Il est courant de lire dans la littérature scientifique que l’Union européenne souffrirait d’un « déficit de communication ». Or, pour qui explore cet espace institutionnel dans une approche empirique, ce terme n’est peut-être pas le plus approprié tant cet espace donne à voir une activité de communication débordante et continue. Comme dans d’autres espaces professionnels, celui-ci est également caractérisé depuis une bonne décennie par une technologisation de la communication qui voit l’inscription de plateformes numériques (Gillespie, 2010) dans l’arsenal communicationnel. Si à leur arrivée les attentes étaient élevées, comme peut l’illustrer la teneur des discours d’accompagnement (Breton, 2002) de l’époque qui postulaient (dans une approche souvent très techno-déterministe) que la démocratie européenne serait sauvée grâce aux réseaux sociaux numériques (Roginsky, 2014 ; Roginsky et Jeanne-Perrier, 2014), un peu plus de dix ans plus tard elles ne semblent pas s’être réalisées. Bien au contraire, les plateformes numériques sont désormais suspectées de favoriser la prolifération de « fake news » et la polarisation des débats, tandis que la rengaine du « déficit de communication » continue quant à elle d’essaimer.
Les chercheurs et chercheuses ne sont pas en reste à cet égard. Philippe Aldrin (2010) a montré les médiations entre le monde institutionnel européen et les universitaires dans la construction d’un outil comme l’Eurobaromètre. On pourrait certainement observer de telles médiations…