1L’adoption d’un enfant est une démarche encadrée par un grand nombre de formalités administratives qui sont souvent vécues par les adoptants comme un parcours du combattant. Mais c’est aussi une entreprise socialement et affectivement impliquante pour ceux qui s’y engagent, et qui, quand ils l’abordent pour la première fois, leur inspire une certaine appréhension. Cette émotion est souvent sous-tendue par un certain nombre d’assertions qui circulent dans l’opinion avec le statut douteux de “savoir général”, alors qu’elles ne sont que des idées préconçues, fruits de l’ignorance pour ne pas dire pièces d’un bêtisier.

2C’est pour répondre à ces rumeurs que la psychanalyste et pédopsychiatre Fanny Cohen Herlem [1] a rédigé ce petit volume dans une collection justement nommée “Idées reçues”, dont l’ambition annoncée est “d’adopter le point de vue du lecteur pour mieux l’interpeller”.

3L’ouvrage est structuré autour d’une quinzaine de ces formules que chacun a forcément entendues un jour et que l’auteur commente en s’efforçant à la fois d’en expliquer la genèse et d’en corriger l’imprécision ou l’inexactitude. Les différentes facettes du phénomène sont explorées, qu’il s’agisse du droit (“On ne peut pas adopter quand on est célibataire ou au-delà d’un certain âge”), de l’histoire (“Autrefois, l’adoption était un phénomène plus courant qu’aujourd’hui”), de la psychologie (“Les enfants adoptés sont moins équilibrés que les autres”), de la pédagogie (“Il faut dire tout de suite à l’enfant qu’il a été adopté”) ou d’approches moins caractérisées mais qui relèvent des “bruits qui courent” que l’on remet rarement en question.

4Nombre de journaux traitant des “questions de société” alimentent ces rumeurs ou contribuent sans grand souci déontologique à leur diffusion. L’intention de l’auteur aurait donc pu être satirique ou dénonciatrice, ce qu’elle n’a pas voulu, au nom du respect dû à ces couples pour lesquels l’adoption est aussi le projet d’une vie et à l’enjeu que représente le destin d’un enfant. Il faut enfin souligner qu’une place importante est réservée, dans les commentaires que cet ouvrage rassemble, à l’adoption internationale et aux questions spécifiques qu’elle soulève, l’adopté potentiel étant alors deux fois étranger, par le sang, évidemment, mais aussi par la culture dont il est le vecteur ou le fruit.