La pandémie de Covid-19 et les crises multiples qu’elle a déclenchées ont vu naître des arènes diverses d’information, de communication, d’incommunication et de cohabitation au niveau européen, entre les États membres et à l’intérieur des pays. Dans Incommunications européennes, Dominique Wolton rappelle que « communiquer c’est négocier » et « cohabiter » (2017a, p. 4) et désigne le paradoxe que l’Europe qui avait construit son projet politique contre l’incommunication butait finalement sur l’incommunication (2017b, p. 247). Les incommunications européennes caractérisent les rapports entre des niveaux et acteurs différents : entre l’Ouest et l’Est, les relations de l’Union européenne avec la Méditerranée du Sud, les dynamiques à l’intérieur des États membres et avec leur voisinage immédiat (Nowicki et al., 2017, p. 20). Comment ces tendances ont-elles été affectées par la pandémie ?
En mars 2020, le Covid-19 a frappé l’UE et la planète entière de façon inédite depuis un siècle. Assez vite, les spécialistes ont dénoté qu’en comparaison avec les crises précédentes, face au Covid-19, l’UE a démontré des capacités accrues d’adaptabilité et de prise de décisions rapides. « Le nouveau “normal” pour l’UE semble être un état de crise où des décisions urgentes doivent être prises » soulignent S. Wolf et S. Ladi (2020, p. 1031 et suiv.). Cela s’expliquerait par l’apprentissage acquis au cours et entre les crises récentes et aux mécanismes nouveaux mis en place. Cela a été aussi possible grâce à un esprit de coopération : « La pandémie de Covid-19 a rapidement révélé que le virus n’a pas de frontières et que la coopération entre les États membres, ainsi que le soutien des propositions de la Commission européenne par des pays clés comme la France et l’Allemagne, étaient d’une importance primordiale pour l’adaptabilité de l’Union européenne » …