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L’idée de s’élever revêt-elle encore une signification aujourd’hui ? Anime-t-elle toujours, et selon quelles modalités, les conduites de nos contemporains comme idéal de vie désirable ? La question appelle d’emblée une réflexion sur la condition humaine qu’entreprend ici Sophie Nordmann, tant notre finitude laisse aussi place à un inachevé qui ouvre sur un horizon de dépassements et de transformations possibles. C’est par l’épreuve du manque et par les ressorts du désir que Jacques Tournier, pour sa part, conjugue l’élévation à notre évolution et aux étapes d’une humanisation désormais sans doute moins travaillée par une intranquillité ontologique et plus sujette à ramener son grandir aux périmètres de la jouissance de la matière et de l’avoir.
Longtemps, pour des raisons religieuses puis d’inspiration plus humaniste, l’Occident a porté ce projet, inspiré aussi par de grandes figures mythologiques (Icare, Sisyphe, Prométhée…), en l’associant à un surplus d’être, à des promesses d’accès à des états et à des biens que l’ici-bas ne pouvait fournir. L’ascension a fait office de véritable topos que l’on retrouve, entre autres, incarné en figures archétypales chez Moïse, Ovide, saint Antoine et les Pères de l’Église, pour témoigner de façon allégorisée du chemin abrupt vers les vertus et le bien, l’absolu et l’éternel. Les sciences, avec la fameuse scala naturae, s’en sont également emparées pour classer les êtres vivants selon leur degré présupposé de perfection et de complexité, et même pour justifier la hiérarchie sociale et la supériorité organisationnelle supposée de certaines sociétés sur d’autres…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 10/01/2023
- https://doi.org/10.3917/infle.052.0009

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