1L’étude des noms, de leur distribution et de leur transmission, constitue un domaine de recherche que les historiens ont pris soin de ne pas négliger, car, au-delà d’un simple acte administratif d’identification, l’attribution d’un nom est avant tout un acte révélateur des systèmes de relation et de pouvoir qui s’installent entre les membres d’une même famille, entre les familles au sein d’une même société, et entre sociétés. L’historien peut en suivre les modulations au cours du temps et les variations dans l’espace. Il est maintenant bien établi que l’apparition du système de désignation actuellement en vigueur trouve ses origines entre le xe et le xive siècle, balayant le système germanique antérieur, qui lui-même avait succédé au système propre à l’Empire romain. Ces changements au cours des siècles ne sont pas le résultat de circonstances fortuites, mais sont largement l’expression de pouvoirs séculiers, d’influences religieuses, ou du rôle économique et social de la cellule familiale. C’est dans ce contexte historique que se situent les travaux sur l’anthroponymie médiévale élaborés à partir de l’exploration de nombreux corpus de noms (chartes, cartulaires, etc.), aussi bien en France qu’en Italie en Espagne ou ailleurs [1].
2Lorsque les modalités d’attribution des noms se stabilisèrent, chacun d’entre eux connotant à la fois une origine géographique et l’appartenance à une lignée familiale, les conditions furent réunies pour que les noms deviennent des marqueurs de la mobilité géographique des personnes : quand un nom, caractéristique d’une région, se retrouve ultérieurement consigné dans une autre région, la probabilité est forte qu’il s’agisse du déplacement du porteur du nom, d’un de ses descendants ou de ses collatéraux. Cette problématique a largement été exploitée par les généticiens des populations et les démographes. On a ainsi pu décrire la diffusion au fil du temps de patronymes flamands ou italiens sur le territoire français, étudier la population de la ville de Trieste en fonction de l’origine géographique et/ou ethnique de ses habitants, ou estimer les origines géographiques des migrants dans les grandes villes françaises [2]. À une échelle nationale, les fréquences patronymiques renseignent sur l’histoire du peuplement [3]. Lorsqu’il est spécifique, le patronyme peut également révéler une origine familiale, du moins en lignée masculine par laquelle se transmet le nom dans les sociétés à transmission patrilinéaire, dominantes dans l’Europe contemporaine, comme c’est le cas en Savoie depuis plusieurs siècles.
3Par ailleurs, la mobilité géographique a été également étudiée en relation avec la propriété foncière. Le mode de transmission de l’héritage peut jouer un rôle important, notamment lorsque le partage est inégalitaire. Lorsque les pays occidentaux connaissent un dépeuplement plus ou moins brutal de certaines zones rurales, au xixe et au xxe siècle, la question a été posée de savoir qui étaient les premiers et les plus nombreux candidats à l’émigration. Les « sans-terre » ont-ils effectivement été les premiers à partir, réalisant une mobilité géographique en même temps, souvent, qu’une mobilité sociale [4] ? A contrario, les propriétaires sont-ils restés sur leurs terres, attachés à des propriétés foncières dont la valeur déclinait ? Ces interrogations s’insèrent dans un débat plus large, qui a notamment été traité dans cette revue, quant à la réalité et à la force de la sédentarité et de la mobilité des populations rurales du passé [5].
4Notre projet est ici de faire le lien entre ces deux démarches : évaluer la mobilité géographique en utilisant simultanément les fréquences patronymiques et la propriété foncière. Une autre originalité de ce travail provient du fait que nous étudions non pas une région d’arrivée, comme cela est souvent le cas dans les études portant sur la mobilité, mais une région de départ. En effet, c’est pour un ensemble de sept communes savoyardes que nous avons établi les fréquences patronymiques à partir des actes de baptême et de naissance, du début du xviiie siècle au milieu du xxe siècle. Nous disposons également du cadastre établi dans les années 1728-1738. Grâce à ces sources, nous tenterons d’estimer la mobilité géographique et de regarder si les noms portés par les principaux propriétaires du début du xviiie siècle connaissent une évolution identique ou différente par rapport aux autres patronymes.
Les moyens de l’étude : population, propriété et patronymes
Connaître la propriété : le cadastre sarde
5Entrepris dès 1697 du côté piémontais, le cadastre de Savoie, dit cadastre sarde, fut dressé entre 1728 et 1730. Réalisation caractéristique d’un État moderne en construction, il révèle une volonté de contrôle de l’espace mais aussi de recherche d’efficacité. Il s’insère parmi les grandes réalisations de Victor-Amédée II, premier roi de Sardaigne : réforme monétaire de 1717, Royales Constitutions de 1723 ou Concordat de 1727. Ce cadastre sarde constitue une des plus anciennes représentations parcellaires d’Europe. Il est postérieur de peu à celui du Dauphiné dont la réalisation a été bien plus laborieuse et problématique, et antérieure au cadastre de la Généralité de Limoges (1750) ou à celui de l’Île-de-France (1783-1786) [6].
6Pour chaque paroisse, nous disposons de deux types de documents : des registres et une carte, appelée mappe. Les premiers registres sont les livres de géométrie, réalisés sur le terrain, l’un par les trabucants et indicateurs et l’autre par le géomètre. Ils énumèrent les parcelles dans l’ordre des numéros portés sur la mappe. Le livre d’estime, rédigé avec l’aide des estimateurs, reprend la description des parcelles en affectant chacune d’un « degré de bonté » et en précisant la nature des cultures et le rendement annuel [7]. La tabelle préparatoire, ou cadastre minute, représente un état plus élaboré car, refondant les données du livre d’estime, il leur adjoint la contenance des parcelles. Mais il les classe cette fois par ordre alphabétique des propriétaires. Le cottet à griefs est un cahier contenant les réclamations formulées par les intéressés lors de l’affichage dans la communauté du cadastre préparatoire. Il est généralement annexé au livre d’estime ou à la tabelle préparatoire. La tabelle alphabétique définitive est constituée par un ou plusieurs registres reliés en parchemin et formés de feuilles du cadastre imprimées très soigneusement et clairement calligraphiées. Elles présentent, par ordre alphabétique des propriétaires, les parcelles que chacun possède en regroupant toutes les indications mentionnées dans les livres précédents. Les mappes sont toutes à la même échelle (1/2400). Réalisées sous forme de rouleaux de papier toilé, aquarellées, elles constituent une magnifique série documentaire [8].
Extrait de la mappe, paroisse d’Ontex

