La construction d’un espace européen de l’enseignement supérieur et de la recherche (EESR), en dépit des critiques qu’elle a entraînées tant sur ses finalités que sur ses modalités de mise en place et de gouvernance, est incontestablement une réussite européenne. Il n’est aucun étudiant aujourd’hui qui ne sache que ses diplômes sont reconnus partout en Europe ou qu’il puisse y effectuer une mobilité d’études ou un stage professionnel : le programme Erasmus, fondé en 1987, est considéré comme un symbole de l’Europe ; son 35e anniversaire est d’ailleurs fêté par l’émission d’une pièce de 2 euros commune à tous les pays de la zone. Il n’est également aucun chercheur qui ignore la nécessaire dimension européenne de ses travaux, ne serait-ce que pour une question de financement. Les nombreuses réformes des universités en Europe, même si elles ont parfois provoqué des contestations fortes, ont permis la restructuration de leurs programmes de formation en trois cycles et leur interopérabilité grâce au système des crédits ECTS.
Cette ouverture vers l’Europe, jointe à l’affirmation de leurs valeurs communes, a profondément changé l’image des universités et leur représentation : de spectatrices d’une évolution, elles sont devenues actrices d’un processus de construction d’un espace commun d’enseignement et de recherche, dans lequel elles veulent jouer un rôle essentiel. Elles ont, en conséquence, modifié leur rôle social, économique, voire culturel. Elles ont accompagné une massification des étudiants, permettant à de nombreux jeunes de pouvoir s’insérer dans une économie de la connaissance acceptée et non subie…