1L’observation du niveau de vie des familles se heurte à de délicats problèmes de méthode qui commencent à se manifester bien avant que débute le décompte proprement dit.
2Il s’agit d’abord de déterminer l’identité de l’objet sur lequel on travaille ; et il est clair que la notion de famille peut prêter à variation d’un pays à un autre selon le contexte culturel. Mais il faut également trouver des indicateurs pertinents – et disponibles – pour l’ensemble des situations nationales envisagées.
3L’outil auquel se réfère Eurostat (Office statistique des communautés européennes à Luxembourg), l’organisme de statistiques européen, est le Panel communautaire des ménages (PCM), un échantillon permanent de familles couvrant les pays de l’Union.
4Le niveau de vie et la pauvreté des enfants européens de 16 ans et moins ont été appréhendés [1] à partir du niveau de vie du ménage auquel ils sont rattachés et des données du PCM. Ces enfants vivent, pour la plupart d’entre eux, avec leurs deux parents et un frère et une sœur. Leur niveau de vie après transfert est en général inférieur au niveau de vie moyen de la population de leur pays, excepté en Finlande, au Danemark et en Grèce.
5L’étude souligne le rôle décisif des prestations familiales et des transferts sociaux sur le niveau de vie des enfants, certains pays (Europe du Nord) consacrant à ces politiques jusqu’à 4 % de leur PIB, d’autres (Europe du Sud sauf Grèce) se limitant à 1,1 %.
6Les enfants des familles monoparentales sont, en termes relatifs, ceux qui bénéficient le plus de ces politiques de soutien, puisque les prestations familiales augmentent en moyenne leurs revenus de 41 %. En dépit de cette aide, ils demeurent les moins aisés, avec des variations importantes d’un type de pays à l’autre.
7Le taux de pauvreté est, quant à lui, plus élevé en moyenne chez les enfants que dans l’ensemble de la population. Cet écart est particulièrement accusé dans les pays du Sud et dans les pays anglo-saxons. Sans surprise, la pauvreté concerne surtout les enfants issus de familles nombreuses et monoparentales ; il y a en revanche moins d’enfants pauvres dans les ménages où au moins un adulte travaille à temps plein. “Toutes choses égales par ailleurs”, souligne l’auteur de la note, les enfants italiens et espagnols ont presque huit fois plus de risques de vivre au-dessous du seuil de pauvreté de leur pays que les enfants danois.
Notes
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[1]
Aude Lapinte, ministère des Affaires sociales, DRESS, Études et résultats, n° 201, “Niveau de vie et pauvreté des enfants en Europe”, novembre 2002.