L’auteur biélorusse Adam Globus a bien cerné en quelques mots la nature des recompositions de l’Europe depuis la chute du mur de Berlin (1989) : le fait que la Communauté économique européenne devienne l’Union européenne (1995) et approfondisse son intégration est certainement un développement majeur, mais c’est bien à l’Est que les changements politiques les plus spectaculaires ont eu lieu. La disparition de l’Union soviétique devait en effet signifier la fin de la guerre froide et une forme de réunification du continent, autour d’une « maison commune » (Mikhaïl Gorbatchev) qu’il s’agissait de construire. Les contours de l’Europe ont alors été redessinés : l’Union européenne a mis en place une politique d’élargissement vis-à-vis de l’Europe centrale, tandis que l’ex-Yougoslavie s’effondrait et que la Russie et les pays voisins restaient en marge de ces évolutions.
Si la guerre est devenue impossible entre deux États membres de l’Union européenne, l’ambition d’exporter la stabilité européenne pour éviter d’exporter l’instabilité du voisinage semble être aujourd’hui un vœu illusoire, en raison des multiples incompréhensions devenues sources d’hostilité entre Europe et Russie.
La portée politique et symbolique de la chute du mur de Berlin en 1989 était multiple : politiquement, elle signifiait la fin de la guerre froide et celle des régimes communistes en Europe ; symboliquement, elle contribuait à changer nos discours, perceptions et représentations de l’Europe, et même plus largement du fait de la résonance mondiale de ces évènements (Parmentier, 2020)…