Extrait de la mappe, paroisse d’Ontex
Extrait du livre d’estime, paroisse d’Ontex

Extrait du livre d’estime, paroisse d’Ontex
7Pour chaque paroisse la mappe est établie en une seule pièce, quelle que soit la superficie de celle-ci. Comme on peut le voir sur l’extrait concernant la paroisse d’Ontex, chaque parcelle est identifiée par un numéro qui renvoie aux différents registres. Les parcelles sont aquarellées suivant la nature de chacune, avec des couleurs spécifiques pour les parcelles bâties, les jardins et vergers, les prés ou les vignes, par exemple. Le livre d’estime, comme le livre de géométrie, est dressé dans l’ordre des numéros de la mappe et permet de retrouver rapidement le propriétaire de chaque parcelle. Ainsi, sur le second document, on retrouve la parcelle 32 qui correspond à un pré, et les parcelles 33, 34 et 35, de superficies plus réduites, qui correspondent à des parcelles bâties. On remarque également les chemins, passant de part et d’autre de la parcelle 32, celui de gauche desservant notamment les maisons qui occupent les parcelles 33, 34 et 35.
8Cette source est connue des historiens depuis fort longtemps, et des descriptions critiques et des pistes d’analyse ont été présentées dès la fin du xixe siècle [9]. Paul Guichonnet soulignait, dès le milieu du xxe siècle, l’importance de ces tabelles sardes pour la connaissance de la toponymie et de l’anthroponymie, parlant à ce propos de « livre d’or des familles savoyardes » [10]. Cet auteur envisageait l’établissement de cartes des propriétés à partir des listes alphabétiques des propriétaires. L’exploitation du cadastre sarde a également apporté des éclairages sur les structures sociales dans la Savoie rurale, et, de manière plus récente et très précise, sur la propriété foncière et les fortunes de la noblesse et de la bourgeoisie [11].
9Considéré comme de grande qualité, ce cadastre a toutefois été dressé dans des conditions parfois difficiles, ne serait-ce qu’en raison de la nature montagneuse d’une partie du territoire savoyard. D’autres difficultés ont été rencontrées, telle que la défiance de certains propriétaires, aussi bien nobles que roturiers, face à un enregistrement qui devait, immanquablement, s’accompagner d’un nouveau régime d’imposition. Dans ce contexte, la valeur déclarée des terres est parfois à relativiser, bien que ces estimations aient été faites publiquement. Chaque communauté déléguait un certain nombre de représentants pour assister les fonctionnaires chargés de l’évaluation. D’autres paramètres ont parfois gêné l’opération, comme par exemple l’absence d’actes écrits de propriété, la possession d’un terrain reposant ainsi parfois sur les déclarations de personnes présentes, confirmées par témoins. Peut-être les propriétaires désignés sont-il plus souvent des possesseurs, qui jouissent de la terre, que des propriétaires au sens juridique du terme. L’illettrisme assez généralisé de la population rurale et l’emploi d’un patois local ont encore compliqué la tache des fonctionnaires royaux. Toutefois, les propriétaires étaient probablement alphabétisés dans une plus grande proportion que les autres villageois et aptes à repérer les parcelles sur une représentation cadastrale de l’espace.
10Mais deux autres points rendent difficile l’exploitation de cette source : la fréquence de l’homonymie et celle de la propriété en indivision. Dans de nombreuses paroisses, au début du xviiie siècle, un faible nombre de patronymes est porté par de nombreuses personnes qui peuvent être apparentées de manière plus ou moins lointaines. Si pour les déclarants l’identité de chacun était claire, il n’en va pas de même pour l’historien d’aujourd’hui. Par ailleurs, suite notamment au processus d’héritage, de nombreuses parcelles appartiennent en indivision à plusieurs héritiers. Dans ce cas, les copropriétaires payent solidairement l’impôt. Mais il est bien difficile aujourd’hui d’identifier avec précision qui sont « les héritiers Panisset ». Par ailleurs, dans son analyse sur la propriété noble et bourgeoise, Jean Nicolas soulignait un double obstacle pour une étude de la propriété roturière : l’éparpillement des parcelles et la difficulté d’identifier avec précision les propriétaires roturiers, et plus particulièrement ceux qui appartiennent aux classes populaires. Il suggérait un examen approfondi des tabelles cadastrales, non pas à l’échelle d’une seule paroisse, mais à celle d’un ensemble plus vaste [12]. Autre obstacle à une analyse fine de la propriété foncière à partir de cette source, identifié par Jean Nicolas : la fréquence de l’homonymie et la rareté des avant-noms [13]. Aussi, il apparaît clairement qu’il est délicat de faire une analyse individuelle des propriétaires à partir de cette source. Mais ces obstacles perdent de leur importance lorsque l’analyse ne repose plus sur des individus, difficilement identifiables, mais sur des patronymes [14]. En effet, une analyse patronymique des propriétaires permet de pallier cet inconvénient, puisque toute parcelle est identifiée par un nom de propriétaire. On peut ainsi étudier la propriété relevant de tel ou tel patronyme.
Connaître les fréquences patronymiques : registres paroissiaux et état civil
11Pour connaître le stock et les fréquences patronymiques présentes dans les paroisses étudiées à l’époque de la mise en place du cadastre, nous avons procédé à un dépouillement des registres de baptêmes. Les actes conservés dans les registres paroissiaux savoyards de cette époque sont lapidaires et limités au minimum : date de l’événement, prénom de l’enfant, nom et prénom de son père et souvent de sa mère, nom et prénom du parrain et souvent de la marraine. Insuffisants pour procéder à une reconstitution nominative des familles selon la « méthode Henry », surtout en présence d’une forte homonymie, ces actes permettent toutefois de faire un comptage des patronymes et de calculer les fréquences de ceux-ci [15].
