1Depuis plus de cinquante ans, Georges Gontcharoff est un militant de l’éducation populaire, de la démocratie participative et du développement local, trois idées, ou plus exactement trois convictions qui se combinent et se complètent dans ce que la philosophie grecque appellerait une praxis, une action destinée à transformer les rapports sociaux. Hormis qu’il a été enseignant, on sait peu de choses sur un homme qui s’en tient à un rôle discret de pédagogue dans lequel il excelle, au plus près de ceux qu’il appelle les acteurs de terrain. Car s’il a beaucoup écrit [1], il a aussi animé en France métropolitaine et ultramarine un nombre incalculable de débats là où il fallait expliquer, convaincre, mettre les partenaires concernés par le développement local en situation de dialogue positif et de coproduction constructive. Son domaine est l’aménagement du territoire dans une perspective citoyenne et non pas technocratique, ce qui n’exclut évidemment pas la prise en considération des éléments de situation qui relèvent de l’intérêt collectif. Dans cette démarche où les marges sont parfois très étroites, il faut informer, expliquer, rassurer et convaincre afin de créer les conditions d’un dialogue apaisé entre le citoyen et l’Administration, chacun des acteurs concernés connaissant et comprenant les mécanismes dans lesquels ils sont impliqués. C’est au sein de l’Adels [2] et de sa revue (Correspondance municipale devenue?Territoires) qu’il a contribué à fonder dès le début de la Ve République dans un contexte de modernisation autoritaire de l’État, que Georges Gontcharoff a commencé à expliquer la réforme des collectivités locales, matière complexe et bien souvent bouleversée par la politique de la Ville à partir de 1977 ou par les lois de décentralisation (dites « lois Defferre ») en 1982, et les divers dispositifs les amendant ou les ajustant depuis lors. Analyste et commentateur, mais aussi militant, Gontcharoff s’est impliqué au sein du club puis du groupe ministériel « Habitat et vie sociale » (1975-1977) et aux côtés des promoteurs du développement social des quartiers en 1981-1982. Sa conviction est que la décentralisation ne peut fonctionner efficacement que si chaque institution admet qu’elle doit coordonner son action avec celle des autres, définissant ce que l’on pourrait appeler un « partenariat obligé » qui ne peut s’effectuer que sur la base de contrats, afin de réaliser des partenariats de projets et des cofinancements négociés. Le dernier des ouvrages publiés par Georges Gontcharoff (op. cit.) expose à partir d’une dizaine d’exemples comment des projets « ascendants », c’est-à-dire initiés par les citoyens eux-mêmes, peuvent aboutir en utilisant, entre autres, les ressources de l’intercommunalité ou de la région et suggère que la connaissance du fonctionnement et des pouvoirs des institutions publiques soit mieux programmée dans la formation initiale des travailleurs sociaux, des animateurs, des agents de développement, des techniciens sectoriels, des salariés et bénévoles associatifs, et même des fonctionnaires.
Notes
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[1]
Dernier ouvrage publié : Gontcharoff G., 2009, Dix territoires d’hier et d’aujourd’hui pour mieux comprendre le développement local, Adels.
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[2]
Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale, http://www.adels.org