CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Études et résultats, n° 383, mars 2005

1Il ne suffit pas de mettre des enfants au monde, encore faut-il qu’ils le soient dans les meilleures conditions, en prenant en compte la multiplication des modalités de PMA (Procréations médicalement assistées) et en détectant les risques d’anomalies certaines comme la trisomie 21, en rapport avec le nombre en progression de maternités plus tardives. Il importe donc d’assurer la surveillance de toutes les grossesses. C’est le but des sept visites périnatales fixées par la réglementation depuis 1992, au lieu de quatre auparavant. Des enquêtes nationales effectuées en 1995, 1998 et 2003 permettent aujourd’hui d’avoir une vue de l’évolution de la fécondité et des différents facteurs en jeu. Tout bébé, à la naissance, subit un examen complet qui débouche sur un score APGAR prenant en compte la fréquence cardiaque, la respiration, le tonus musculaire, la réponse aux stimulations, la coloration cutanée, chacun de ces éléments étant coté entre 0 et 2. La proportion des femmes ayant accepté les visites prénatales s’est maintenue à peu près stable depuis 1995, mais leur statut sociologique s’est modifié : on compte plus de femmes ayant un niveau d’études supérieur au baccalauréat (de 32,6 % en 1995 à 42,69 % en 2003).

2Les investigations prénatales peuvent prendre différentes formes : analyse des marqueurs sériques (sang, urine) pour détecter des antécédents génétiques inquiétants, le VIH et surtout les risques de trisomie 21 ; échographies. En cas d’inquiétude, il est procédé à une amniocentèse. À la suite d’une décision de justice rappelant à l’ordre trois médecins pour cause d’IMG (Interruption médicale de grossesse) contestée, l’amniocentèse a suscité une controverse dont une interview au journal Le Monde (27 décembre 2005) a rendu compte. Le docteur Dufflos, pionnier de la médecine fœtale, voit dans cet épisode une tentative régressive et culpabilisante pour les femmes de remettre en cause la politique de contrôle des naissances et de la possibilité de recours à l’avortement. L’amniocentèse ne risque pas de provoquer une fausse couche. On recense moins de 2 cas sur 1 000, dit le docteur Dufflos, qui précise que le taux d’amniocentèse en France (10,8 % en 2003) est inférieur à celui de la Suède (30 %) et de l’Italie (20 %). Renoncer à cet examen serait augmenter le nombre possible de trisomie 21.

3Le tableau de la situation périnatale en France en 2003 reflète aussi des traits culturels généraux. L’âge plus avancé des mères est à mettre en corrélation avec le nombre croissant de prématurés et d’enfants de poids faible à la naissance. Enfin, que les péridurales soient passées de 48,6 % en 1995 à 62 % en 2003 va de pair avec une meilleure prise en compte de la douleur par le corps médical. Médecins et gynécologues continuent à jouer un rôle de premier plan. Celui des sages-femmes reste important : une femme sur quatre a recours à elles pendant sa grossesse. Dans l’ensemble, on peut considérer que la surveillance périnatale, malgré quelques stagnations, reste suffisante et est en amélioration.

Paule Paillet
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Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2008
https://doi.org/10.3917/inso.132.0085
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