CAIRN.INFO : Matières à réflexion

L’humanisme juridique qui fait de la personne humaine à la fois le fondement et la fin du Droit trouve, dans la culture des Droits de l’Homme qui articule « le phénomène ouvert » qu’est l’identité européenne, une puissance heuristique. Construction juridique, l’Union européenne se nourrit de notions telle celle des droits de l’homme qui, objets d’histoire et de compromis, appellent explicitations et discussions même si le public semble n’y voir qu’évidence.
« Vous vous êtes donné la peine de naître et rien de plus », disait Figaro à son maître. Frappée du sceau de l’artificialité car « instruite par un discours » (Boulnois, 2021, p. 13), la personne humaine, sujet de droit, ontologiquement fruit de textes normatifs et de décisions de justice qui en font un bénéficiaire sans autre raison que d’être née d’une personne humaine, pourrait aussi être ce privilégié visé par l’œuvre de Beaumarchais. L’autonomie de la volonté à laquelle est associée la qualité de personne humaine joue un rôle matriciel dans la jurisprudence des cours européennes qui double et domine celle des cours suprêmes françaises. C’est une conception de l’autonomie qui soustrait le consentement à toute hétéronomie porteuse de limites et qui pourrait conduire au « tout est permis sadien », livrant chacun à la toute-puissance du désir de l’autre, qui semble se développer dès lors que l’accueil européen de revendications singulières inattentives à leurs effets sur autrui aboutit à une multiplication de droits subjectifs…

Français

La qualité d’auteur s’est développée avec le souci de l’équilibre entre protection/propriété de l’auteur et droit d’accès à l’œuvre du public. Cette considération entre sujets, qui implique des limites au territoire de chacun, doit inspirer la configuration de la qualité de personne humaine. Fondement et fin des droits humains, celle-ci ne saurait faire l’économie de l’attention aux effets sur autrui de l’extension des droits et libertés de chacun, sous peine de livrer la personne humaine à la réification.

  • droits humains
  • droit d’auteur
  • identité européenne
  • réification
  • droits subjectifs
  • objet
Sandra Travers de Faultrier
Sandra Travers de Faultrier est docteur en droit et docteur ès lettres. Elle est diplômée de Sciences Po Paris où elle a enseigné le droit de la propriété littéraire et artistique qu’elle pratiquait en tant qu’avocate. Membre du comité de rédaction des Cahiers de la justice, chroniqueuse pour l’émission La Plume dans la balance sur Amicus Radio, elle est l’autrice notamment de Afin que du réel advienne… quand droit et littérature dialoguent, publié chez Mare et Martin en 2021, Gide. L’assignation à être, aux éditions Michalon en 2005 et Droit et littérature, essai sur le nom de l’auteur, publié aux PUF en 2001.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 27/10/2022
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