1À maints égards, parents des champs et parents des villes partagent les mêmes préoccupations. Les premiers, cependant, rencontrent un certain nombre de difficultés particulières, qui sont liées à la configuration et aux ressources des territoires ruraux. Un groupe de travail, issu du comité de pilotage national des Réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents (Réaap), a réalisé une enquête à l’échelon départemental pour recenser la spécificité de ces problématiques parentales [1]. Toutes sont, peu ou prou, caractérisées par l’isolement dû à l’insuffisance de services de proximité et de l’offre de transports collectifs.
2Les premières difficultés commencent autour de la naissance avec l’éloignement des hôpitaux, qui complique le suivi des grossesses, et le manque d’accompagnement des familles après l’arrivée de l’enfant, qui renforce leur sentiment de solitude. Les parents habitant les zones rurales les plus enclavées et/ou les plus petites communes sont également confrontés à la rareté des équipements d’accueil de la petite enfance, concentrés dans les villes et les bourgs-centres, et à la non-adaptation des structures existantes aux situations d’emploi atypiques (en termes d’horaires ou de saisonnalité, par exemple). Les familles ne trouvent pas forcément non plus le moyen de faire garder leurs enfants par une assistante maternelle – le mode d’accueil le plus courant en dehors de la parenté –, non seulement à cause de la pénurie de places dans de nombreux départements, mais aussi parce que les assistantes maternelles peuvent donner la priorité aux parents ayant des horaires réguliers et à temps plein. En outre, le recours à une assistante maternelle se révèle trop onéreux pour les ménages modestes, particulièrement ceux du monde agricole précarisés par les crises successives que ce secteur a connu ces dernières années.
3S’agissant du suivi de la scolarité, les relations des familles avec les enseignants sont aussi complexifiées par la distance géographique, ce dont témoigne un dialogue plus fréquent lorsque les enfants sont dans le primaire qu’au collège ou au lycée. Conséquence de cette insuffisance d’échanges, le défaut d’information sur les possibilités d’orientation des jeunes qui réduit l’éventail de leurs choix. Ces derniers sont également affectés par le manque de transports collectifs qui conduit souvent à privilégier des établissements de proximité. Les temps et les coûts de déplacement ou d’hébergement brident, aussi, les aspirations des adolescents dans le domaine de la formation et de l’insertion professionnelles et des loisirs, et limitent la prévention sanitaire.
Note
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[1]
Publié en mars 2009, le rapport de ce groupe de travail sur la « Parentalité en milieu rural » est disponible sur le site de l’Unaf : www.unaf.fr/spip.php?article8792