12Nous avons ainsi procédé au comptage du nom des enfants baptisés sur une période de vingt ans, de 1710 à 1729. Cette durée a été voulue assez longue pour éviter qu’un nom présent dans la paroisse n’apparaisse pas dans les actes de baptêmes. Il serait étonnant qu’une lignée féconde ne donne naissance à aucun enfant sur une telle période.
13Dans le but de suivre l’évolution des fréquences patronymiques, nous avons procédé à un autre dépouillement identique pour la période 1810-1829. A cette époque, l’enregistrement des naissances à l’état civil n’existe pas encore en Savoie qui fait partie du Royaume de Piémont-Sardaigne. On reste sous le régime de l’inscription des baptêmes dans les registres paroissiaux, de qualité toujours médiocre.
14Pour couvrir les périodes suivantes, nous disposons de la base de données tenue par l’insee [16]. Après sa création, en 1946, l’insee a mis en place une base de données répertoriant toutes les naissances survenues en France depuis 1891 et dont les sujets étaient encore en vie en 1972. Cette base est incomplète pour les premières décennies observées dans la mesure où les personnes décédées avant 1972 n’y figurent pas. Manquent ainsi, par exemple, les noms des victimes de la Première Guerre Mondiale. Cependant, les fréquences patronymiques ne doivent pas se trouver déformées de manière importante. Nous avons scindé les données disponibles en deux périodes d’observation : 1891-1915 et 1916-1940.
15C’est ainsi, à travers quatre coupes chronologiques, du début du xviiie siècle au milieu du xxe siècle, que nous pouvons suivre une évolution locale des fréquences patronymiques.
L’indispensable lémmatisation des noms
16Les documents anciens sont susceptibles de présenter les patronymes des individus avec un certain nombre de variations orthographiques et de formes dérivées. Toutes les prendre en considération conduirait à de longues listes de patronymes dont certains très proches les uns des autres et pouvant correspondre à de mêmes lignées familiales. Faire des regroupements trop larges conduirait à réduire artificiellement la diversité patronymique et à regrouper des noms correspondant à des lignées familiales non apparentées et à perdre leur spécificité géographique. Cette étape est donc cruciale car lourde de conséquences au moment de l’analyse [17].
17Cette opération a été facilitée par la connaissance approfondie de la région et des documents anciens, qu’il s’agisse des registres paroissiaux ou des matrices cadastrales [18]. Globalement, la philosophie lors de cette étape a été de ne procéder qu’aux regroupements les plus probables, et en tenant compte de la présence des noms dans les différentes sources et aux différentes époques étudiées.
18Par exemple, dans le cadre de la commune de Lucey on a procédé aux regroupements suivants : Dechaux, Dechaud, Deschaud et Dechoux ; Durupti et Durupthy ; Nemoz, Nimoz, Nimoux et Nimoud ; Fillioud et Fillioux ; Guillod et Guillot ; Peisset et Peysset ; Roquille et Rouquille. Par contre, Guigaz et Guigues, Montaud et Montoux, Pouchoir et Pouchoud, qui apparaissent dans plusieurs sources et désignent au xxe siècle des lignées familiales différentes, n’ont pas été regroupés.
19Ainsi, les 248 naissances relevées dans cette paroisse pour la période 1710-1729 et qui faisaient apparaître dans un premier temps 58 patronymes différents ont été regroupées sous 47 noms distincts. Sauf exception, les noms supprimés lors de cette étape n’apparaissaient que dans un petit nombre d’actes de naissance et il a été considéré qu’ils constituaient des variations orthographiques accidentelles. Dans les cas de regroupements patronymiques opérés par nos soins, c’est l’orthographe encore présente au xxe siècle qui a été retenue comme forme standard pour ces noms.
Le choix de la région étudiée : l’avant-pays savoyard
20Cette étude s’inscrit dans le cadre d’une recherche plus vaste qui porte pour l’instant sur un total de 25 communes relevant des départements de la Savoie et de la Haute-Savoie, qui ont toutes fait l’objet d’un cadastre sous le régime sarde. Ici, nous présentons les éléments concernant l’avant-pays savoyard, c’est-à-dire un ensemble de sept paroisses ou communes, situées à proximité du Rhône qui fait frontière avec l’ancienne province française du Dauphiné, région qui correspond pour partie à l’actuel département de l’Isère [19]. Cette micro-région, telle que nous l’avons définie, est constituée d’une petite ville, Yenne, et de six paroisses rurales. Yenne et l’avant-pays savoyard occupent une position géographique originale, constituant une zone de contact avec la France à l’ouest (frontière jusqu’en 1860 [20]), tandis qu’à l’est la Montagne du Chat l’isole du lac du Bourget et de la ville d’Aix-les-Bains. Mis à part la petite ville d’Yenne, qui est au xviiie siècle un gros bourg vivant en continuité économique et sociale avec les villages environnants, il s’agit d’une région rurale tournée au xixe siècle vers la polyculture vivrière. Le mandement de Yenne, qui faisait partie de l’Intendance de Savoie-Propre, intégrait toutes ces communes au xviiie siècle. Durant l’Empire, elles appartenaient toutes au département du Mont-Blanc et au canton de Yenne, sauf Grésin qui relevait de celui de Saint-Genix-sur-Guiers. Il en va de même pour l’appartenance aux cantons actuels [21].

