1À l’instar de la santé qui ne se réduit pas à l’absence de maladie, la bientraitance ne saurait se limiter à l’absence de mauvais traitements. Pour déterminer les attitudes et les pratiques suffisamment bonnes à mettre en œuvre avec les enfants, Jean-Pierre Pourtois, Huguette Desmet et Patricia Nimal, du Centre de recherche et d’innovation en socio-pédagogie familiale et scolaire de l’Université de Mons-Hainaut (Belgique), proposent de partir des différents types de besoins qui sont indispensables au développement de l’enfant et appellent certains comportements de leurs parents [1].
2Étroitement associés à la notion d’affiliation, les besoins affectifs de l’enfant sont, outre l’attachement, des besoins d’acceptation – concrétisée par la création d’un espace sécurisant autour de lui – et d’investissement : celui qui correspond aux représentations que les parents se font de son avenir. Les besoins du registre cognitif sont à la base de l’accomplissement de l’individu, expliquent les auteurs. À cet égard, l’enfant a besoin de stimulation et d’expérimentation pour alimenter son désir de grandir ; il a aussi besoin de renforcement et d’informations sur la qualité de sa prestation, pour donner sens à ce qu’il dit ou fait. Le processus d’accession à l’autonomie sociale, quant à lui, implique de répondre aux besoins de communication et de considération de l’enfant, ainsi qu’à ses besoins de points de repère structurants. Les besoins idéologiques, enfin, renvoient à la notion de valeurs. Toutes les pratiques éducatives exprimeront une prétention à atteindre celles auxquelles les parents croient et qui sont présentes dans les réponses que ces derniers donnent aux besoins affectifs, cognitifs et sociaux de leurs enfants, précisent les chercheurs.
3“La bientraitance est à considérer comme un fait multidéterminé”, résument-ils. Autrement dit, s’il est indispensable de lutter contre les carences éducatives – en l’occurrence la non-satisfaction des besoins –, c’est l’ensemble de ces derniers, articulés les uns aux autres, qu’il faut prendre en compte pour parvenir à “l’optimalité éducative”. Celle-ci relève d’un compromis entre deux forces contraires : le trop comme le trop peu – d’attachement, d’acceptation, de stimulation… – ne sont ni l’un ni l’autre favorables au bon développement de l’enfant.
Notes
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[1]
In Bientraitances. Mieux traiter familles et professionnels, sous la direction de M. Gabel, F. Jésu et M. Manciaux, Éditions Fleurus 2000, 454 p., 19,66 euros.