1La famille se constitue mais plus tard : 28 ans est l’âge moyen des femmes au premier enfant ; un fait qui pèse sur le nombre total d’enfants par femme, en vertu d’un calendrier biologique encore inéluctable. Les mesures prises par les États pour encourager la fécondité visent à rendre plus aisée la vie quotidienne des couples avec jeunes enfants. Agir en faveur de la mère qui travaille, sans mettre de côté le père.
2Dans toute l’Europe, l’âge à la première maternité a reculé de façon significative depuis les années 1960. Alors que, vers 1970, les femmes avaient leur premier enfant avant 25 ans dans la plupart des pays – un peu plus tard (entre 25 et 26 ans) dans la majeure partie de la Scandinavie, et même avant 23 ans dans certains pays d’Europe centrale et orientale –, il est rare, de nos jours, qu’une femme ait son premier enfant dans cette tranche d’âge et elle l’a généralement à 27 ans ou plus. En 1970, l’âge moyen (estimé) à la naissance du premier enfant était d’environ 23,5 ans dans les quinze États membres de l’Union européenne, et il est actuellement de 28 ans, tandis que, dans les dix nouveaux États membres, la moyenne est passée de 23 ans à 25,3 ans. Dans certains pays, le premier enfant naît désormais, en moyenne, lorsque les femmes ont presque 29 ans (ainsi en Italie, aux Pays-Bas et en Espagne), soit quatre à cinq ans de plus qu’il y a trente ans.
3Cet article expose succinctement les principales raisons qui sous-tendent ce décalage du moment choisi pour fonder une famille et ses conséquences sociétales, qui se manifestent sur plusieurs plans (démographique, socio-économique, sanitaire…). Enfin, la dernière partie est consacrée aux implications de la parentalité tardive pour l’action publique.
Âge à la première maternité et nombre d’enfants : mécanisme et explications
4“D’une manière générale, la fécondabilité est faible à l’adolescence, mais elle augmente rapidement pour atteindre un pic entre 20 et 25 ans. Après 25 ans, elle décroît régulièrement jusqu’à devenir nulle à la ménopause”, selon Wood (1994, p. 292). Les courbes montrent qu’après avoir atteint son pic, la fécondabilité diminue lentement jusqu’à l’âge de 30 ans, puis beaucoup plus rapidement, surtout après 35 ans (Te Velde, 1991). Cela coïncide avec une baisse des taux de relations sexuelles, mais il ne s’agit certainement pas de l’explication principale, car plusieurs facteurs physiologiques entraînent la baisse de la fécondabilité naturelle avec l’âge. La probabilité mensuelle de commencer une grossesse aboutissant à la naissance d’un enfant en bonne santé est presque constante de 25 à 30 ans, puis elle commence à diminuer : à 35 ans, elle est d’environ la moitié de ce qu’elle était à 30 ans, et à 38 ans, elle n’est plus que d’un quart. Cela ne veut pas dire que seule la moitié des femmes peut concevoir à 35 ans et seulement un quart à 38 ans. Cela signifie qu’à 35 ans, le délai nécessaire pour concevoir est deux fois plus long qu’à 30 ans, et qu’à 38 ans, il l’est quatre fois plus.
5À l’évidence, dans une grande partie de l’Europe, le décalage de l’âge de constitution d’une famille tend vers des âges qui se situent au-delà de la tranche optimale pour avoir des enfants. C’est particulièrement le cas dans de nombreux pays d’Europe septentrionale, occidentale et méridionale, et dans une moindre mesure en Europe orientale, mais cette dernière montre aussi une tendance au recul rapide de l’âge à la première maternité. On constate une évolution analogue dans d’autres points du globe, comme l’Australie, le Canada et les États-Unis, mais aussi au Japon et dans plusieurs autres pays d’Asie. Même les pays d’Afrique montrent une tendance au recul de l’âge de la maternité, à ceci près qu’il est passé d’une moyenne d’environ 18 ans dans un passé récent à 21 ans actuellement.
6L’évolution montre que dans la plupart des pays d’Europe et aux États-Unis l’âge moyen à la première maternité se situait entre 22 et 26 ans (soit dans une fourchette de quatre ans) vers 1960, entre 22 et 25 ans vers 1970, et qu’ils se situe entre 24 et 29 ans (c’est-à-dire dans une fourchette de cinq ans) à l’heure actuelle. Le fait que les États-Unis restent si loin derrière s’explique majoritairement par la part toujours importante de la maternité adolescente.