21En l’absence de dénombrements, l’effectif des populations paroissiales au xviiie siècle est difficile à connaître avec précision. D’après les comptages réalisés dans les rôles d’imposition, la ville de Yenne aurait compté 401 feux en 1743 et 1750 habitants en 1775. Billième aurait compté respectivement 47 feux et 285 habitants, Grésin 60 feux et 387 habitants, Loisieux 74 feux et 421 habitants, Lucey 80 feux et 414 habitants. Les données font partiellement défaut pour Ontex (124 habitants en 1776) et totalement pour La Balme.
22Pour le début du xixe siècle, les chiffres produits par les autorités françaises (1792-1815) et par les autorités sardes lors de la Restauration (1815-1860) sont cohérents. Ainsi, au début du xixe siècle, la ville de Yenne compte un peu plus de 2 700 habitants, c’est à dire plus à elle seule que les six villages étudiés dont la population va de 224 à 509 habitants. La comparaison entre les données datant de 1801 et celle de 1901 montre que toutes les communes ont vu leur population diminuer au cours du xixe siècle, y compris Yenne, à l’exception de Lucey.
23Petits par la population, ces villages ont également des superficies limitées, entre 500 et 1 000 ha. La commune de Yenne se distingue par sa superficie sensiblement plus importante. Il en résulte des densités très contrastées entres villages, depuis Ontex, avec moins de 0.5 habitants à l’hectare, jusqu’à Yenne qui a plus d’un habitant à l’hectare (carte 1).
Localisation des communes étudiées

Localisation des communes étudiées
L’avant-pays savoyard au début du xviiie siècle, propriété et naissances
Les fréquences patronymiques au début du xviiie siècle
24Les décomptes réalisés permettent d’obtenir le nombre de baptêmes et le nombre de noms différents attribués aux enfants nouveau-nés.
Nombre de baptêmes et nombre de noms par paroisse, 1710-1729

Nombre de baptêmes et nombre de noms par paroisse, 1710-1729
25Les six villages comptent chacun entre 100 et 300 naissances en 20 ans. Réunis, ils comptent 1 410 naissances, soit un peu plus que la petite ville de Yenne qui en compte 1 297 à elle seule. Les différences sont sensibles d’un village à l’autre en ce qui concerne la « concentration patronymique », c’est à dire le nombre moyen de baptêmes par nom. À Loisieux, par exemple, le nombre de patronymes (28) est restreint par rapport au nombre de naissances (318), reflétant et/ou amplifiant une forte homonymie : sur cette période de vingt ans, en moyenne, chaque patronyme est attribué à onze enfants. Dans les autres villages, c’est plutôt quatre ou cinq naissances homonymes que l’on observe. On peut également mesurer cette concentration patronymique en examinant le poids des principaux patronymes dans l’ensemble des baptêmes. Dans les villages, le principal patronyme regroupe de 11 à 28 % des naissances (valeur minimale observée à Lucey, et valeur maximale à Loisieux). En regroupant les trois noms les plus fréquents on obtient, selon les paroisses, de 28 à 45 % des naissances. Par comparaison, dans la ville de Yenne, le stock patronymique est beaucoup plus vaste (290 noms) et la concentration patronymique est moindre (4,5 naissances par nom), sans que la différence soit très forte par rapport à certains villages comme Ontex ou La Balme. En revanche, le principal patronyme ne concerne que 4,6 % des nouveau-nés et les trois principaux patronymes ne regroupent que 12,5 % des naissances. Ces dernières valeurs sont très inférieures à ce qui est observé dans les villages environnants.
Les trois principaux patronymes relevés dans les actes de baptêmes, 1710-1729

