1Icône culturelle chevelue/frisée à l’accent typiquement québécois, Robert Charlebois n’est ni un philosophe académique, ni un universitaire spécialiste des questions sociales. Chansonnier, inoubliable interprète de titres tels “Entr’deux Joints”, “J’veux d’l’amour”, “J’t’aime comme un fou”, “Québec Love”, “J’ai d’la misère avec les femmes”, ou bien encore “Je rêve à Rio”, il n’a jamais publié qu’un petit roman, légèrement polisson, qu’il décrit lui-même comme “une blague en papier”.
2Toute son œuvre n’en reste pas moins une sorte de pont, musical, entre deux continents. “ Je suis un penseur original, a-t-il déclaré, qui n’a pas de maîtrise en musique mais qui maîtrise sa musique et qui a un plaisir fou à en faire”. Lors de ses innombrables tournées et spectacles, le grand Montréalais, par ailleurs décoré de l’Ordre du Canada mais aussi de la médaille de Vermeil de l’Académie française, sait donner une image dynamique et sympathique de ses origines et de ses idées.
3Marqué au début de son art par le mouvement et les substances psychédéliques, le « gars ben ordinaire » a su conserver de l’audace, un brin de provocation, mais surtout beaucoup d’ironie, d’humour et de tolérance. Egalement acteur, apparu notamment dans le western spaghetti Un génie, deux associés, une cloche ainsi que dans La Fiancée qui venait du froid et Sauve-toi, Lola), Charlebois est un artiste 100 % rock/folk/country (ce qui fait, mathématiquement, un partage en trois).
4En quarante ans de carrière, l’auteur-compositeur, musicien et interprète s’est fait défenseur du pacifisme, de l’écologie et de la francophonie. Politiquement, il fut candidat aux élections fédérales à la fin des années soixante sous les couleurs d’un parti qu’il a fondé, le « Rhinocéros », aux objectifs loufoques. Il fut aussi chef de la compagnie des Lapins bleus dans l’immortelle comédie poétique pour enfants Emilie Jolie. Ses options politiques, bien secondes derrière son implication artistique, peuvent se repérer à travers quelques strophes : “Dans les années de Gaulle / C’était beaucoup plus drôle / Chacun twistait son rôle / Son rock, son rock and roll”. Parfois érigé en hymne souverainiste, son Indépendantriste est, en quelque sorte, une contribution à l’identité et l’âme québécoises (“Faut qu’on s’sépare, y faut qu’on splitte / C’est toi qui pars ou moi j’te quitte / Prends l’Pacifique, j’garde l’Atlantique / Together and indépendantriste”).
5Au-delà des questions de société, il s’est aussi intéressé, par exemple, au cannabis et aux talons hauts. Grand amateur de bière, au point de devenir brasseur et birologue, il avait, avant de cesser toute consommation d’alcool, cette jolie formule “Les meilleurs moments de la vie se terminent toujours par une bonne bière”.
6Charlebois nous livre du Québec une conclusion assez générale, “La vie est belle”, et une recommandation/exhortation pour savoir comment se comporter au quotidien : “Fais-toi z’en pas tout le monde fait ça”.