CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Tenter de dresser un tableau des politiques familiales à l’étranger relève de la gageure tant il est difficile de travailler sur une définition homogène de la question d’un pays à l’autre. On aboutit donc le plus souvent à des descriptions “exotiques” s’attachant à des pratiques parfois étonnantes, mais en général sans grande portée exemplaire, ou à la juxtaposition de procédures réalisant les combinaisons les plus variées du partage de responsabilité entre l’action publique et l’activité privée.

2La démarche suivie par Julien Damon dans le “Que sais-je ?” qu’il vient de publier[1] rompt avec cette tradition dans la mesure où il prend d’emblée le parti d’envisager les politiques familiales européennes (chapitre III), rappelant au passage que l’Union européenne, avec ses 25 membres et ses 455 millions d’habitants, constitue la troisième puissance démographique du monde, après la Chine et l’Inde. Cette approche permet, sans négliger les grandes disparités sociodémographiques qui existent entre les pays de l’Union, de les relativiser.

3S’il n’existe pas de politique familiale cohérente et explicite au sein de tous les pays membres de l’UE, souligne l’auteur, on trouve quand même partout un cadre juridique et des moyens visant trois grands types d’objectifs : la redistribution des revenus, le soutien à la natalité et la promotion de l’égalité hommes/femmes, dont les places respectives dans les dispositifs nationaux reflètent les particularités historiques, religieuses et philosophiques des pays où ils s’observent.

4La règle étant, on le sait, la subsidiarité : c’est aux États eux-mêmes qu’il appartient de donner les orientations et les impulsions aux politiques familiales nationales. Les institutions communautaires ne sont pas pour autant exclues du jeu et elles y tiennent même un rôle qui, pour être limité, n’en est pas moins déterminant, et qui prend de l’ampleur au fil du temps. Certaines de ces dispositions sont indirectes et visent, par exemple, à favoriser l’égalité des sexes ou à encourager la “reprise démographique” en aidant les femmes à concilier vie professionnelle et maternité. D’autres sont plus directes et revêtent un caractère contraignant, comme celles qui concernent l’égalité du statut des enfants nés en et hors mariage.

5L’Union s’attache ainsi à coordonner les systèmes nationaux afin d’éviter les conséquences de la dispersion des législations, avec des règlements déjà en place ou en cours d’élaboration pour harmoniser les règles de conflit concernant les successions, les obligations alimentaires ou le divorce.

6Si l’on ne peut évidemment pas parler d’intégration à marche forcée, il est cependant incontestable que, dans le cadre adopté à juste raison du maintien de la compétence nationale, la construction d’une politique européenne de la famille avance à son rythme.

Notes

  • [1]
    Julien Damon, Les politiques familiales, Paris, PUF, coll. “Que sais-je ?”, n° 3776, nov. 2006. En ligne
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/05/2008
https://doi.org/10.3917/inso.139.0025
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