Les trois principaux patronymes relevés dans les actes de baptêmes, 1710-1729
26Un point frappant est que, bien que voisines, ces paroisses possèdent chacune au début du xviiie siècle un stock patronymique personnel et nettement différencié de celui des paroisses voisines. Comme on peut le voir dans le tableau 3, chaque paroisse est caractérisée par des noms fréquents différents. Ainsi, si l’on examine les trois noms les plus souvent trouvés dans les actes de baptêmes, le seul recoupement concerne le nom Rey que l’on trouve en troisième position à la fois à La Balme et à Ontex. Bien entendu, on trouve des patronymes communs à plusieurs paroisses voisines, mais avec des fréquences d’attribution faibles. Cette observation est également vérifiée dans la ville de Yenne, où les principaux patronymes sont différents de ceux qui dominent dans les villages voisins (tableau 3).
Densités et poids des trois principaux patronymes

Densités et poids des trois principaux patronymes
27La mise en relation de l’évolution des densités (tableau 1) et du poids des trois principaux patronymes (tableau 3) montre un lien entre les deux paramètres. L’indicateur patronymique, qui renseigne sur la diversité généalogique des populations, est étroitement corrélé avec la baisse de la densité qui reflète la diminution de la population communale. On peut en conclure que la diminution de la population s’est accompagnée de la disparition de certains patronymes ou du resserrement autour d’un nombre réduit de patronymes.
« Patronymes propriétaires » et « patronymes baptisants »
28On définit ici les « patronymes propriétaires » comme étant ceux mentionnés dans le cadastre sarde, les « patronymes baptisants » comme étant ceux qui apparaissent dans les actes de baptêmes et les « patronymes baptisants et propriétaires » comme étant ceux qui apparaissent dans les deux sources.
Patronyme, propriété et baptêmes au début du xviiie siècle

Patronyme, propriété et baptêmes au début du xviiie siècle
29Plusieurs paramètres peuvent permettre de saisir la relation entre le fait d’être propriétaire et le fait de baptiser un enfant dans la paroisse et la question peut être examinée de plusieurs points de vue.
30Tout d’abord, tous les noms portés par des enfants baptisés sont-ils présents sur le cadastre ? Globalement, on trouve dans le cadastre plus de noms différents que dans les registres de baptêmes. Ceci est exact aussi bien dans cinq des six villages que dans la petite ville de Yenne. Les noms présents à la fois dans les actes de baptêmes et dans les registres cadastraux représentent entre le tiers et la moitié des noms présents dans les registres cadastraux (rapport d/c dans le tableau 4). On peut en déduire que des lignées patronymiques possèdent des parcelles dans des paroisses où elles ne résident pas, ou du moins dans lesquelles elles ne donnent naissance à aucun enfant au fil de vingt années successives. L’étude du cadastre montre que des « patronymes propriétaires » apparaissent souvent dans plusieurs paroisses, avec de nombreuses parcelles dans une et de rares parcelles dans d’autres. Dans ce cas, on perçoit que certains patronymes ont des propriétés qui s’inscrivent dans plusieurs communes contiguës, les propriétés familiales chevauchant une limite communale [24].
31On peut ensuite chercher si les « noms baptisants » sont particulièrement bien représentés en terme de propriété foncière. En d’autres termes, est-ce que les lignées patronymiques qui donnent naissance à des enfants dans une paroisse y sont plus souvent ou plus largement propriétaires que les autres patronymes ? Ceci semble bien être le cas, puisque dans six paroisses sur sept (Grésin fait exception), les « noms baptisants et propriétaires » regroupent entre 70 et 89 % des parcelles, alors qu’elles ne représentent que de 32 à 57 % des baptisés.
32Ce point est confirmé lorsque l’on observe deux classements parallèles, celui des « noms propriétaires » et celui des « noms baptisants » : si l’on fait exception des patronymes de la noblesse, qui correspondent souvent à des gros propriétaires mais sans naissances sur place, les deux classements sont pratiquement identiques. Les noms portés par les principaux propriétaires roturiers d’une paroisse sont également ceux qui apparaissent le plus fréquemment dans les registres de baptêmes [25].
Principaux patronymes apparaissant dans le registre de baptêmes (1710-1729) et dans le cadastre (1728-1730), paroisse d’Ontex