7L’élévation de l’âge à la première maternité coïncide avec la chute du nombre d’enfants par femme. Depuis les années 1960, on enregistre un recul du taux de fécondité totale (par l’Indicateur conjoncturel de fécondité – ICF – ou nombre moyen d’enfants par femme) dans la quasi-totalité de l’Europe. À l’instar de l’évolution de l’âge à la première maternité, la diminution de la taille des familles a commencé en Scandinavie, puis a gagné l’Europe occidentale, pour ensuite “voyager” vers la majeure partie de l’Europe méridionale et arriver en Europe orientale à peu près au moment de la chute du mur de Berlin. Toutefois, en Europe centrale et orientale, le passage à l’économie de marché a également joué un rôle crucial dans ces mutations démographiques, car la restructuration économique a apporté son lot d’incertitudes et de bouleversements. Ailleurs en Europe, on pense que la principale explication réside dans la “deuxième transition démographique”, c’est-à-dire dans les “mutations spectaculaires, drastiques, inattendues, sans précédent, tout à fait remarquables et révolutionnaires […] observées dans les tendances démographiques et l’avenir démographique de l’Europe depuis le milieu des années 1960” (Van de Kaa, 1994).
8D’un côté, la notion de deuxième transition démographique, introduite par Ron Lesthaeghe et Dirk van de Kaa en 1986, impose au niveau macro une idée de l’évolution sociétale qui souligne l’importance des mutations dans l’apparition de certains comportements démographiques et dans leur enchaînement, comme le fait de vivre seul, la cohabitation pré- et post-maritale, la fécondité retardée, la fréquence élevée de la fécondité hors mariage et des taux élevés de rupture de la cellule conjugale. Ce point de vue fait l’objet d’un débat, notamment en ce qui concerne la persistance éventuelle des différences entre les schémas de comportement familial et de fécondité dans le nord-ouest de l’Europe – berceau des “nouveaux” modèles familiaux – et les sociétés du sud de l’Europe, d’une part, et dans les pays d’Europe centrale et orientale, de l’autre. Ce débat porte souvent sur la question de savoir si le comportement familial et le comportement de fécondité vont converger vers une “norme” commune, comme celle qui a été fixée par les sociétés considérées comme les plus avancées de la deuxième transition démographique, c’est-à-dire les pays scandinaves (EAPS, 2005).
9De l’autre côté, au niveau micro, la diffusion de cette notion a cristallisé l’attention sur l’importance des évaluations subjectives (et notamment des valeurs) dans la formation, au sein des sociétés, de comportements familiaux et de comportements de fertilité différents. Il existe bien évidemment une corrélation avec la notion d’évolution sociétale, au niveau macro, de deuxième transition démographique (on peut penser que si, dans certains pays, une plus forte proportion de la population partage de “nouvelles” valeurs, une plus forte proportion de la population adopte également de “nouveaux” comportements), même si elle est d’application plus générale. La persistance de vieux schémas comportementaux ou la résistance aux nouveaux comportements peut être liée à la reproduction de certaines valeurs. En outre, il se peut que la corrélation entre valeurs et comportements ne soit pas directe et varie d’un contexte à l’autre (EAPS, 2005).
10Le fait que la chute de la fertilité et l’élévation de l’âge à la première maternité coïncident de la sorte n’est pas le fait du hasard, mais de la logique. Il est évident que si les femmes décidaient tout à coup de différer leur premier enfant, le nombre de naissances au cours d’une certaine période serait moins élevé. À l’inverse, si elles décidaient d’avoir des enfants à un plus jeune âge que la génération précédente, le nombre de naissances augmenterait.
