CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Importante pionnière de la psychanalyse des enfants, née à Vienne avant de travailler à Berlin et de s’installer en Angleterre, Melanie Klein a notamment élaboré une technique d’analyse par les jeux des enfants, homologue à la technique d’analyse par les rêves des adultes. Dès deux ou trois ans, l’enfant peut réaliser des séquences de jeu sous le regard de l’analyste qui commente les aléas des dessins et des maniements de jouets.

2La pensée kleinienne prend ses fondements dans la théorie de la psychologie des profondeurs mais également dans l’expérience de cette mère de trois enfants, divorcée, qui a voulu intégrer des principes psychanalytiques à l’éducation de ses enfants. S’intéressant aux premières années et aux premiers fantasmes de la vie, l’œuvre souligne la précocité des pulsions chez le nourrisson. Plus généralement, Klein met l’accent sur le développement précoce de la conscience. Spécialiste donc de la vie fantasmatique des tout-petits, elle s’est penchée sur leur univers de cauchemars et d’angoisses, mais aussi d’amours. Un bon maternage peut, note-t-elle, renforcer une aptitude innée à l’amour et à la gratitude plutôt qu’à la perversion…

3Les nouveaux parents se trouvent face aux sourires et aux pleurs de leur progéniture, mais aussi face à des formes de sadisme et confrontés à un fort “besoin de savoir” de la part des enfants (sur leurs origines et sur la nature des relations entre les parents). Ils ne peuvent qu’être étonnés, et parfois déroutés, par la manière dont un enfant construit son monde en rapprochant d’abord les objets extérieurs, ses organes et leurs fonctions.

4La personnalité commence à se structurer extrêmement tôt, et Klein porte attention aux périodes préœdipiennes (avant que l’enfant ne soit “amoureux” du parent du sexe opposé). Elle repère ainsi par exemple que le temps du sevrage est un moment de pulsions destructrices qui vont conduire l’enfant à se détourner de la mère pour aller vers le père. Il n’en reste pas moins que père et mère (“couplés” ou “combinés”) sont, par sein et pénis interposés, mais aussi par ce qu’ils sont, profondément, les noyaux de tout moi et surmoi.

5Le jeune moi combine tout d’abord indistinctement ses deux parents avant de les séparer et de préparer des identifications sexuelles. Pour autant, la mère tient une place toujours particulière, le bébé devant même vivre ce que Klein décrit comme une “position dépressive” pour pouvoir gagner de l’autonomie par rapport à celle qui l’a mis au monde et – très souvent – qui l’allaite.

6L’œuvre et l’expérience clinique de Klein ont fait l’objet de violentes polémiques entre chapelles et cercles psychanalytiques. Ce qui n’est pas rare dans le milieu… Ses travaux ont, en tout état de cause et de dissidence, bien remis en avant le caractère crucial des premiers âges de l’enfant auprès de ses parents, ainsi que le caractère essentiellement archaïque de nos modes de production des symboles (au moins au départ…).

  • La psychanalyse des enfants, 1932.
  • Développement de la psychanalyse, 1948.
  • Psychanalyse d’un enfant, 1947.
Julien Damon
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Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2008
https://doi.org/10.3917/inso.132.0057
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