Principaux patronymes apparaissant dans le registre de baptêmes (1710-1729) et dans le cadastre (1728-1730), paroisse d’Ontex
33La paroisse d’Ontex fournit un exemple explicite dans la mesure où la propriété nobiliaire y est peu répandue. Les huit patronymes qui correspondent au plus grand nombre de parcelles répertoriées dans le cadastre sont, pour sept d’entre eux, également ceux portés par le plus grand nombre d’enfants baptisés dans cette paroisse. Ainsi, le patronyme Brondel associe 144 parcelles et 21 baptêmes, occupant le premier rang dans les deux classements. Le second nom le plus fréquent dans le registre de baptêmes, Guigard, occupe le 5e rang dans le classement bâti sur le nombre de parcelles. La correspondance n’est toutefois pas parfaite, puisque le nom Rey, qui occupe le 3e rang du classement des baptêmes n’est qu’au 22e rang du classement des propriétaires. Mais le nom Rey apparaît également dans le cadastre de communes voisines, notamment dans celui de La Balme. La prise en compte de la superficie cumulée des parcelles ne modifie pas de manière importante le classement établi en fonction du nombre de parcelles, la hiérarchie étant respectée pour les six premiers noms du classement.
34On peut donc affirmer que, au début du xviiie siècle, dans chaque paroisse, un nombre restreint de lignées patronymiques représente à la fois une proportion importante des naissances et des parcelles. On peut concevoir que ces lignées patronymiques sont, en ce début du xviiie siècle, particulièrement bien implantées localement. Peut-on dire pour autant qu’elles constituent un groupe particulièrement stable géographiquement ?
Mobilité et disparition des patronymes : propriétaires et non propriétaires
La mobilité patronymique globale
35Dans un premier temps, on peut s’intéresser à la disparition et à la mobilité patronymique globale : parmi les « noms baptisants » du début du xviiie siècle, combien donnent-ils encore lieu à des naissances un siècle plus tard puis au début du xxe siècle ?
Nombre de « noms baptisants » en 1710-1729 et nombre de noms encore présents dans les coupes chronologiques suivantes

Nombre de « noms baptisants » en 1710-1729 et nombre de noms encore présents dans les coupes chronologiques suivantes
La disparition des patronymes

La disparition des patronymes
36Au cours du xviiie siècle on assiste à la disparition, dans le cadre communal, de la moitié des « noms baptisants » relevés dans la période 1710-1729. Dans les villages aussi bien qu’à Yenne les valeurs (rapport b/a) vont de 41 à 49 % de noms encore présents un siècle plus tard. Seul Loisieux fait exception avec 60,7 %. Les « noms baptisants » qui disparaissent sont pour la plupart des noms peu répandus dans chaque commune, et notamment des hapax, c’est à dire des patronymes relevés une seule fois. On remarque toutefois quelques exceptions avec des noms relativement fréquents au début du xviiie siècle et absents par la suite.
37Chaque coupe chronologique voit la disparition d’un certain nombre de patronymes. Il en va ainsi, par exemple, à Lucey des Collin, des Galliard ou des Longe qui donnent naissance à de nombreux enfants au début du xviiie puis encore au début du xixe siècle avant de disparaître des registres de naissances. Si on fait la comparaison à deux siècles d’écart (rapport d/a), on perçoit que ce n’est qu’une petite minorité des « noms baptisants » du début du xviiie siècle qui sont encore présents dans les registres de naissances des mêmes communes au début du xxe siècle. On ne retrouve plus dans les registres de naissance de la période 1916-1940 que 10 à 25 %, selon les communes, des « noms baptisants » du début du xviiie siècle. On observe que la ville de Yenne n’a ni plus ni moins que les villages environnants retenu sur place ces patronymes anciens. La persistance locale sur le long terme, ici un peu plus de deux siècles, n’est donc le fait que d’une minorité de patronymes. Deux facteurs se conjuguent pour produire ce résultat : d’une part la réduction du nombre de naissances et l’extinction de certains patronymes due à l’absence de descendants mâles susceptibles de les transmettre et, d’autre part, la mobilité géographique, par émigration de lignées patronymiques. Bien entendu, le phénomène inverse s’observe avec l’immigration dans ces communes, au fil des périodes, de nouveaux patronymes. Ainsi, les patronymes relevés dans les actes de baptêmes du début du xviiie siècle ne représentent plus qu’une minorité des patronymes présents dans ces mêmes communes deux siècles plus tard. Les valeurs vont de 21 % à La Balme jusqu’à 50 % à Ontex, mais sont comprises entre 21 % et 31 % dans cinq des sept communes observées, dont Yenne.
La mobilité patronymique des « noms propriétaires »
Proportion des patronymes relevés entre 1710 et 1729 parmi les patronymes relevés entre 1916 et 1941

Proportion des patronymes relevés entre 1710 et 1729 parmi les patronymes relevés entre 1916 et 1941
38Nous avons ensuite recherché la permanence ou la disparition des patronymes présents à la fois dans le cadastre et dans les registres de baptêmes et de naissances. On pointe ainsi les noms qui sont simultanément des « noms baptisants » et des « noms propriétaires » au début du xviiie siècle.
39La question est alors de savoir si ces patronymes sont plus ou moins sédentaires que l’ensemble des noms présents dans les registres de baptême à la même période. En d’autres termes, y a-t-il une mobilité différentielle des patronymes en fonction de ce critère social qu’est le fait de posséder des parcelles dans une paroisse ? L’analyse est restreinte aux six villages, excluant la petite ville de Yenne dans laquelle les mouvements d’apparition et de disparition des patronymes sont très nombreux et complexes. En effet, il est difficile d’affirmer que le fait de posséder une parcelle dans la ville correspond à une implantation familiale.
Nombre de « noms baptisants et propriétaires » en 1710-1729 et apparition dans les coupes chronologiques suivantes

