1Les dictionnaires de sociologie indiquent qu’un réseau social est un ensemble d’entités sociales telles que des individus ou des organisations, unis entre eux par des liens créés lors des interactions qu’ils engagent.
2Dans son acception la plus actuelle, le terme réseau social désigne “une catégorie de sites Web avec des profils d’utilisateurs, des commentaires publics semi-persistants sur chaque profil, et un réseau social public navigable (“traversable”) affiché en lien direct avec chaque profil individuel”.
3Ces sites utilisent les ressources du Web dit 2.0, c’est-à-dire des outils logiciels qui leur confèrent une très large interactivité et qui permettent aux membres des réseaux de s’y exprimer avec la même souplesse que dans la conversation courante, chacun pouvant dialoguer avec l’ensemble du groupe ou de manière plus restrictive. Différence essentielle : ces réseaux autorisent un certain anonymat et demeurent “actifs” même lorsque leurs membres ne sont plus connectés. Mais plus encore, ils se développent par un processus d’agrégation boule de neige, chacun ayant – au moins pour certains de ces sites – la possibilité de s’associer en entraînant dans sa démarche d’autres membres qui se sont déclarés étant ses “amis”.
4Les objectifs que se sont donnés ces réseaux sont divers. Il s’est d’abord agi de communautés virtuelles rassemblées par une passion commune pour l’automobile, pour la philatélie, pour un artiste, pour la culture des bonzaïs, voire par l’envie de découvrir l’âme sœur, etc. Mais les choses ont désormais changé d’allure et d’échelle, puisque le réseau à la mode Facebook (terme anglais se traduisant par trombinoscope) répond à l’envie de tout un chacun de se faire connaître des autres en affichant non seulement sa photographie comme l’indique le nom du site, mais en déclinant aussi ses goûts des plus banals aux plus intimes, son histoire personnelle, ses projets, ses convictions ou les produits de ses compétences. Même s’il est possible de réserver une partie de ces informations aux seuls membres du réseau avec lesquels on est proche, il n’en demeure pas moins vrai que l’on ne vit plus caché – et donc heureux, si on en croit l’adage – que si l’on ne dispose pas d’une connexion à Internet.
5Facebook a été créé en 2004, aux États-Unis. Dès l’année suivante, il comptait 17 millions de membres et doit aujourd’hui en rassembler près du double tant son attractivité est contagieuse, portée par la curiosité, par une propension à l’extraversion assez répandue chez l’humain et par un ensemble d’avantages matériels et symboliques qui masquent au regard de beaucoup des “facebookers” les dangers potentiels pour la vie privée et la vulnérabilité au mercantilisme dont le système est le vecteur.
6Comme la langue pour Ésope, le réseau social informatisé peut être la pire ou la meilleure des choses. Au cours des années à venir, le sage en observera l’évolution et cherchera à en définir l’usage le plus conforme à l’idéal démocratique dont il peut devenir l’outil… s’il ne sert pas les visées à l’asservissement d’un Big Brother tapi dans l’ombre.
