La relocalisation est un dispositif de politiques publiques dont le but est de sélectionner et transférer des demandeurs d’asile d’un État membre de l’UE à un autre (Lemaire, 2021). Depuis plusieurs décennies, elle est au centre du débat sur les politiques européennes d’asile et d’immigration et elle se manifeste souvent comme le symbole de l’« incommunicabilité » entre les pays de l’UE à ce sujet (Pece et Mangone, 2017). Finalement, en 2015, la relocalisation fait l’objet d’un plan adopté par le Conseil européen, qui prévoyait de déplacer, sur deux ans, 160 000 demandeurs d’asile à partir de l’Italie et de la Grèce vers d’autres États membres. À cet effet, une clé de répartition a été établie ; elle était destinée à déterminer un quota de demandeurs d’asile par État membre suivant quatre critères : le PIB national, la taille de la population, le taux de chômage et le nombre de demandeurs d’asile déjà accueilli. La relocalisation reposait également sur « l’approche hotspots » proposée par la Commission européenne, c’est-à-dire un mode de gestion s’appuyant sur des « centres d’enregistrement » où les personnes étaient placées pendant l’examen de leur dossier, en Italie et en Grèce (Pallister-Wilkins, 2020).
À l’appui de la littérature sur la relocalisation dans le champ des études européennes, l’adoption de la relocalisation peut être lue comme une incommunication qui s’est soldée par un compromis, et sa mise en œuvre comme un glissement vers l’acommunication. Cependant, en s’inspirant des travaux sur les hotspots dans le champ des études migratoires, la relocalisation peut être appréhendée comme étant fondée d’emblée sur une forme d’acommunication…