques transversales (représentations de l’avenir, rapport au travail, famille) ou sur l’analyse de situations nationales (Italie, France, Allemagne, Royaume-Uni, Suède et États-Unis font l’objet d’un traitement particulier). Le rapprochement de données relatives aux croyances et aux attitudes pays par pays permet d’établir une « caractérologie » nationale sur laquelle se fonde une série de portraits qui présentent de façon un peu caricaturale de jeunes Français et Anglais comme pessimistes face à$des Américains qui ne le sont pas et à des Italiens, des Allemands et des Suédois plutôt partagés sur la question.
4L’analyse ne s’en tient pas bien sûr pas à ces images superficielles, mais s’attache aussi à montrer l’importance du lien entre les aspirations des personnes et les facilités dont ils disposent pour les réaliser. Elle met en cause les politiques d’accompagnement de la jeunesse vers l’âge adulte, dont le colloque organisé en 2007 par le Centre d’analyse stratégique a souligné le rôle.
5Si les structures nationales jouent un rôle déterminant dans les croyances et les perceptions, l’âge demeure pourtant une variable fondamentale. En ayant recueilli sur les mêmes questions les points de vue d’adultes de 30 à 50 ans, la recherche a permis de constater, d’une part, que les « seuils de jeunesse » variaient sensiblement d’un pays à un autre, mais aussi en fonction des domaines considérés (famille, emploi, loisirs, consommation, confiance, droits et obligations morales, etc.) et, d’autre part, que le passage dans la trentaine constituait bien, tous pays confondus et malgré des disparités, l’entrée dans l’âge adulte.
Note
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[1]
Stellinger A. et Wintrebert R. (préface Singly F. de), 2008, « Young people facing the future. An international survey », Fondation pour l’innovation politique, disponible sur http://www.fondapol.org