CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Suzon Bosse-Platière, Accueillir les parents des jeunes enfants, Érès, 2004

1Il existe en France plusieurs dispositifs d’accueil pour les jeunes enfants : crèches, haltes-garderies, foyers des assistantes maternelles. Les modalités de fonctionnement ne sont pas strictement similaires, mais se pose toujours au premier plan l’importance du rapport entre accueillants et familles[1]. Déléguer sa parentalité, même pour un temps restreint, ne va pas forcément de soi. Le dialogue entre familles et accueillants est nécessaire. Les seconds sont censés détenir une compétence assurée par une formation spécifique. Mais comment concilier un savoir objectif et un autre plus subjectif, plus intuitif, puisé aux sources de la sensibilité parentale ? Tous les acteurs arrivent porteurs de leur propre passé. Leurs convictions concernant ce qu’ils appellent une ”bonne éducation” peuvent diverger. De quelle manière dire la loi, fixer les limites ? Comment faire accepter les contraintes inhérentes à toute socialisation ?

2Les problèmes posés aux accueillant(e)s sont forcément différents selon l’âge de l’enfant, selon la modalité d’accueil (collective ou individuelle) et selon le contexte familial (familles monoparentales, couples unis ou conflictuels). La crèche reçoit des enfants très jeunes. Cela peut coïncider avec le passage au biberon, difficile aussi pour la génitrice. Les structures collectives suscitent parfois des antagonismes entre exigences des parents et obligations professionnelles : telle famille abuse du téléphone, manière de se rassurer contre le fantasme de la possible catastrophe, manière aussi, plus simplement, de jeter un regard sur un univers dont les parents se sentent exclus. À l’accueillant(e) de faire comprendre, avec toute la délicatesse possible, que l’insistance téléphonique perturbe l’organisation de son travail.

3Les parents qui choisissent une garde en collectivité expriment souvent par là leur souhait de voir l’enfant se socialiser. Attente légitime. Mais les parents doivent comprendre que les désirs d’un groupe ne sont pas forcément les mêmes que ceux de chaque individu, qu’il faut aménager des conciliations. Gestion du sommeil, de la nourriture, autant de problèmes.

4L’ouvrage de Suzon Bosse-Platière est une transcription fidèle des propos, répertoriés et analysés par rubrique, tenus par les accueillant(e)s. La richesse des échanges et leur spontanéité rendent parfaitement compte de la réalité d’un métier parfois ingrat, pas toujours estimé à sa juste valeur, mais essentiel pour assurer le suivi éducatif des enfants ”confiés”.

Notes

  • [1]
    Ce que montre avec force la recherche-action financée par le ministère des Affaires sociales et la CNAF, menée avec huit équipes de professionnels de la petite enfance de Lyon et de Saint-Priest (2000-2001).
Paule Paillet
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/05/2008
https://doi.org/10.3917/inso.133.0061
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