CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Où est-on le plus riche dans le monde ? La réponse semble aller de soi mais des inflexions sensibles aux données du sens commun se font jour.

2Deux études réalisées l’une par le groupe d’assurances allemand Allianz, l’autre par l’institut berlinois DIW (Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung - Institut allemand pour la recherche économique) apportent des éclairages à la question. La première indique en effet que, si la richesse privée détenue par les particuliers se concentre toujours sur les pays industrialisés, les effets de la crise, dont les effets y perdurent, ont accéléré le rééquilibrage en faveur des pays qu’on disait hier « en développement ». La seconde souligne que l’érosion de la classe moyenne, la Mittelschicht, se poursuit en Allemagne.

3L’étude récemment publiée [1] par Allianz confirme la tendance à l’expansion de la classe moyenne, qui aurait triplé au cours des dix dernières années dans la plupart des pays dits « émergents » comme le Brésil, la Chine ou la Russie. Les données réunies par les analystes portent sur le patrimoine (hors biens immobiliers) des citoyens d’une cinquantaine de pays représentant 68 % de la population mondiale et 87 % du Produit intérieur brut (PIB) mondial.

4Au sein de cet ensemble ont été distingués trois groupes, respectivement composés des 21 pays où les fortunes privées sont le plus élevées (en moyenne 31 600 euros), de 13 autres où la richesse moyenne des actifs est comprise entre 5 600 et 31 600 euros et d’une quinzaine d’autres, les plus pauvres, dont un grand nombre d’émergents, où la richesse privée par personne est inférieure à 5 300 euros. Si l’écart reste globalement très important entre les plus riches et les pauvres, l’analyse établit que la dynamique se situe clairement du côté des pays émergents, dans lesquels, en dix ans, la richesse privée par personne a augmenté sept fois plus vite que dans les pays riches avec, il est vrai, de très grandes disparités.

5L’étude du DIW portant sur la situation économique des Allemands [2] pointe, au contraire, une érosion des classes moyennes outre-Rhin, l’évolution étant caractérisée ces dix dernières années par un enrichissement des plus riches et une paupérisation des plus pauvres. Le rapport indique que les classes moyennes (définies par un revenu compris entre 70 % et 150 % du revenu moyen, qui est lui-même situé entre 860 et 1 844 euros) apparaissent comme les perdantes des transformations subies par la répartition des revenus, ne représentant plus aujourd’hui que 61,5 % contre 66,5 % de la population en 2000. Cette érosion de la Mittelschicht, dont l’observation n’est pas nouvelle, s’est faite à la fois par le haut et par le bas, l’évasion se produisant vers la catégorie des hauts revenus, qui est passée de 15,6 à 16,8 %, et vers celle des bas revenus, qui est passée, elle, de 18 à 22 %.

6Le facteur principal de ce mouvement semble bien, selon les auteurs de l’étude, être le chômage dont l’impact sur l’accroissement des inégalités a été mis en évidence. Commentant ces résultats, l’économiste Jan Goebel n’a pas manqué de faire part du danger que le phénomène présente à ses yeux quant à la cohésion sociale.

Notes

Mis en ligne sur Cairn.info le 14/04/2011
https://doi.org/10.3917/inso.163.0115
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour Caisse nationale d'allocations familiales © Caisse nationale d'allocations familiales. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...