CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Ilana Löwy et Hélène Rouch, La distinction entre sexe et genre – une histoire entre biologie et culture. Paris, L’Harmattan, coll. Cahiers du genre, 2003, 264 pages

1La différence des sexes et les rapports hommes/femmes constituent depuis longtemps des objets d’interrogation dans tous les champs du savoir et de la culture.

2En remplaçant presque systématiquement celle de sexe dans la littérature des sciences humaines, la notion de genre s’est imposée en quelques années et a même pris depuis peu une place importante dans le vocabulaire politique et institutionnel de l’Europe.

3On ne naît pas femme, on le devient”, écrivait Simone de Beauvoir en 1949. Cette formule tant de fois citée - et parfois utilisée avec bien peu de circonspection, en particulier par certains mouvements féministes - constitue le fondement théorique du concept.

4Le terme est apparu aux États-Unis à la fin des années soixante et, de là, s’est rapidement répandu en Europe au début des années soixante-dix. D’abord limitée à l’Histoire et à la Sociologie, elle s’est ensuite étendue aux sciences politiques. En évoquant la différenciation arbitraire qui est faite dans les langues, entre les noms communs “du genre masculin ou du genre féminin”, cette désignation souligne qu’au-delà des différences biologiques considérées comme “naturelles” distinguant les hommes et les femmes que traduisent les notion de “sexe” ou de “rapports sociaux de sexe” communément employées jusque-là, il est possible de rendre compte des rapports sociaux de sexe, c’est-à-dire du contenu culturel et social du féminin et du masculin, des attributs psychologiques, des activités, des rôles et des statuts sociaux de chaque sexe ainsi que des représentations qui sont liées à ces deux valeurs antonymiques mais complémentaires dans l’universel humain.

5Malgré le succès qu’a rencontré le concept et la réalisation, depuis une trentaine d’années, de nombreuses recherches qui, à partir de lui, ont renouvelé l’analyse de la place des femmes, des modèles et des rôles sociaux de sexes, certains auteurs font cependant remarquer que l’utilisation généralisée du mot “genre” ne va pas sans effets pervers et soulignent que l’effet de nouveauté qu’il crée – et dont il bénéficie – peut cacher un évitement de la problématique du rapport de domination entre les sexes et “le camouflage du rôle des femmes dans la reproduction biologique et sociale auquel est liée leur subordination”.

Pierre Grelley
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/06/2008
https://doi.org/10.3917/inso.122.0097
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