1Dans l’édition 2005 de son rapport annuel [1] consacré, pour ce millésime, à “l’intervention sociale, un travail de proximité”, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) analyse et évalue la gamme actuelle des formations conduisant aux carrières de travailleur social.
2Quatre filières dites “classiques” sont distinguées, correspondant à des niveaux de V (BEP/CAP) à III (DEUG), conduisant à des activités sociale, éducative, d’aide à domicile et d’animation. À ces formations s’ajoutent, depuis quelques années, de nouvelles filières consacrées aux carrières de l’encadrement et du management d’équipe et de la conduite ou de la gestion administrative de projets. Ce sont des diplômes de niveau II dont la préparation est assurée assez largement dans les établissements de formation sous tutelle du ministère chargé des Affaires sociales, particulièrement les IRTS (Instituts régionaux du travail social), mais aussi au sein des universités et, dans deux cas – celui des éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse et de l’administration pénitentiaire –, dans des écoles d’application dépendant du ministère de la Justice.
3Le jugement que l’IGAS porte sur le dispositif, qualifié de “système de formation fragile et peu perméable”, est relativement critique. Les observations portent d’abord sur la difficulté d’assurer une stabilité, et surtout des possibilités de développement, à des organismes – le ministère en a recensé 313 proposant 676 sections pédagogiques – sous statut d’associations à but non lucratif, sans qu’il existe un financement privé, structuré, par exemple par les employeurs. À cette précarité s’ajoute le fait qu’il n’existe quasiment pas d’articulation entre les formations dispensées dans les centres agréés par le ministère des Affaires sociales et celles qui sont proposées par d’autres départements ministériels. Cloisonnement institutionnel donc, mais aussi, soulignent les inspecteurs, cloisonnement des qualifications, induit par le fait que la spécialisation des filières professionnelles est organisée dès la première année, alors qu’une plus grande fluidité dans les carrières permettrait la mise en place d’une circulation interprofessionnelle des savoirs et des expériences par le biais des évolutions de carrière individuelles. C’est enfin, regrette l’IGAS, un “système clos qui favorise la reproduction”, en raison principalement du poids de la présence des professionnels du secteur à tous les niveaux de la formation. Non que celle-ci ne soit pas légitime mais, aux yeux des inspecteurs, son importance est sans doute trop grande par rapport à celle des savoirs académiques au sein de cursus destinés aussi à développer les capacités d’expertise et le potentiel méthodologique des étudiants.
4Une évolution de ces pédagogies comportant, selon des procédures diverses (intégration des IRTS dans les universités, création d’une filière universitaire de formation de travailleurs sociaux ou transformation des écoles de travail social en écoles d’application recrutant à partir de la licence), une ouverture sur l’université paraît ainsi souhaitable à court terme.
Notes
-
[1]
La Documentation française, janvier 2006, 408 pages, 26 euros (ISBN 2-11-006061-1).