1Gens du voyage : on les appelle et ils s’appellent eux-mêmes tziganes. Cette dénomination regroupe des populations différentes : les manouches originaires d’Allemagne, les gitans du sud de la France et de l’Espagne, les roms, très minoritaires, d’Europe centrale. Une autre distinction s’impose entre les intinérants, les semi-itinérants et les sédentaires. Le rapport Delamon de 1990 évalue leur nombre à 140 000. Chiffres contestés par leurs associations (entre autres l’UNSAF, Union nationale des associations d’action sociale pour les tziganes, et le MCT, mouvement confédéral tzigane crée en 1992) qui les évaluent à environ 400 000.
2Les sédentaires habitent souvent des HLM (stigmatisés), squattent des terrains illicitement d’où ils sont périodiquement expulsés. Les semi-sédentaires représentent eux aussi une population très fragilisée. Les vrais gens du voyage, ce sont les itinérants : rien dans la législation ne les empêche de se déplacer. Encore faut-il qu’ils disposent entre les étapes d’aires de stationnement. La loi Besson de 1990 promulgue que toute commune de plus de 3 000 habitants doit disposer d’un terrain pour l’hébergement des caravanes, terrain offrant toutes les installations pour l’hygiène, la possibilité d’exercice des activités économiques, la scolarisation des enfants. Sur les petites communes, de terrains officiellement désignés avec un équipement minimal. Un schéma départemental est établi par le préfet, le président du conseil général et les municipalités.
3Ce dispositif semble donc bien “faire du respect de la loi un élément structurant des relations entre institutions et communautés”. Les problèmes posés par le nomadisme sont-ils pour autant résolus ? Mal vécus par leurs administrés, les problèmes de sa mise en œuvre relèvent souvent des maires peu soucieux d’accueillir les gens du voyage, ces gens “sans feu ni lieu”. Que la grande majorité soit de nationalité française ne change rien... Les nomades de leur côté ont tendance à s’installer n’importe où quand ils ne trouvent pas de terrain autorisé, d’où tensions, et parfois recours à la force publique pour les éliminer de la commune. Mais il faudrait 60 000 places pour des caravanes et il n’y en a que 10 000 sur le territoire national. Les schémas départementaux prennent en compte l’évaluation des besoins locaux mais aussi les dispositifs financiers, ce qui risque de poser problème au moment où les communes tendent à regimber devant l’accroissement de leur charge lié à la décentralisation.
4Comment évaluer aujourd’hui la politique d’intégration ? La loi a supprimé le carnet anthropomorphique à relent raciste et l’a remplacé par un titre de circulation. C’est un progrès. Le rattachement à une commune choisie répond au souhait d’une intégration des nomades, mais la possibilité de changer au bout de deux ans a pour conséquence que la plupart d’entre eux ne votent pas aux municipales. La loi Besson échappe-t-elle à une logique sécuritaire ? Elle montre en tout cas combien il est difficile de changer des mentalités ancrées depuis des siècles.