1Ce n’est qu’une moyenne, c’est-à-dire une donnée statistique qui concerne tout le monde mais dans laquelle personne ne reconnaît sa propre situation. Après avoir reculé à la fin des années 1970, le poids des charges financières (loyers ou remboursements d’emprunt) liées au logement [1] est passé de 7,7 % à 11,4 % du budget des ménages entre 1978 et 2006, ce qui représente une hausse de près de 50 %.
2Dans sa généralité, le chiffre recouvre des réalités extrêmement différentes, pouvant varier du simple au double selon l’âge des membres du ménage, le type de celui-ci ou le statut d’occupation du logement, les accédants récents (depuis moins de cinq ans) et les couples de plus de 40 ans sans enfant affichant les pourcentages le plus élevés.
3Malgré son importance quantitative, constatent Robert Rochefort et Philippe Moati [*], le poste « logement » reste assez mal pris en compte dans les indicateurs de revenus et de prix, principalement pour des raisons d’ordre technique qui rendent son statut assez flou.
4La première de celles-ci est que les remboursements d’emprunts immobiliers, qui sont assimilés à une forme d’épargne en comptabilité nationale, ne sont pas soustraits du revenu mais considérés comme un élément du patrimoine, bien qu’ils soient effectivement préengagés et qu’ils apparaissent comme un moyen efficace d’appréhender le poids de l’acquisition de logement dans le budget des ménages.
5La seconde est que les dépenses d’acquisition de logement ne sont pas couvertes par l’indice des prix à la consommation car l’achat d’un logement est considéré comme un investissement et non comme un acte de consommation. Il est ainsi réellement difficile de définir un « prix » des dépenses de logement tant celui-ci est soumis, sur un plan comptable, à la variété des situations des personnes : accédants à la propriété, locataires, propriétaires. Le logement, soulignent les rapporteurs, « peut être défini comme un actif ambigu », présentant simultanément les propriétés d’un actif de placement et celles d’un bien de consommation très durable.
6Conscients qu’un écart important existe entre l’évolution du pouvoir d’achat mesurée par les chiffres officiels et la perception qu’en ont les consommateurs, R. Rochefort et P. Moati suggèrent de construire, à côté de l’indice des prix, des indices du coût de la vie et d’expérimenter des indicateurs de qualité de vie et de bien-être qui définiraient plus rigoureusement le champ des dépenses contraintes et tiendraient mieux compte du logement dans un indice des prix élargi. Une telle initiative est d’ailleurs en cours d’étude au niveau européen, Eurostat visant, à travers l’approche dite des « acquisitions nettes de logement », à construire un indice de la dépense des ménages, c’est-à-dire de la consommation élargie aux investissements en logement. L’initiative est prometteuse mais également très délicate à mener à bien, compte tenu non seulement des problèmes de définition en termes de comptabilité publique, mais aussi des interrogations qui se font jour quant à la possibilité de comparer les données d’un pays à l’autre.
Notes
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[1]
Claude Gressier, « Rapport à la Commission des comptes du logement. Comptes du logement 2009. Résultats provisoires 2007 et premières estimations 2008 ».
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[*]
Robert Rochefort et Philippe Moati, 2008, Mesurer le pouvoir d’achat, rapport de la commission « Mesure du pouvoir d’achat des ménages », Paris, La Documentation française.