11Les changements de comportement dans une tranche d’âge ont parfois des effets profonds sur le nombre d’événements démographiques (comme la maternité, mais il peut aussi s’agir de mariage ou de décès) pour une certaine période. Étant donné que les ICF conjoncturels les plus fréquemment utilisés sont calculés avec des données propres à l’année civile, ces indicateurs de fécondité sont susceptibles de varier assez fortement d’une année à l’autre, non seulement parce que les femmes peuvent avoir d’autres préférences quant à la dimension de leur famille, mais aussi quant à sa programmation. Il est possible de calculer un autre indicateur de fécondité plus stable : la descendance finale des générations, qui donne le nombre d’enfants mis au monde en moyenne par les femmes d’une certaine cohorte de naissances. Cet indicateur de cohorte suit le même groupe de femmes tout au long de leur vie et, chaque année civile, y sont ajoutés les enfants auxquels ces femmes ont donné naissance. À la fin de la vie reproductive, on obtient la descendance finale. D’une manière générale, on peut dire que les courbes de l’indicateur de la cohorte suivent un tracé beaucoup plus progressif que celles des ICF conjoncturels. En d’autres termes, la descendance finale d’une cohorte peut être interprétée, peu ou prou, comme la moyenne mobile de l’ICF de la période.
12Il va de soi que si les femmes diffèrent leur première maternité, le deuxième et les autres enfants éventuels seront eux aussi différés. Mais pour quelles raisons les femmes ont-elles commencé à différer leur maternité ? Comment peut-on expliquer la deuxième transition démographique ? L’une des raisons les plus évidentes est l’élévation du niveau d’éducation des femmes. Le recul de l’âge à la première maternité s’explique, pour près de la moitié, par le niveau d’éducation plus élevé (Beets et Dourleijn, 2001). Étant donné qu’il existe une durée type entre la fin de l’éducation des femmes et la naissance de leur premier enfant, les femmes les plus éduquées sont, presque par définition, plus âgées à la première maternité que celles qui sont moins éduquées. L’augmentation considérable du nombre de femmes possédant une éducation moyenne et supérieure s’est ainsi accompagnée d’un recul de l’âge à la première maternité. L’autre moitié de l’explication réside dans diverses variables, comme le fait d’avoir un emploi et de parvenir à l’indépendance économique, le fait de vérifier si le partenaire est vraiment la meilleure personne avec laquelle partager la parentalité, et le fait de profiter de la vie et de tout ce qu’elle offre d’intéressant (s’amuser avec des amis, partir en vacances, etc.). Si la contraception “parfaite” empêche les grossesses non désirées, elle dégage aussi du temps pour se demander si on a vraiment envie d’avoir des enfants avec le partenaire du moment ou si ce ne serait pas mieux avec un autre, et même pour se demander si on a tout simplement envie d’avoir des enfants. De surcroît, l’existence de la Procréation médicalement assistée (PMA) donne à penser que le décalage de la maternité importe assez peu, qu’il est toujours possible d’avoir son premier enfant vers le milieu de la trentaine, notamment parce qu’on ne veut généralement pas plus de deux enfants.
13Du fait des niveaux d’éducation plus élevés, du taux d’activité en augmentation et de plusieurs autres arguments que les femmes peuvent développer, on voit maintenant un nombre croissant de femmes d’une trentaine d’années qui n’ont pas de partenaire pour partager la parentalité. La plupart d’entre elles ont eu une ou plusieurs relations (fort probablement en cohabitation), mais n’en ont plus. L’élévation du niveau d’éducation et la liberté d’empêcher les grossesses non désirées ont rendu les femmes plus exigeantes qu’avant et ont également augmenté le nombre de celles qui sont sans relation stable à cet âge-là [1]. En fait, la plupart des femmes n’ont pas envie d’avoir des enfants en vivant seules.
14Enfin, il arrive qu’elles retardent la maternité parce que, même si elles ont un partenaire “parfait”, elles ne sont pas (encore) d’accord avec celui-ci sur le moment pour avoir un enfant et sur les conditions du partage des responsabilités professionnelles et d’entretien de la famille. De même, elles peuvent différer la maternité si celle-ci leur crée des problèmes financiers ou si elles ont des doutes concernant les possibilités d’accès à une crèche ou à une garderie dans leur quartier.
Âge à la première maternité : des conséquences sociétales
15Le recul de l’âge à la première maternité a plusieurs conséquences pour les politiques dans différents domaines sociétaux [2]. Trois types de conséquences – démographiques, socio-économiques et sanitaires – ainsi que quelques autres (dés)avantages sont repérables.
