1La formation des adultes est une affaire ancienne et même séculaire. Qu’elle présente le caractère substitutif de la reprise d’une scolarité qui n’a pas pu se dérouler normalement, celui d’une mise à jour de connaissances – surtout techniques – rendue nécessaire par l’évolution des technologies professionnelles, d’un approfondissement de savoirs acquis ou de l’accès à une discipline ou à des savoir-faire nouveaux, l’idée d’instruire au-delà de la formation scolaire remonte au moins au Moyen Âge.
2Ses appellations sont aussi nombreuses que les objectifs qu’elle s’est assignés tour à tour : la Révolution française parlait, avec Condorcet, de “seconde instruction”, la IIIe République d’“universités populaires” et, juste avant la Seconde Guerre mondiale, le philosophe Gaston Bachelard prônait “l’école permanente”. D’autres termes ont connu leur heure de gloire : culture globale, éducation (ou formation) permanente, éducation des adultes, formation continue, éducation volontaire, autoformation, éducation populaire… voire le plus récent “andragogie”, dont le champ linguistique est encore réduit au Québec.
3On l’aura compris, tous ces termes ne sont pas équivalents, chacun d’entre eux référant soit à un domaine singulier de la formation, soit à un objectif social spécifique ou encore à des méthodes développant leur propre cohérence, à l’activité d’une institution ou à des conceptions théoriques particulières.
4En termes d’institutionnalisation, la loi française du 16 juillet 1971 (loi Delors), qui passe pour fondatrice de la formation permanente, apparaît davantage – ce qui ne diminue d’ailleurs pas son importance – comme un épisode réussi de la vie du couple formation-travail que comme un acte vraiment fondateur.
5Dès la fin de la guerre, en effet, Jean Monnet avait insisté sur la nécessité de considérer la formation des travailleurs et, plus largement, des hommes comme l’une des clés principales de la productivité et de la croissance économique, et avait inscrit cet objectif dans le premier plan d’équipement (1946-1950). La Ve République, dans une France reconstruite mais contrainte à s’adapter aux exigences du progrès, s’attacha d’abord à élargir la notion et à coordonner les initiatives de formation destinées aux adultes, dans le but principal de prémunir les travailleurs contre l’insécurité de l’emploi, en les préparant à la mobilité professionnelle. Au bilan de cet effort, la création, en 1963, du Fonds national de l’emploi, puis, en décembre 1966, d’une loi qui constitue une véritable charte de la formation professionnelle. La loi de 1971, issue des accords de Grenelle de 1968, eut le grand mérite de rétablir le travailleur au cœur du dispositif, en lui donnant des droits nouveaux en matière de congé individuel de formation et en organisant l’éducation permanente sur la base d’une coordination renforcée entre l’enseignement technologique, l’apprentissage et la formation professionnelle continue.
6Ce qui caractérise l’histoire de la formation permanente, depuis lors, c’est son intégration dans le paysage institutionnel. La loi de réforme du 24 février 1984 inscrit le dispositif dans le Code du travail et, par ce mouvement, ouvre une approche nouvelle de la liaison formation / travail / emploi qui n’a guère connu de modification importante depuis cette date.