Candidat émergent dans le paysage politique, Éric Zemmour a dû se constituer un électorat en agrégeant différents segments sociologiques et idéologiques. L’analyse géographique permet de mettre au jour les contours de cet électorat composite. S’il a manifestement capté une partie de l’électorat lepeniste, ce phénomène s’est essentiellement cantonné sur le littoral méditerranéen alors que les bastions frontistes du nord et de l’est du pays demeuraient relativement imperméables à l’offre zemmouriste. À côté de cet électorat frontiste du Sud, le polémiste est parvenu à séduire un électorat bourgeois-conservateur, lui ayant ainsi assuré de bons résultats dans les arrondissements de l’Ouest parisien comme dans certaines zones de villégiature. Au total, la carte électorale nous montre que le candidat de Reconquête ! a réalisé une forme d’union de droites, mais en modèle réduit et sur les segments les plus radicalisés. Le phénomène Zemmour restera comme un symptôme supplémentaire du processus de décomposition/recomposition du paysage électoral enclenché depuis 2017.
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Dans le cas d’une force politique émergente, l’étude de son implantation électorale initiale permet de diagnostiquer si nous sommes en présence d’un phénomène totalement nouveau ou s’il s’inscrit au contraire dans un espace politique et idéologique préexistant. Dans laquelle de ces deux configurations nous situons-nous pour ce qui est du zemmourisme ?
La géographie de ce vote est assez hétérogène avec de fortes disparités régionales. Le candidat de Reconquête ! enregistre ainsi ses meilleurs résultats sur le pourtour méditerranéen (avec une intensité plus marquée sur la bande littorale) et en Corse, dans une partie de la vallée de la Garonne (Lot-et-Garonne et Tarn-et-Garonne), dans la grande périphérie lyonnaise (nord de l’Isère, Ain, Rhône), dans une partie de la Bourgogne (Auxois), au sud de l’Alsace, en Sologne, sur le pourtour francilien, et dans certaines campagnes de Champagne-Ardenne.
À l’inverse, dans les Pyrénées et le long d’une diagonale courant du Rouergue à l’extrémité de la péninsule bretonne et du Cotentin, les scores sont inférieurs à 5 % des suffrages exprimés, voire parfois à 3 %. La physionomie générale de cette distribution géographique s’organise de part et d’autre d’un axe Le Havre-Orange-Perpignan, avec des zones de force concentrées à l’est de cette ligne (à l’exception de la basse vallée de la Garonne). Cette géographie rappelle une carte électorale dessinée et désormais consolidée depuis près de trente-cinq ans : celle du vote en faveur du FN/RN…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 24/11/2022
- https://doi.org/10.3917/her.187.0219

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