16Conséquences démographiques. Tant que l’âge à la première maternité continue de reculer, le nombre des naissances diminue (par rapport à une situation où ce même âge serait stable). Le faible taux de fécondité est la cause principale du vieillissement de la population. Étant donné qu’un âge plus avancé à la première maternité contribue même à abaisser l’ICF, il renforce le vieillissement de la population et n’est pas étranger à l’amorce plus précoce de la baisse de la démographie. Il se traduit aussi par un creusement du fossé entre les générations, donnant ainsi des grands-parents plus âgés. En outre, il produit davantage de familles sans enfant – délibérément ou non – et est à l’origine d’un plus grand nombre de familles à enfant unique, c’est-à-dire d’enfants sans frères ni sœurs. La fécondité tardive coïncide par ailleurs avec un nombre croissant de naissances avant terme. Le nombre d’enfants prématurés pourrait être précurseur de problèmes sanitaires croissants. À cela s’ajoute le fait que les problèmes de santé graves chez un enfant entraînent parfois le divorce des parents et risquent de contribuer à l’abaissement de l’espérance de vie.
17Conséquences socio-économiques. La fécondité tardive renforce le vieillissement de la population et demande des adaptations de la part du marché du travail. Le taux de dépendance augmente plus vite, mettant ainsi à l’épreuve l’assistance intergénérationnelle (financière). La fécondité tardive renforce aussi le nombre d’hospitalisations : une plus grande quantité de personnes seront absentes du marché du travail temporairement ou pour une durée plus longue, et risquent de souffrir d’une famille “en santé précaire” si les enfants qui y naissent ont besoin de soins tout au long de leur vie. La hausse de la demande de PMA ainsi que l’augmentation des hospitalisations et des soins de santé éventuellement tout au long d’une vie impliquent des dépenses supplémentaires.
18Mais la fertilité tardive a aussi des aspects positifs : puisque les femmes sont plus nombreuses à être diplômées et à travailler quand elles n’ont pas encore d’enfants, il en résulte une productivité et des recettes fiscales accrues, des femmes plus indépendantes sur le plan économique, et une dépense publique légèrement moins élevée pour les soins de santé des nourrissons ainsi que pour la prise en charge et l’éducation des enfants, puisque les générations suivantes sont légèrement moins nombreuses.
19Conséquences sanitaires. Les femmes qui essaient d’avoir un enfant sur le tard doivent faire face à un plus long délai nécessaire pour concevoir, ont plus fréquemment recours à la PMA et, lorsqu’elles sont enceintes, encourent davantage de risques d’avoir une grossesse à problèmes (diabète, hypertension), une fausse couche, un enfant mort-né, une grossesse multiple, un accouchement par césarienne et, plus tard, un éventuel cancer du sein (voir tableau). Dès lors, la fécondité tardive entraîne davantage d’hospitalisations. Les enfants de mères plus âgées présentent plus de risques de prématurité, de mortalité périnatale et infantile, de malformations ou de déficits congénitaux, ces risques accrus étant en partie liés au fait que les grossesses multiples sont plus fréquentes. La fécondité tardive donne plus d’enfants souffrant de handicaps physiques et mentaux. Or une partie de ces naissances peut être empêchée par l’interruption sélective de grossesse.
Tableau - Sélection de risques pour la santé de la mère et de l’enfant en fonction de l’âge de la mère à l’accouchement

Tableau - Sélection de risques pour la santé de la mère et de l’enfant en fonction de l’âge de la mère à l’accouchement
20Autres (dés)avantages. Les enfants nés de parents “âgés” risquent de se plaindre d’avoir des parents qui ont l’air vieux (presque comme des grands-parents), qui n’ont pas une forme physique optimale, et ils peuvent craindre de se retrouver orphelins assez tôt.
21En revanche, par rapport à une maternité précoce (c’est-à-dire à l’adolescence ou au début de la vingtaine), l’avantage de la maternité tardive est que les parents se sentent généralement beaucoup mieux préparés pour avoir des enfants, tant sur le plan physique qu’affectif. Leur décision de procréer est plus souvent délibérée et, en général, ils sont plus à l’aise financièrement pour élever des enfants. Il n’existe en tout cas pas de raison pédagogique de conseiller de s’abstenir d’avoir des enfants après la quarantaine.
