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Un vol de Minsk à Varsovie ou de Minsk à Kiev dure environ une heure, de Minsk à Paris, c’est trois heures. Ou plutôt, il durait. Depuis plus d’un an, aucune compagnie aérienne européenne ne se rend à Minsk et presque tous les aéroports du continent sont fermés aux avions de ce pays. « L’Europe a puni les Bélarussiens » : ainsi réagissent beaucoup avec amertume. Le Bélarus, dont une grande partie de la société gardait l’espoir de rejoindre la famille européenne, est aujourd’hui non seulement isolé, mais aussi considéré comme co-agresseur dans la guerre en Ukraine voisine. En réalité, ce pays d’Europe de l’Est est depuis des années sous l’occupation du « monde russe » dont le Kremlin nous a enfin clairement montré le vrai visage.
Comment est-ce devenu possible ? Le problème est que, bien que cette affirmation puisse être difficile à croire, l’empire n’est pas mort. Trente ans après la signature des accords de Białowieża et la disparition formelle de l’Union soviétique, les nombreux conflits militaires sur les territoires des anciennes républiques soviétiques prouvent que Moscou maintient une posture de vengeance. Ainsi, le Bélarus est devenue un véritable tremplin dans ce nouveau cycle de guerre : au cours des deux premiers mois, plus de 600 missiles russes ont été lancés vers l’Ukraine depuis son territoire. Malheureusement, il est fort probable qu’au moment où ce texte sera publié, le Bélarus aura envoyé ses troupes à la guerre. Dans le contexte de l’amitié particulière entre Moscou et Minsk, glorifiée depuis des années par la propagande, il n’était pas difficile de forcer le régime bélarussien à collaborer…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 27/10/2022

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