Laurence Pernoud, J’attends un enfant, Paris, Pierre Horay, 2006.

1Depuis des années, Laurence Pernoud se partage avec Françoise Dolto la faveur et l’attention de nombreux jeunes parents. Moins médiatisée que l’auteur de Quand l’enfant paraît, elle poursuit, depuis maintenant un demi-siècle (la première édition de J’attends un enfant a été publiée en 1955), une carrière discrète mais continue de “super mamie” apte à répondre avec justesse et tact à toute question touchant à la maternité et à ses suites.

2Peu prolixe dans les médias, elle a cependant levé une toute petite partie du voile qui couvre sa vie et son œuvre en indiquant qu’elle s’était engagée dans la voie qui lui a apporté la renommée et la prospérité après avoir constaté, au moment de sa propre première grossesse, qu’aucun ouvrage destiné au grand public n’était disponible sur ce sujet.

3Chez les jeunes femmes, le succès que rencontrent les éditions successives de ses deux ouvrages majeurs, J’attends un enfant et J’élève un enfant, s’explique d’abord par la faculté que ses explications possèdent de rassurer non seulement les futures mères mais aussi les pères, pour lesquels la perspective de la naissance à venir n’est pas moins stressante, surtout si c’est la première.

4L’accompagnement devant l’inconnu n’omet évidemment aucune des dimensions de l’événement réputé heureux, la physiologie, la psychologie, le droit et la sociologie sont intégrés : le conseil est toujours concret, l’explication documentée, l’affirmation référencée, le ton apaisant. La zone d’ombre se réduit à mesure que Laurence Pernoud distille les informations et l’inquiétude se dissipe.

5La seconde raison qui explique le succès de l’école Laurence Pernoud est qu’elle réconcilie la femme avec elle-même en soulignant qu’elle reste femme pendant sa grossesse, qu’elle ne doit pas renoncer, même provisoirement, à être séduisante et qu’elle doit être fière de porter la vie. Si, autrefois, les femmes enceintes cachaient leur état, se cachaient elles-mêmes, elles ont maintenant, et largement grâce aux idées diffusées dans les écrits de Laurence Pernoud, compris qu’elles pouvaient et qu’elles devaient rester actives, au prix, parfois, d’efforts un peu plus soutenus, mais à la portée de toutes, à condition qu’elles soient persuadées de leur utilité.