L’action publique par rapport à l’âge à la maternité
22Pour adapter les sociétés au vieillissement de la population – qui s’explique essentiellement par un faible taux de fécondité et, dans une moindre mesure, par une espérance de vie plus élevée et une fécondité tardive, mais pratiquement pas par la migration internationale –, de nombreux États investissent dans le relèvement des niveaux d’éducation, dans les incitations à entrer dans la vie active, notamment pour les femmes, et à y rester plus longtemps [3]. L’accès facile à des méthodes de contraception efficaces permet, après la fin des études, d’entrer dans la vie active en étant sans enfant. Le développement de la PMA a nourri l’idée que la fécondité tardive serait toujours possible. Le taux d’activité des femmes entraîne une fécondité à la fois tardive et de faible taux, contribuant au vieillissement de la population. Cependant, si l’âge à la première maternité devait cesser de reculer, on pourrait tabler sur une remontée de l’ICF, tout au moins si la descendance finale des femmes des cohortes de naissances successives ne changeait pas.
23De nombreux gouvernements sont préoccupés par le vieillissement de la population. Pour y faire face, ils cherchent à faire en sorte que les jeunes générations soient suffisamment nombreuses pour renouveler la force de travail. Or, au niveau micro, vie professionnelle et vie de famille sont difficilement compatibles. Dans de nombreux pays, la question de la conciliation des deux vies fait l’objet d’un débat constant. Toutes sortes de mesures sont envisagées pour essayer de créer “l’État-providence parfait” (voir, par exemple, Esping-Andersen et al., 2002). Nombreux sont ceux qui pensent que la Scandinavie est le plus en avance dans ce domaine. Aucune des mesures proposées ne vise spécialement l’âge à la première maternité, et la majorité des débats ne porte pas directement sur le nombre d’enfants, même si l’on entend s’exprimer une préoccupation concernant le faible taux de fécondité. La plupart des gouvernements pensent ou espèrent, d’une manière générale, qu’il y aura “automatiquement” plus d’enfants si l’on parvient à mieux concilier la vie professionnelle et la vie de famille. Les mesures appliquées ou envisagées sont aussi bien l’allongement du congé de maternité et du congé parental, l’augmentation du nombre de crèches et de garderies (avec également des heures d’ouverture de plus grande amplitude), le relèvement des allocations familiales, que des horaires de travail plus souples pour les parents d’enfants en bas âge, ou encore davantage d’emplois à temps partiel ou de travail provisoirement à temps partiel tant que les enfants sont petits. Il s’agit plus précisément de trouver le moyen d’inciter les pères de jeunes enfants à participer plus activement aux tâches ménagères. En effet, cela répondrait à l’une des principales doléances des jeunes mères, à savoir que, contrairement aux accords passés avec leur compagnon, ce dernier ne s’occupe pas assez des soins et de l’éducation des enfants dont elles ont par conséquent la charge.
Au terme du débat…
24De nos jours, le phénomène de fécondité à la fois tardive et de faible taux est répandu à l’échelle européenne. Si le retour au “taux de remplacement” [4] n’est guère probable, on pourrait cependant voir se dessiner un ICF légèrement plus élevé dans un proche avenir, lorsque l’âge à la première maternité cessera d’avancer. Si l’on veut ralentir le vieillissement de la population et accroître le bien-être individuel des familles ayant de jeunes enfants, il serait bon de créer un “État-providence parfait”, dans lequel la conciliation de la vie professionnelle et de la vie de famille serait optimale pour les deux partenaires. Dès lors, le couple n’aura peut-être pas plus d’enfants qu’il ne l’avait prévu initialement, mais la mère pourrait les avoir à un âge légèrement moins tardif car, dans cet “État-providence parfait”, le couple n’aurait plus à discuter pendant des mois et des années pour savoir qui va s’occuper de la famille et à quel moment. ?
NOTES
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[1]
Aux Pays-Bas, 14,1 % des femmes de 30 ans vivaient seules au 1er janvier 1995, et elles étaient 16,5 % dans ce cas dix ans plus tard. En outre, 55 % de ces femmes de 30 ans avaient un enfant en 1995, contre 50 % en 2005.
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[2]
Source de base : Den Ouden et al., 1997.
-
[3]
Source de base : Beets et al., 2000.
-
[4]
Un ICF de 2,1, qui fait que la population reste constante avec le remplacement exact de chaque génération. Même si actuellement, en Europe, de nombreuses femmes aimeraient avoir 2,4 enfants dans des conditions idéales, leur descendance finale va fort probablement se stabiliser autour de 1,8 à 1,9 enfant, et ce pour diverses raisons, comme le divorce (avant la naissance de tous les enfants), la fécondité tardive, le mariage avec une personne qui a déjà des enfants d’une relation précédente et ne veut plus en avoir d’autres, etc.