CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Ce que les mères disent à leurs filles est depuis longtemps un secret que les écrivains latins Ovide et Lucrèce évoquaient déjà, sans naturellement le révéler. Une étude réalisée en 2005 par l’institut IPSOS pour le journal Côté femmes permet de lever un peu le voile sur cette question.

2Premier enseignement : la transmission de valeurs et d’enseignements essentiels est une tâche qui est considérée comme plutôt facile par 57 % des mères françaises, 10 % la trouvant même “très facile”. On aura donc compris, par soustraction, que pour un peu plus de 40 % d’entre elles, l’affaire n’est pas facile ; elle serait même “très difficile” si l’on en croit 6 % des répondantes.

3L’analyse plus précise de ces données fait apparaître que l’âge des mères – et par conséquent l’écart avec leurs filles – est un facteur déterminant, les “plus de 55 ans” n’étant qu’un peu moins d’une sur deux à estimer la transmission comme facile, contre près de deux sur trois parmi les “15-35 ans”.

4Si l’on s’intéresse aux valeurs qui sont transmises et à ce qu’elles signifient, l’étude d’IPSOS apporte un démenti aux convictions de ceux qui pensent que les “grandes valeurs traditionnelles” ne passent plus facilement la frontière des générations et que, faute d’autorité, les mères n’en sont plus les vecteurs. Ce sont en effet le “sens de la famille” et le “sens de l’effort” qui sont désignés – à 89 % et 88 % respectivement – en tête de la liste des valeurs que les filles citent comme leur ayant été transmises par leurs mères. Il est à noter que ce résultat ne subit pratiquement aucune variation selon la classe d’âge à laquelle appartiennent les filles, qui ont ainsi répondu à 87 % chez les “15-35 ans”, contre 92% chez les “plus de 55 ans”. Tel n’est toutefois pas le cas d’autres valeurs, comme le “dévouement et le sacrifice de soi”, dont le score chute sensiblement selon qu’on s’adresse aux plus âgées ou aux plus jeunes femmes de l’échantillon.

5Le commentateur de l’étude, Étienne Mercier, souligne le rôle des mères. Ainsi, la très grande majorité des femmes déclarent que leur mère leur a donné le goût de s’occuper des enfants (83 %), d’être indépendantes financièrement (77 %) ou de cuisiner (72 %), mais aussi de se cultiver (64 %)… seul celui de “se faire belle” étant cité de façon minoritaire (44 %).

6Cette reconnaissance du rôle de la mère dans la transmission des valeurs et des goûts génère chez les Françaises un sentiment important de proximité avec cette dernière. Une grande majorité (83 %) de ces filles pensent même qu’avec le temps, elles la comprennent de mieux en mieux, cette opinion étant sensiblement plus fréquente au sein du groupe le plus jeune (87 %) que parmi les plus âgées (77 %).

7En revanche, si 48 % des filles estiment qu’avec le temps, elles “ressemblent de plus en plus” à leur mère, presque autant (42 %) sont convaincues du contraire. Peut-être, conclut l’auteur, y a-t-il là un facteur d’explication : la proximité dans la différence serait à ses yeux le secret d’une relation pacifiée et réussie.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/05/2008
https://doi.org/10.3917/inso.134.0129
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