Nombre de « noms baptisants et propriétaires » en 1710-1729 et apparition dans les coupes chronologiques suivantes
40Parmi les 119 noms présents à la fois dans les deux sources au début du xviiie siècle et tous villages confondus, un tiers (35,6 %) n’apparaît plus dans les registres de baptêmes du début du xixe siècle et ne sont présents que dans une seule période observée. C’est une disparition importante, mais moindre que pour l’ensemble des patronymes relevés dans les actes de baptêmes de la même période, dont 40 à 50 % disparaissent dans le même intervalle. Si l’on observe la dernière période (1916-1940) on observe que 25 % des patronymes relevés dans les deux sources au début du xviiie siècle sont encore présents. Ce n’est qu’une minorité, mais encore une proportion sensiblement plus importante que pour l’ensemble des « noms baptisants » dont seulement 15 % restent présents sur les quatre périodes. Bien que les effectifs soient très faibles, on peut noter que certains villages, comme Billième, Loisieux et Ontex, montrent un bien plus large maintien des patronymes de propriétaires que de non propriétaires (figure 5). Ce résultat est d’autant plus remarquable que ces villages sont également ceux qui montrent la plus grande diversité patronymique, en terme de poids des trois principaux patronymes (tableau 2). La persistance particulière des noms de propriétaires dans ces villages s’en trouve donc relativement accentuée. Cependant, si l’on peut dire que le fait qu’une lignée patronymique soit propriétaire au début du xviiie siècle n’entraîne pas automatiquement la stabilité du patronyme dans la même paroisse au fil des décennies, elle la rend cependant moins improbable que pour les lignées patronymiques non propriétaires localement, et moins improbable dans certains villages que dans d’autres.
Les patronymes de propriétaires et de non propriétaires

Les patronymes de propriétaires et de non propriétaires
Durée de présence des patronymes portés par les principaux propriétaires du début du xviiie siècle

