En 1991, l’éclatement du bloc soviétique a marqué l’effondrement de l’un des deux pôles de l’axe économique, politique et militaire dont l’antagonisme a, pendant plus de quarante ans, tenu en équilibre le système mondial. Cet écroulement a initialement créé les conditions de possibilité pour la rapide augmentation des interdépendances culturelles et des échanges commerciaux à travers toute la Terre, en favorisant la globalisation des flux de communication, des paradigmes de connaissance et des modèles de conduite collective. Ainsi, les bases semblaient avoir été jetées pour le début d’un processus de développement qui, à long terme, aurait pu conduire à l’intégration civilisationnelle de toutes les différentes régions et sociétés de la planète.
Cependant, pour pouvoir se vérifier, ce processus de rapprochement et de conciliation aurait dû s’accompagner de l’acceptation, de l’affirmation et de la sauvegarde d’un polythéisme radical des valeurs.
Le polythéisme wébérien des valeurs (Weber, 1917 ; 1919) est ici revendiqué parce qu’il s’agit d’une approche qui considère comme compréhensible, acceptable et viable la coexistence d’opinions non concordantes dans un même ensemble social. Un point de vue qui rejette l’idée que, à l’intérieur de tous les groupes, il y a toujours une lutte actuelle ou latente pour l’hégémonie. Une perspective qui, en ce sens, conteste toutes les positions, exclusives et unilatérales, admettant et agréant l’hégémonie d’un peuple, d’une institution ou d’un groupe social sur un autre ; qui s’interdit de considérer les micro et les macro-systèmes sociaux comme les lieux d’une guerre incessante pour l’extension généralisée d’une seule façon de voir et de penser…