Yves Grafmeyer, Sociologie urbaine, Paris, Armand Colin, mars 2005, 128 p., 9 euros. Annick Madec, Chronique familiale en quartier impopulaire, Paris, La Découverte, 2002, 186 p., 15 euros
1Tout autant que les urbanistes et les architectes, ses habitants conçoivent et façonnent la ville et, par leurs pratiques sociales quotidiennes, lui confèrent, au fil des années, l’ensemble des propriétés qui la caractérisent.
2Mis en lumière et théorisé dans les années soixante-dix, en particulier par Henri Lefebvre, l’un des fondateurs de la sociologie urbaine, le rôle de ceux que l’on appelle parfois les “acteurs”, pour rappeler qu’ils peuvent être autre chose que des agents passifs, ressurgit dans la recherche après avoir été quelque peu occulté au profit d’approches privilégiant l’action des institutions et des pouvoirs publics.
3On le retrouve ainsi dans le court manuel que Yves Grafmeyer, professeur à l’Université de Lyon-II, vient de publier à La Découverte et dans quelques recherches empiriques dont le travail d’Annie Madec sur une famille vivant dans une cité ouvrière offre un exemple éclairant.
4Se pose toujours la question fondamentale : sait-on vraiment ce que signifie “habiter” ? Réduit à la seule fonction résidentielle, celle du logement et de son adéquation – ou de son inadéquation – aux besoins dits “objectifs” des populations, l’habitat ne suscite guère qu’un intérêt gestionnaire d’aménageur et de promoteur dont l’importance ne peut évidemment pas être niée, mais qui s’épuise rapidement.
5Comprendre la complexité des rapports au logement et des stratégies qu’ils sous-tendent impose donc de resituer les comportements des ménages dans leur histoire résidentielle et familiale. Il s’agit en effet d’une question qui présente des enjeux variés, économiques, patrimoniaux, affectifs et familiaux. Enjeux variés mais aussi complexes autant dans leur nature particulière que dans les relations qu’ils entretiennent les uns avec les autres.
6Il faut donc se réjouir d’enregistrer la renaissance d’une démarche visant à enrichir la connaissance de la ville en légitimant le regard et les sentiments de ceux qui y vivent.