1L’étymologie indique clairement les liens sémantiques qui existent entre les termes de pouvoir, d’autorité et d’institution tels qu’ils sont utilisés, de nos jours, dans le champ de la science politique. Une particularité distingue le troisième de ces concepts, institution, qui désigne à la fois un principe, un processus et, dans une certaine mesure, les outils de ce dernier. Le mot vient du latin, où il signifie d’abord disposition, arrangement, puis méthode, doctrine, système, et enfin, formation, éducation, instruction. C’est par une pratique langagière assez courante d’élargissement de sens qu’il a fini par désigner également les lieux dans lesquels cette éducation est dispensée.
2Dans une autre acception que les sciences humaines, la sociologie en particulier, ont contribué à développer, l’institution réfère au processus fondateur de l’ordre social : on se souvient du courant de recherches autour de l’instituant et de l’institué, dans les années 1970, et, une vingtaine d’années plus tard, dans une tout autre perspective théorique très empreinte de psychanalyse, des leçons de Pierre Legendre sur la fabrique de l’homme occidental et sur le rôle du droit civil, la première des institutions de nos systèmes politiques, dans l’assignation des places respectives des parents et des enfants au sein de la société.
3Le projet annoncé par les concepteurs du numéro 63 de La lettre du GRAPE [1] était “d’attraper le fil de l’instituant et de tenter de le dérouler au regard de ce qui fait réalité actuellement dans les pratiques institutionnelles”. La plupart des institutions qui concernent l’enfant, qu’elles soient matérielles (le collège, l’internat, l’établissement d’éducation spécialisée…) ou symboliques (la famille, la loi, le langage, le père…), sont en effet évoquées au sein de ce dossier, dans leurs aspects fondateurs comme dans leurs aspects organisationnels.
4De cette lecture dont il ne faut pas cacher qu’elle est souvent difficile en raison du degré d’abstraction – certainement nécessaire – de la plupart des démonstrations qui y sont proposées, on retiendra cependant l’actualité régénérée d’une notion qui n’a sans doute pas fini de stimuler la réflexion.
Notes
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[1]
“L’enfant et ses institutions”, La lettre de l’enfance et de l’adolescence, revue du Groupe de recherche et d’action pour l’enfance et l’adolescence, n° 63, Toulouse, Érès, mars 2006.