Durée de présence des patronymes portés par les principaux propriétaires du début du xviiie siècle
41Pour chaque paroisse on a relevé les patronymes correspondant aux plus grands nombres de parcelles, puis on a relevé l’apparition de ces mêmes patronymes dans les registres de baptêmes et de naissances. De nouveau les effectifs sont trop faibles pour être analysés dans le cadre paroissial et communal et on les commentera globalement.
42Parmi les noms portés par les principaux propriétaires, sept n’apparaissent pas dans les registres de baptêmes du début du xviiie siècle. Il s’agit en fait de familles de la noblesse qui ne résident pas dans les paroisses, parfois nombreuses, où elles ont des propriétés foncières. Ces patronymes mis à part, on observe une plus grande stabilité des lignées patronymiques correspondant aux gros propriétaires roturiers, puisqu’une proportion importante d’entre eux apparaît sur les quatre périodes : 19/41, soit près de la moitié. En d’autres termes, les lignées patronymiques correspondant à des gros propriétaires du début du xviiie siècle sont nettement plus stables que les autres, et un lien indéniable peut être établi entre propriété foncière importante et stabilité géographique sur le moyen terme.
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44Dans la mesure où ce travail et sa méthodologie sont originaux, les comparaisons avec d’autres études sont de fait impossibles. Utilisé en génétique des populations, le patronyme permet d’obtenir à moindre coût, notamment par rapport à des prélèvements sanguins, des estimations sur les proximités génétiques entre les individus et leur apparentement. Menées sur de vastes ensembles géographiques les études sont concluantes. Peut-on utiliser les patronymes pour obtenir une approche des flux migratoires et de l’histoire de la population au niveau local ? Les éléments présentés ici nous permettent effectivement d’approcher quelques réalités, telles que l’importance et la chronologie des flux migratoires, par la disparition et par l’arrivée de nouveaux patronymes.
45Cette information, couplée avec un critère socio-économique, le statut de propriétaire, signale une mobilité différentielle selon le fait d’être un gros propriétaire, un petit propriétaire ou un non-propriétaire. D’une certaine manière, ces résultats ne sont pas surprenants, mais encore faut-il disposer des sources et d’une méthode permettant de mettre ce point en évidence. Le dépouillement patronymique des registres de baptêmes et de naissances, couplé avec le dépouillement patronymique du cadastre ancien, a donc ouvert une piste d’approche originale et efficace, sans doute transposable dans de nombreuses régions européennes puisque des sources de même nature existent.
46D’autres travaux sont en cours sur un nombre plus étendu de communes savoyardes, et pour lesquels nous proposons une méthodologie qui permet, par l’étude des répartitions géographiques des patronymes et leurs variations au cours du temps, d’analyser la mobilité des patronymes et, par voie de conséquence, la mobilité des personnes, dans le contexte historique et l’espace géographique particulier de la Savoie, du xviiie à nos jours [26].
Notes
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[*]
Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes, umr cnrs 5190, Université Lumière – Lyon 2 ; Institut des Sciences de l’Homme, 14 avenue Berthelot, 69363 Lyon cedex 07. Guy. Brunet@ univ-lyon2. fr et Dominique. Barbero@ voila. fr.
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[**]
Unité Génétique épidémiologique et structure des populations humaines, inserm u 535 ; Hôpital Paul Brousse – bp 1000 – 94817 Villejuif cedex. Pierre. Darlu@ inserm. fr
Cette recherche a bénéficié du soutien du Ministère à l’Enseignement Supérieur et à la Recherche, aci « Espaces et Territoires », contrat et063. -
[1]
Voir notamment les différents tomes de la collection « Genèse médiévale de l’anthroponymie moderne » publiés depuis 1990 par l’Université de Tours ; par exemple Bourin, 1990 ; Bourin et Chareille, 1995. Voir également Beech, Bourin et Chareille, 2002.
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[2]
Degioanni, Darlu, Poulain et Foulon, 2001 ; Degioanni, Lisa, Zei et Darlu, 1996 ; Breschi, Kalc et Navarra, 2004 ; Degioanni et Darlu, 2001 ; Darlu et Degioanni, 2007.
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[3]
Chen et Cavalli-Sforza, 1983 ; Luchetti, Battisti, Ghisolfi et Solliani, 1989.
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[4]
Parmi une littérature abondante, voir par exemple Derouet, 1995, ou Lorenzetti, 1999.
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[5]
Voir dans cette revue les articles de Croix, 1999, et Dupâquier, 2002, et par ailleurs Poussou, 2002.
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[6]
Voir notamment Esmonin, 1964.
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[7]
Le « degré de bonté » est une évaluation grossière de la valeur de la terre et de son rendement annuel..
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[8]
Tous les documents utilisés sont conservés aux Archives départementales de la Savoie : registres paroissiaux série E (classement interne par nom de communes) et cadastre série C : Billième (C2249-C2255), Grésin (C2951-C2957), La Balme (C2106-C2111), Loisieux (C3146-C3152), Lucey (C3164-C3172), Ontex (C3581-C3586), Yenne (C4800-C4811).
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[9]
Bruchet, 1896 ; Roubert, 1938.
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[10]
Guichonnet, 1955, p. 283.
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[11]
Vermale, 1911 ; Nicolas, 1978.
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[12]
Nicolas, 1978, p. 59.
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[13]
Id., 1966.
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[14]
Ceux-ci pouvant subir des déformations doivent faire l’objet d’une lémmatisation. Cf infra.
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[15]
Fleury et Henry, 1965.
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[16]
Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques. Cet organisme est notamment chargé d’organiser le recensement de la population française. Dans la base utilisée, chaque naissance est identifiée par le nom de l’enfant né, par la commune de naissance et par la date.
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[17]
Darlu, 2004.
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[18]
Barbero, 1979 et 2000.
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[19]
Les communes de Jongieux et Traize qui complètent cette micro-région ont dû être exclues de l’étude en raison des importantes lacunes dans la collection des registres paroissiaux.
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[20]
Le village de La Balme, anciennement appelé La Balme sous Pierre Châtel, présente une histoire administrative particulière. Bien que situé sur la rive gauche du Rhône, il fut cédé à la France, en même temps que le Bugey (rive droite du Rhône) par le traité de Lyon de 1601. Le village fit retour à la Savoie par la convention de Turin du 24 mars 1760 et fut cadastré à cette date.
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[21]
Précisons que cette région n’était pas incluse dans l’étude de Nicolas, 1978.
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[22]
Les densités sont exprimées en habitant par hectare.
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[23]
Ce chiffre date de 1822. En 1801, la population de Billième a été comptée avec celle d’une autre paroisse : Saint-Jean-De-Chevelu. Voir Barbero, 1979, p. 112.
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[24]
Les propriétés des roturiers sont cependant dispersées sur moins de paroisses que les propriétés nobiliaires ou celles de la grande bourgeoisie. Nicolas a ainsi montré que la propriété nobiliaire se répartissait fréquemment sur le territoire de plusieurs de paroisses, parfois une dizaine ou plus : Nicolas, 1978, p.152. Cela n’est pas le cas pour les propriétaires roturiers de la région d’Yenne.
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[25]
Cette analyse repose sur le nombre de parcelles correspondant à chaque nom, dans le cadre de chaque paroisse. Il aurait également été possible de prendre en compte les superficies des parcelles qui sont, bien entendu, très variables. Cela n’aurait pas considérablement modifié les résultats, les petites parcelles étant très nombreuses et les très grandes parcelles appartenant souvent à des nobles ou à des propriétaires forains. En outre, il aurait alors fallu tenir compte du « degré de bonté » de ces parcelles qui reflète plus ou moins la valeur de celles-ci. En règle générale, les meilleures terres (degré de bonté 3) ont une superficie inférieure à celle des terres médiocres (degré de bonté 1). Mais cette règle connaît bien des exceptions : Barbero, 2000, p. 138-144. Dans les communes étudiées, la superficie médiane des parcelles varie de 538 m2 à Lucey à 1501 m2 à Loisieux, la superficie moyenne varie de 1450 m2 à Lucey à 4031 m2 à Loisieux.
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[26]
Darlu, Brunet et Barbero, 2006.